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26.06.2023

Du SDG certificate aux rues du Sénégal

Pierre Flecheux, étudiant de l'É>cole d'affaires publiques en spécialité Social Policy and Social Innovation, est actuellement au Sénégal dans le cadre de sa césure, pour continuer à travailler sur un projet initié lors de sa participation au SDG Certificate (aujourd'hui SDG Initiative). Il nous en dit plus sur son parcours et son projet. 

Vous avez participé au SDG certificate l'année dernière, sur le projet enfants des rues au Sénégal. Pourriez-vous nous dire en quoi consistait votre projet ? 

Après mon premier volontariat au Sénégal Oriental, je suis revenu en France avec la volonté de poursuivre mon travail pour les enfants des rues. Au Sénégal, de nombreuses écoles coraniques dites traditionnelles envoient les élèves (les Talibés) mendier pour payer leur scolarité. C’est un problème complexe avec des dimensions religieuses, culturelles, politiques et économiques qu’il convient d’étudier en profondeur pour en saisir tous les aspects. Notre participation au SDG certificate (maintenant SDG Initiative) nous a permis de dresser un tableau plus précis de la situation et de proposer de nouvelles approches. 

Vous avez continué à travailler sur ce projet pendant votre année de césure, pourriez-vous nous en dire plus ? 

Il me semblait important de me rendre sur place pour discuter directement avec les acteurs concernés, des maîtres religieux aux autorités locales en passant par les associations et les enfants. Il va de soi que ce genre de problème ne se règle pas depuis une salle de classe à Paris. En me rendant trois mois à Tambacounda, j’ai pu dresser un état des lieux assez précis de la situation et entamer les discussions avec la mairie pour proposer une nouvelle approche, axée dans un premier temps sur les soins et l’hygiène et non sur l’éducation comme le font habituellement les organisations internationales et les ONG. L’important était de trouver une approche consensuelle pour renouer le dialogue et obtenir des résultats. Bien que l’approche ait été saluée par les différents acteurs et certains ministres, le projet est toujours en attente de financement. 

Quels sont les enjeux actuels concernant les enfants des rues au Sénégal ? 

Commençons par dire qu’il existe des écoles coraniques modernes, encadrées par l'État et à la renommée internationale. Disons ensuite que c’est un phénomène complexe et sensible, qui a des implications multisectorielles. Certains parents confient la charge totale de leur enfant à des chefs religieux sans se soucier réellement de leur devenir, d’autres y voient un système pédagogique qui renforce l’endurance de l’enfant et lui inculque des valeurs d’humilité, d’autres encore y associent la préservation de la culture de l’aumône. Il est important de noter que c’est un phénomène avec des dimensions économiques non négligeables ainsi qu’une dimension transfrontalière qui complexifie le tableau global. 

On estime entre 50 000 et 100 000 le nombre d’enfants des rues au Sénégal et le gouvernement ne parvient pas à endiguer ce phénomène. La situation est critique, j’espère sincèrement que ce sujet deviendra un enjeu central de l'élection présidentielle de 2024 au Sénégal. 

Enfants à Tambacounda, Sénégal © Pierre Flecheux

Quels sont vos projets pour la suite ? 

Aujourd’hui mes projets ont beaucoup évolué, non pas dans leur fond mais dans leur forme. Face au mutisme et à l’immobilisme des autorités sur le sujet, j’ai décidé de créer un compte Tiktok fin novembre 2022 pour essayer de gagner en influence et sensibiliser sur les actions que je menais. Aujourd’hui, mon compte que j’ai appelé “@eh_toubab” a explosé. Je cumule plus de 50 millions de vues et j’approche des 550 000 abonnés. Beaucoup de portes me sont maintenant ouvertes et j’espère montrer que le terme “influenceur” n’est pas aussi réducteur qu’on ne le pense. J’accompagne aujourd’hui un projet culturel qui s’appelle “Mbegté” (joie) pour permettre l’épanouissement et le développement personnel des enfants défavorisés au Sénégal grâce à la mobilisation de célébrités et d’artistes. J’aime présenter le projet comme “Les Enfoirés” sénégalais pour la question des enfants défavorisés. Je compte maintenant me focaliser sur cette initiative pour dénicher des subventions et des financements indispensables au lancement de ce projet aussi ambitieux que prometteur. Le premier concert caritatif devrait avoir lieu en novembre 2023. 

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