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01.06.2022
Ariane Forgues, promotion 2016
Pouvez-vous décrire votre parcours universitaire et professionnel ?
Après avoir vécu à l'étranger jusqu'à 15 ans puis obtenu mon bac à Lille, j'ai directement intégré le Collège universitaire de Sciences Po, où j'ai fait un saut à l'Université de St. Andrews (Ecosse) lors de ma "3A". J'ai ensuite rejoint le double Master affaires européennes proposé par Sciences Po et la London School of Economics.
Une fois diplômée, je me suis lancée dans un projet citoyen assez fou, celui de partir à la rencontre de citoyens dans tous les départements de France pour rassembler leurs propositions pour l'Europe de demain. Cela a pris sept mois et nous avons rencontré près de cinq mille personnes dans les rues, publié un livre sur le sujet et porté les sujets européens dans la presse locale partout où nous allions.
Après un passage en agence de communication, je suis devenue l'attachée parlementaire à Paris du député européen Alain Lamassoure. En 2019, lorsque son mandat s'est achevé, j'ai rejoint l'Assemblée nationale pour agir aux côtés de la députée du Loiret Caroline Janvier.
Quelles ont été les étapes majeures de la construction de votre projet professionnel ?
C'est au cours de ma licence à Sciences Po que j'ai précisé mon intérêt pour les sujets liés à la cohésion de la société. Après une longue hésitation, je me suis tournée vers les affaires européennes plutôt que vers l'urbanisme, deux façons différentes de penser le vivre-ensemble au sein de la Cité. J'ai plongé dans le monde de la société civile pro-européenne grâce à l'association des Jeunes Européens britanniques puis à mon tour de France, Des Europe & Des Hommes. Quand Alain Lamassoure m'a donné ma chance, je l'ai saisie avec enthousiasme sous l'angle de la citoyenneté européenne. J'ai alors commencé à prendre goût à la chose politique, et m'y voici encore à l'Assemblée nationale...
Quelles sont les principales caractéristiques de votre poste en tant qu'attachée parlementaire ?
Côté Assemblée, les collaborateurs politiques ont en commun la multiplicité des missions, le fait de se dédier à un élu ainsi qu'un savant mélange entre l'autonomie et le collectif. La multiplicité des missions, cela se traduit par des thématiques de travail très variées au gré des lois mais également des responsabilités qui peuvent aller de la communication au suivi législatif en passant par le conseil politique. Être dédié à son élu est lié par essence au poste, puisque notre engagement se fait dans l'ombre de celui ou de celle qui a été choisi(e) par ses concitoyens pour les représenter au Parlement. C'est un métier qui exige loyauté, réactivité et sincérité : Iznogoud n'y aurait en aucun cas sa place ! Enfin, travailler à la fois en autonomie et en réseau crée une expérience humaine très forte. Les attachés parlementaires sont des milliers et travaillent pour des centaines d'élus différents, mais il n'est pas rare de rencontrer à l'Assemblée nationale une véritable solidarité entre nous, au sein d'un groupe parlementaire voire au-delà. Cela nous permet, individuellement, d'œuvrer au mieux pour nos députés respectifs.
Vous êtes également engagée dans l'Association des collaborateurs progressistes et avez créé le site Emplois politiques. Dans quel but ?
L'ACP est l'association qui rassemble les collaborateurs de la majorité présidentielle actuelle. En tant que vice-présidente, j'en pilote le pôle Relations de travail, qui inclut notamment l'accueil des nouveaux collaborateurs, l'écoute et le conseil, ainsi que les liens avec la Questure et la Présidence. Notre association vise à animer la communauté de collaborateurs de notre sensibilité politique. Je tiens beaucoup à ce concept de communauté. Pensez, la majorité parlementaire compte près de mille collaborateurs parlementaires !
J'ai créé Emplois politiques en 2019 après avoir constaté qu'il n'existait pas de lieu rassemblant les offres d'emploi dans ce domaine, notamment auprès des parlementaires. Or, sans lieu où diffuser de telles offres, ne reste aux élus que le choix de l'entresoi selon tel ou tel réseau professionnel. Ce qui nuit à la capacité du monde politique de s'ouvrir à des profils plus atypiques et moins classiques dans ce milieu. Aujourd'hui, aux côtés d'Alexandre Renoux avec qui j'anime aujourd'hui le site, nous constatons que les candidats se pressent aux portes. L'enjeu est à présent de continuer à faire connaître le site aux élus grâce au bouche-à-oreille.
Selon vous, quels seront vos prochains défis ?
Le défi principal des collaborateurs parlementaires est de définir la facette de leur rôle de "couteau suisse" qu'ils souhaitent approfondir. En ce qui me concerne, c'est la mission de plume qui a été une véritable découverte.
A l'heure actuelle, ma priorité est de permettre à Emplois politiques de monter en puissance. Le concept de recrutement ouvert gagne du terrain dans le milieu politique mais beaucoup reste encore à faire. Il s'agira donc de profiter des élections législatives pour réaffirmer auprès des nouveaux élus l'intérêt de cette démarche, pour offrir à tous ceux qui le veulent une chance de servir les élus de la République. D'ailleurs, si des élus me lisent, sachez qu'il vous est possible de transmettre votre offre d'emploi directement sur le site !
Quelles ont été les contributions de votre formation à l'École d'affaires Publiques, et plus particulièrement de votre double diplôme avec la LSE, envers la fonction que vous occupez aujourd'hui ?
Etudier les affaires européennes à la fois à Sciences Po et à la LSE m'a été d'une aide précieuse pour concilier gestion des politiques publiques et échelle internationale. L'Union européenne est unique en son genre dans le monde car elle agit de façon concrète sur certains domaines publics, grâce aux directives et aux règlements liés à ses compétences, tout en rassemblant des cultures politiques fort diverses en son sein. Le regard que portent Paris et Londres sur Bruxelles était fort différent avant même le Brexit, et les angles d'approche universitaires s'en ressentaient. Par ailleurs, Sciences Po offre un lien étroit aux étudiants avec le monde professionnel, tandis que la LSE se focalise plutôt sur la recherche académique. Cette double formation est au final fort complémentaire pour appréhender la culture politique européenne.
Auriez-vous un conseil à donner à un ou une étudiant(e), futur jeune diplômé(e) ?
Ne vous censurez pas ! Sciences Po est une école où nous sommes nourris de culture générale et il peut être tentant de se comparer à des jeunes diplômés devenus des juristes, des économistes ou autres. La diversité des enseignements que vous aurez reçus fait votre valeur ajoutée et vous distingue. Faites-vous confiance. A Sciences Po, on apprend à apprendre, et à apprendre vite. N'hésitez pas à entrer en relation avec les anciens élèves qui occupent le poste de vos rêves, et à vous renseigner sur leur parcours. Vous verrez que, comme l'a dit un cinéaste un jour, quatre-vingt pour cent du succès consiste à être au rendez-vous. Qu'avez-vous à perdre ? Lancez-vous.