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Ressources pédagogiques

Lire et faire des cartes/des diagrammes

Benoît Martin
Publié le 16/06/2017

Cette section s’inscrit dans les savoir-faire méthodologiques du collège universitaire. Une version composée avec les illustrations est disponible dans une présentation (pdf).

Nous vivons dans un monde d’images dont le volume et la diffusion sont en croissance rapide (révolution internet/réseaux sociaux, montée du big data, applications plus accessibles, etc.). Par « traitement graphique des données » on entend l’ensemble des opérations qui transforment des informations « lues » (textes, nombres) en images « vues » (cartes, diagrammes, schémas). Ces traitements ne sont pas l’exclusivité d’une discipline (la géographie), ni d’une profession (les cartographes), comme en témoigne l’essor du datajournalisme et des dataviz. Ces visualisations sont une interprétation de la réalité. Elles résultent d’une série de choix, opérés par leur auteur et qu’il faut connaître. Il convient donc de systématiquement exercer un regard critique sur les images.

▾ English version below 


1. [lire] CHERCHER une carte/un diagramme

Formuler sa recherche

Exemple : « la pauvreté dans le monde »

  • Décomposer le sujet en mots clés ou indicateurs précis. Indice de Gini, malnutrition, IDH, nombre de médecins, analphabétisme, accès à l’eau, etc.
  • Et en même temps, instruire la question de façon large. Pauvreté économique, développement humain, sécurité humaine, etc.

Source : Benoît Martin, « Quelles « mesures » pour quantifier la pauvreté ? Les indicateurs produits par les organisations internationales », CERISCOPE Pauvreté, 2012, [en ligne], consulté le 10/10/2017, URL : http://ceriscope.sciences-po.fr/pauvrete/content/part1/quelles-mesures-pour-quantifier-la-pauvrete

Faire le tri dans les résultats

Exemple : « les inégalités mondiales »

  • Distinguer les sources primaires des sources secondaires. L’ONG Oxfam publie une étude dont les estimations sont reprises par la presse.
  • Associer les ressources papier (atlas) et en ligne (cartothèques).

2. [lire] REGARDER une carte/un diagramme

Dissocier le contenu de la forme

Une carte peut être intéressante pour les informations qu’elle contient mais inadaptée par la visualisation choisie, ici, inutilement figurative.

Source : Sida : l’Afrique du Sud retrouve lentement espoir Le Point. Article publié le 30/11/2014 à 18:06 | http://www.lepoint.fr

Repérer, visuellement, quelques grands « types » d’informations

  • Le temps : situation ponctuelle (synchronie) et évolution (diachronie).
  • Les quantités (proportions ou dégradés) ou les qualités (couleurs, symboles différents).
  • Les quantités absolues (nombres et effectifs) et relatives (ratios et %).

3. [lire] ANALYSER une carte/un diagramme

Interpréter le message de l’image

Que montre l’image ? Géographie, contrastes, évolutions, ordres de grandeurs, etc.

S’assurer de la rigueur de l’image

Être vigilant en cas d’absence ou d’imprécision concernant : la source des informations, les auteurs, le titre, la date, la légende, les choix et traitements opérés.

Confronter cette interprétation avec d’autres

  • S’interroger sur la pertinence des informations et sur l’articulation auteur/données/traitement/résultat/message.
  • Se renseigner sur l’auteur, son activité, le contexte historique et/ou idéologique.
  • Croiser avec d’autres cartes/graphiques, d’autres sources, d’autres types de ressources (articles, photos, etc.).

Exemple : la carte du « clash des civilisations » est à lier à la période (fin Guerre de la froide) et aux thèses de l’auteur (Samuel Huntington).

Source : Samuel Huntington, The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order, Simon & Schuster, 1996.

4. [faire] FORMULER la question

La question de départ dépend de l’objectif

  • Introduire/replacer dans un contexte : la visualisation fournit des informations de cadrage et/ou montre la complexité du sujet traité.
  • Apporter des éléments de preuve : la visualisation illustre/soutient une argumentation

Deux approches possibles

Être vigilant en cas d’absence ou d’imprécision concernant : la source des informations, les auteurs, le titre, la date, la légende, les choix et traitements opérés.

Confronter cette interprétation avec d’autres

  • Découper une question large en plusieurs sous-questions qui feront l’objet d’autant de cartes/graphiques.

Exemple des exportations d’armes de la Russie :

  • Conserver une approche englobante à travers une carte de synthèse.

Exemple de la production et commerce mondial de bananes :

Source : cartothèque de l’Atelier de cartographie de Sciences Po. http://cartotheque.sciences-po.fr/

5. [faire] RASSEMBLER les matériaux

Le tableau de données

  • Structurer les données dans un tableur (objets en lignes, variables en colonnes) pour pouvoir ensuite traiter, comparer, visualiser, etc.
  • Conserver les métadonnées (unités, sources, lien internet, date du téléchargement, méthode employée, références scientifiques, etc.)

Le fond de carte

Il doit être choisi en fonction de l’objectif de la carte et des données rassemblées : l’échelle (un cadrage régional ou mondial ne montrera pas la même chose), le centrage (le « point de vue » de la carte, la zone étudiée est souvent placée au centre), la projection (attention : les déformations  et les coupures produisent du sens).

Voir les « fonds de carte » de la cartothèque de l’Atelier de cartographie de Sciences Po.

Source : cartothèque de l’Atelier de cartographie de Sciences Po. http://cartotheque.sciences-po.fr/

6. [faire] TRAITER et VISUALISER les données

Explorer/traiter le tableau de données

  • S’assurer de la bonne comparabilité des données (source, unités, années).
  • Repérer puis questionner les valeurs maximum, minimum, nulles et manquantes.
  • Puis, éventuellement, opérer des calculs simples : distribution de la série (moyenne), taux (%, par habitant), évolutions dans le temps (ratio), soldes (différence).

Choisir la visualisation

Cartes (lorsque la dimension géographique est disponible)

– proportion et ordre, exemple des paradis fiscaux

– ressemblances/différences, exemple du Traité de Westphalie.

Diagrammes (si les données sont parcellaires ou sélection)

– diagramme ordonné, exemple des premières firmes

– courbes d’évolution, exemple de la population chinoise

7. [faire] CHOISIR UN OUTIL

En fonction de l’image souhaitée et des compétences

  • Crayonner à la main est parfois plus efficace et plus rapide.
  • Opter pour le logiciel/l’application simple et paramétrable.

Exemple d’outils : Khartis, une application libre et gratuite pour faire des cartes ou un tableur (Excel, Google sheet) pour faire des graphiques.

8. [faire] Composer un HABILLAGE RIGOUREUX

Des informations incontournables

Car elles seules permettent d’apprécier la rigueur scientifique de l’image produite, il faut donc être exhaustif et précis.

Source : cartothèque de l’Atelier de cartographie de Sciences Po. http://cartotheque.sciences-po.fr/

Éléments à figurer

  • Titre : toujours précis, plutôt court (qu’il soit descriptif ou problématisé),
  • Légende : classement des figurés, graduation des échelles/des axes, unités, année,
  • Source : organisation ou auteur, publication, lien internet, année, date d’extraction,
  • Crédits : auteur, copyright, et organisme/contexte de création, date de réalisation
Exemples : carte historique (espace islamique au XIIIe siècle), carte statistique (flux de passagers aériens) , graphique (remises des migrants).

Reading and making maps/diagrams

This section falls within the methodological skills of the Undergraduate College. An illustrated version is available in a PDF presentation.

We are living in a world of images, the volume and dissemination of which are rapidly increasing (internet revolution/social media, rise in big data, more accessible applications, etc.). By « graphic data processing » we mean all operations that transform « read » information (text, numbers) into “seen” images (maps, diagrams, schemas).
This graphic processing is not exclusive to a single discipline (geography), nor to a single profession (cartographers), as demonstrated by the rapid rise of data journalism and dataviz.
These visualizations are an interpretation of reality. They are the result of a series of choices made by their author and which one should be aware of. It is therefore essential to systematically look at such images with a critical eye.


1. [reading] LOOKING FOR a map/diagram

Formulate your research

Example: « poverty in the world »

  • Break down the subject into key words or precise indicators. 
    Gini index, malnutrition, HDI, number of doctors, analphabetism, access to water, etc.
  • And at the same time, examine the question on a broad scale.
    Economic poverty, human development, human safety, etc.

Source: Benoît Martin, « Which “measurements” to quantify poverty?  The indicators produced by international organizations », CERISCOPE Poverty, 2012, [online], consulted 10/10/2017, URL: http://ceriscope.sciences-po.fr/pauvrete/content/part1/quelles-mesures-pour-quantifier-la-pauvrete

Sort through the results

Example: « global inequality »

  • Distinguish primary sources from secondary sources.
    The NGO Oxfam publishes a study and the estimates of the study are used by the press.
  • Combine paper resources (atlas) and online resources (map libraries)

2. [reading] LOOKING AT a map/diagram

Separate content from form

A map can be of interest because of the information it contains but unsuitable because of the visualization chosen, in this case, pointlessly figurative.

Source: « Sida: l’Afrique du Sud retrouve lentement espoir, » Le Point. Article published 11/30/2014 at 6.06pm | http://www.lepoint.fr

Visually locate major « types » of data

  • Time: temporary situation (synchrony) and evolution (diachrony).
  • Quantities (proportions or grading) or qualities (colors, different symbols).
  • Absolute quantities (numbers and group size) and relative quantities (ratios and %).

3. [reading] ANALYZE a map/diagram

Interpret the image’s message

What does the image show? geography, contrasts, development, orders of magnitude, etc.

Ensure the image is faultless

Beware of incomplete or imprecise information concerning the source, the authors, title, date, key, choices and processing performed.

Compare this interpretation with others

  • Question the relevance of the information and the structuring of the author/data/processing/result/message.
  • Find out about the author, his/her activity, the historical and/or ideological context.
  • Cross-reference with other maps/charts, other sources, other kinds of resources (articles, photos, etc.).

Example: the « clash of civilizations » map should be linked to the period (end of the Cold War) and to the author’s theses (Samuel Huntington).

Source: Samuel Huntington, The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order, Simon & Schuster, 1996

4. [making] FORMULATE the question

The initial question depends on the objective

  • Introduce/replace within a context: the visualization provides framing information and/or shows the complexity of the subject addressed.
  • Provide elements of proof: the visualization illustrates/supports a line of argument.

Two possible approaches

  • Break down a broad question into several sub-questions that will each have their own maps/graphics. 

Example: Russian weapons exports

  • Maintain an inclusive approach using a summary map.

Example: world banana production and trade

5. [making] GATHER the materials

Data chart

  • Structure the data in a spreadsheet (objects in rows, variables in columns) to then enable processing, comparison, visualization, etc.
  • Save the metadata (units, sources, internet links, download date, method used, academic references, etc.).

The base map

It must be selected according to the objective of the map and the data gathered: the scale (a regional or global framing won’t show the same thing), the centering (the « point of view » of the map, the area studied is often placed in the center), the projection (beware: distortion and clipping produce meaning).

See the « base maps » in the Sciences Po Cartography Workshop map library.

6. [making] PROCESS and VISUALIZE the data

Explore/process the data chart

  • Check the comparability of the data (source, units, years).
  • Locate then question the maximum, minimum, null and missing values.
  • Then, possibly, perform simple calculations: distribution of the series (average), rate (%, per inhabitant), development over time (ratio), balance (difference).

Choose the visualization

Maps (when the geographical dimension) is available

– proportion and order, tax havens example

– resemblances/differences, the Treaty of Westphalia example.

Diagrams (if data is fragmented or a selection)

– vertical axis diagram, leading multinationals example

– development curves, Chinese population example.

7. [making] CHOOSE A TOOL

Depending on desired image and skills

  • Drawing by hand is sometimes more efficient and quicker.
  • Opt for simple software/applications that are configurable.

Tool example: Khartis, a free application for drawing maps, or a spreadsheet such as Excel, Google Sheets to produce charts.

8. [making] Design a meticulous LAYOUT

Essential information

This alone enables us to appreciate the scientific rigor of the image produced, so you must be thorough and precise.

Elements to include

  • Title: always precise, keep it short (whether descriptive or problematized),
  • Key: hierarchy of symbols, graduation of scales/axes, units, year
  • Source: organization or author, publication, internet link, year, date of retrieval
  • Credits: author, copyright, and organization/context of creation, date of production.
Examples: historical map (spread of Islam in the XIII century), statistical map (air passenger flow), graph (migrant remittances).