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29.04.2024

Libérer le potentiel économique de la zone euro : le discours du président de l'Eurogroupe

Le ministre Paschal Donohoe et Francesco Saraceno à Sciences Po le 12 mars 2024 (crédits : Kathleen Burke / DFAE)

Mardi 12 mars 2024, l'École d'affaires publiques et la Paris School of International Affairs (PSIA) ont accueilli le ministre Paschal Donohoe, président de l'Eurogroupe, la réunion mensuelle des ministres des finances des États membres de la zone euro, qui assure la coordination de leurs politiques économiques. Il est le ministre irlandais des dépenses publiques, de la mise en œuvre du plan de développement national et de la réforme. 

La conférence, animée par le professeur Francesco Saraceno, économiste et directeur adjoint de département à l'OFCE-Sciences Po, a d'abord porté sur les réponses de l'Europe aux crises de ces dernières années et sur sa résilience aux chocs. 

A trois mois des élections européennes, le ministre Paschal Donohoe a dressé un bilan des défis auxquels l'Europe a fait face durant le cycle législatif qui s'achève. En l'espace de cinq ans, l'Europe a dû répondre à une pandémie, une guerre et un très fort niveau d'inflation entraînant une crise du coût de la vie. Dans ce contexte, l'Europe a réagi avec unité et solidarité, qu'il s'agisse des vaccins contre le COVID-19 et des fonds de relance et de résilience (750 milliards d'euros), de l'assistance à l'Ukraine (88 milliards d'euros), ou du soutien aux ménages et aux entreprises (1,6 % du PIB de la zone euro). Les politiques économiques budgétaires comme monétaires ont été coordonnées, et grâce à ces mesures, parmi lesquelles des décisions fiscales, des aides sociales, des subventions et des hausses de taux d'intérêt, l'économie de la zone euro est parvenue à se développer en dépit de la crise. L'Union Européenne a maintenu un marché du travail solide, avec un taux de chômage à un niveau historiquement bas (6 % en janvier 2024), et a réussi à faire baisser l'inflation passée de 8,5 % il y a un an à 2,6 % en février 2024. 

Le ministre Paschal Donohoe (credits: Kathleen Burke / DFA)

Après avoir dressé ce bilan, le ministre Donohoe a fait part de ses réflexions sur l'avenir des réformes financières et économiques en Europe et dans la zone euro, en les inscrivant dans une perspective de long terme. 

Il a détaillé les trois priorités qui guident le travail des ministres membres de l'Eurogroupe : 

  • La coordination, soit le travail commun visant à assurer la cohérence des politiques économiques et la croissance, et également à rétablir les finances publiques à un niveau viable en réduisant le déficit (de 3,6 % en 2022 à moins de 3 % cette année). Il a évoqué les réformes ambitieuses à venir du cadre économique de la gouvernance de l'Union Européenne, et a fait part de ses prévisions concernant les indicateurs économiques de la zone euro : le PIB devrait atteindre 1,5 % en 2025. 
  • La compétitivité, le renforcement de la position de la zone euro dans l'économie mondiale, notamment par le développement des marchés de capitaux européens pour garantir l'accès au capital pour les entreprises. 
  • L'avenir de notre monnaie, dans une perspective d'élargissement de la zone euro, et la conviction que l'euro est au cœur de la sécurité économique et de la stabilité financière de la zone euro. 

Après la présentation, une grande partie de la conférence a été consacrée à de riches échanges avec les étudiants de Sciences Po, au cours desquelles le ministre Donohoe a exposé sa vision de l'avenir de la zone euro. 

Questions-réponses pendant la conférence avec le ministre Donohoe (credits: Kathleen Burke / DFA)

Il a fait part de son espoir que d'ici 50 ans, l'euro devienne une monnaie mondialement reconnue pour la transition verte, à la manière dont le dollar a été la monnaie de référence pour le pétrole. Après avoir présenté l'accès à l'énergie verte comme un enjeu de sécurité économique, il a donné son point de vue sur la faisabilité du découplage, qui doit dépendre du prix du carbone et des sources de l'approvisionnement en énergie, et sur l'importance d’élargir autant que possible l’échelle de découplage. 

Le ministre Donohoe a également répondu à des questions concernant la possibilité de développer des emprunts communs pour l'Europe et les travaux en cours sur l'accord fiscal international de l'OCDE, y compris la mise en œuvre d'un taux d'imposition effectif minimum de 15 % et l'attribution de droits d'imposition.

Tout au long de la conférence, il n'a cessé de réaffirmer sa confiance dans le potentiel économique de l'Union européenne, tout en donnant un aperçu du travail de l'Eurogroupe, qui est de répondre aux défis d'aujourd'hui tout en dessinant l'Europe de demain, une Europe à la pointe des transitions vertes et de la numérisation. 

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