Accueil>Europe : 2 alumni nommés "jeunes talents franco-allemands"

03.10.2023

Europe : 2 alumni nommés "jeunes talents franco-allemands"

Boris Jaros : l’amitié franco-allemande a toujours été un fil conducteur de mes engagements.

Les gouvernements français et allemands ont lancé en janvier 2023, à l'occasion des 60 ans du traité de l'Élysée, le réseau “Génération Europe - jeunes talents franco-allemands”. Ce réseau est piloté par l'Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ).

Une première promotion d'une vingtaine de jeunes actifs dévoués au développement des relations franco-allemandes a déjà pu assister à deux rencontres : la première lors du lancement du programme les 21 et 22 janvier 2023 à l'Élysée et la deuxième en juillet 2023 à Dresde au sujet de la transition écologique. 

Hanna Hennes-Rauth : cette double culture m’a toujours accompagnée dans ma vie privée et professionnelle.

Sciences Po compte deux de ses alumni - Hanna Hennes-Rauth et Boris Jaros - parmi les heureux élus. Sans surprise, ces deux bilingues franco-allemands attachés à l'amitié entre les deux pays mais aussi au projet européen ont effectué leur bachelor sur le campus de Nancy et sa mineure Union européenne, partenariat franco-allemand.

Interview de deux diplômés brillants qui travaillent aujourd'hui pour l'une dans le domaine de la santé (aux affaires gouvernementales) et pour l'autre dans le secteur de la finance (au cœur de l'eurosystème).

Qui êtes-vous ? Quel a été votre parcours à Sciences Po ?

Hanna Hennes-Rauth : J’ai 33 ans et je suis une ancienne étudiante du campus de Nancy (promotion 2012). Ayant grandi entre la Moselle et la région de l’Eifel, près du Luxembourg et de la France, le franco-allemand a été une réalité vécue. Cette double culture m’a toujours accompagnée dans ma vie privée et professionnelle.

Aujourd'hui, je travaille chez Sanofi - une entreprise française avec des racines allemandes - où je suis notamment responsable des affaires gouvernementales. Je m'occupe ainsi des relations économiques entre la France et l'Allemagne, mais aussi des thématiques liées à la santé de façon plus globale.

Pendant mon master à l'École des affaires internationales (PSIA) de Sciences Po, programme International Public Management, j'avais choisi Sanofi pour mon stage de troisième année du fait de son importance économique en Europe et je n'ai plus quitté l'entreprise depuis. De 2015 à 2017, j'ai eu la chance de travailler pour Sanofi à Vienne, puis à Berlin jusqu'à aujourd'hui.

Boris Jaros : J’ai 30 ans et j’ai grandi dans l’espace transfrontalier à Strasbourg en tant que binational et bilingue franco-allemand. Je suis aujourd'hui cadre de direction à la Banque de France à Paris, où j’ai d’abord travaillé dans une équipe européenne de supervision, sous l’égide de la Banque centrale européenne. Depuis juin 2023, j'interviens auprès de l'Autorité bancaire européenne en tant qu’expert national détaché sur les risques climatiques et la finance durable, sujets toujours plus prégnants au niveau européen et international. J’enseigne par ailleurs les politiques européennes en classe préparatoire et je suis aussi président d'une association en faveur de l’engagement citoyen et de la mobilité des jeunes en Europe.

Compte-tenu de son enseignement trilingue et européen, le bachelor de Sciences Po sur le campus de Nancy s’est imposé comme une réelle continuité depuis le lycée international des Pontonniers de Strasbourg et sa section ABIBAC. Après ma 3A en Allemagne et une année de césure professionnelle entre Paris et Berlin, j’ai ensuite intégré le double diplôme de master en politiques publiques de l'École d’affaires publiques de Sciences Po et de l’université Bocconi à Milan. Deux stages plus tard, l’un au cabinet du ministre de l’Intérieur et l’autre à l’OCDE, je passais le concours de la Banque de France pour commencer ma vie active au cœur de l’eurosystème.

C'est évident, l’amitié franco-allemande a toujours été un fil conducteur de mes engagements, notamment dans l’idée de contribuer, à mon niveau, à la construction européenne - un projet de paix historique et unique ! 

2e et 3e en partant de la gauche : Boris Jaros et Hanna Hennes-Rauth. (crédits : DR)

Vous avez été tous deux sélectionnés comme “Jeunes Talents Franco-Allemands” par le programme Génération Europe, en quoi consiste cette distinction ?

Hanna Hennes-Rauth et Boris Jaros : 

Cette distinction représente une opportunité incroyable. En effet, comme l’explique l’Office franco-allemand pour la Jeunesse qui pilote le programme, les membres de "Génération Europe“ sont des jeunes talents de moins de 35 ans engagés en faveur de l’avenir des relations franco-allemandes dans un contexte européen. Chaque année, la promotion se compose d’une vingtaine de jeunes issus de tous secteurs.

Notre promotion participe à trois rencontres au cours de l’année - en France et en Allemagne. Des échanges et des travaux sont conduits entre ces temps forts ainsi qu'un dialogue privilégié avec des experts, personnalités et structures établies. Outre le renforcement des compétences interculturelles et de la connaissance du pays voisin, chaque promotion a l’opportunité de mener une réflexion approfondie sur la manière de concevoir des thèmes d’avenir (par exemple, la question du changement climatique). Les différentes promotions constitueront un réseau d’alumni qui soutiendra les relations franco-allemandes sur le long terme.

Notre  première promotion des jeunes talents franco-allemands a participé à une rencontre le 21 et 22 janvier 2023 à Paris. Dans le cadre des 60 ans du traité de l’Élysée, nous avons  pu échanger avec les chefs d’État, des secrétaires d’État et les ambassadeurs de France et d'Allemagne. Des moments forts, jusque dans les salons de l’Elysée face au Président de la République français et au chancelier allemand !

En juillet 2023, nous avons eu la chance de présenter les premiers résultats de nos travaux au président fédéral allemand Frank-Walter Steinmeier. Les prochaines rencontres auront lieu courant octobre. Le résultat de nos travaux reste à définir, mais nous espérons bien alimenter le débat public franco-allemand et faire bouger les lignes !

Rencontre à l'Élysée en janvier 2023 de la première promotion des jeunes talents franco-allemands en présence du président de la République Emmanuel Macron. (crédits : OFAJ)

Défendez votre campus : quels souvenirs gardez-vous du campus de Nancy ?

Boris Jaros : Je garde des souvenirs très positifs du campus de Nancy, tant d’un point de vue académique que social et culturel. Des amitiés fortes se sont nouées pour la vie dans un cadre tout à fait unique, en français comme en allemand, ou simultanément dans les deux langues, entre franco-allemands, franco-autrichiens ou franco-suisses !

Je garde le souvenir d’enseignements passionnants en trois langues et d’associations dynamiques permettant de développer dès la première année de réelles compétences professionnelles. En particulier, je retiendrais la participation à la traditionnelle simulation des institutions européennes que constitue Eurocosmos (dont je n’ai retrouvé l’équivalent, en termes d’ambition et de qualité, qu’au Collège d’Europe à Bruges), les voyages d’études à Strasbourg, Bruxelles, Berlin et Vienne (pour une découverte concrète des institutions nationales, communautaires  et internationales dont ces grandes capitales européennes sont le siège), et naturellement, les compétitions sportives et artistiques de fin d’année que sont les Collégiades (avec une tendresse tout à fait personnelle pour l’équipe de rugby) ! 

Hanna Hennes-Rauth : Comme Boris, je garde des souvenirs riches et positifs du campus de Nancy. Cette forte communauté nancéenne a créé des amitiés, des liens pour la vie. 

D'un point de vue académique, j'ai apprécié les enseignements d'ouvertures, des cours qui allaient plus loin que les discours classiques des sciences politiques. Ils m'ont ouvert de nouveaux horizons et stimulée intellectuellement de manière prégnante et personnelle. La perspective franco-allemande et européenne m'a aussi fortement marquée. Ce qui est très beau, c'est que le programme Génération Europe nous permet aujourd'hui de poursuivre notre engagement et notre passion pour l'amitié franco-allemande.

Je garde également de très bons souvenirs de la vie du campus. Gagner les Collégiades à Nancy en 2010 fut un moment inoubliable !