Critique internationale - Sommaire

Editorial
5-6

 

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Thema
Thema - L’anthropologie des organisations internationales
Sous la responsabilité de Birgit Müller

Du point de vue des acteurs locaux, les interventions des organisations internationales apparaissent souvent contradictoires et incompréhensibles. Si elles affichent de grands principes moraux et prônent l’engagement pour l’émancipation et l’égalité devant le droit, leurs projets et leurs normes entretiennent une relation complexe avec les États et les intérêts économiques privés. Les anthropologues étudient comment les institutions internationales impliquent des acteurs individuels et collectifs dans l’élaboration des politiques, absorbent les critiques, tentent de neutraliser les conflits et de créer de nouveaux champs politiques, en collusion ou en concurrence avec les acteurs locaux et les gouvernements nationaux.

Thema
Comment rendre le monde gouvernable sans le gouverner : les organisations internationales analysées par les anthropologues
Birgit Müller
9-18

 

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Thema
Une salle, plusieurs sites : les négociations internationales comme terrain de recherche anthropologique
Regina Bendix
19-38

Cet article traite des dimensions du travail ethnographique sur les terrains complexes que sont les institutions internationales et leurs différentes instances, en particulier au sein du système des Nations unies. Le but est de compléter la florissante littérature anthropologique sur les Nations unies et l’Union européenne par une réflexion sur les méthodologies spécifiques nécessaires et praticables sur ce type de site. Sur la base d’un travail de terrain accompli à l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, l’auteur présente des manières possibles de traiter la complexité du terrain en recherche internationale. La compréhension des paramètres ethnographiques de ce site particulier permet de mieux saisir la dynamique de la négociation et des organisations internationales.

Thema
La fabrique des normes internationales sur la protection des réfugiés au sein du comité éxecutif du HCR
Marion Fresia
39-60

Le comité exécutif du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés adopte chaque année par consensus des Conclusions sur la protection des réfugiés, considérées comme des standards universels dans le domaine de l’asile. Ces Conclusions font parties de ces multiples recommandations internationales qui façonnent ce que certains appellent aujourd’hui un ordre juridique transnational et qui contribuent à spécifier aux États ce que devraient être la « bonne » attitude à avoir envers les populations vivant sur leurs territoires. À partir d’une approche ethnographique, cet article analyse la manière dont ces normes globales se fabriquent, en amont, au sein de réseaux d’experts transnationaux et de forums multilatéraux. Quels sont les acteurs qui participent à leur définition et à partir de quels cadres d’action et de réflexion ? Comment sont-elles ensuite négociées par des diplomates aux positionnements et représentations fondamentalement divergents ? Comment, en définitive, l’universalité et le consensus sont-ils socialement construits ?

Thema
Les peuples autochtones aux Nations unies : un nouvel acteur dans la fabrique des normes internationales
Irène Bellier
61-80

Il est ici question de la façon dont les représentants des peuples autochtones construisent les principes d’une reconnaissance comme sujets collectifs de droits, depuis la scène des Nations unies et sur la base d’un mouvement international dans 90 pays. Faiblement structuré mais efficace en termes d’alliances stratégiques, ce mouvement a obtenu en 2007 que la communauté internationale se dote d’un instrument juridique : la Déclaration des droits des peuples autochtones. Pour être morales, et parce qu’elles peuvent avoir des conséquences politiques, financières et juridiques, ses dispositions sont susceptibles d’induire des transformations importantes dans le champ du politique, de la gouvernance et de l’autonomie. L’impératif de la participation aux activités des Nations unies a permis la formation d’un « nous, peuples autochtones », structuré un espace de revendications qui déborde l’institution et relié la scène des droits de l’homme aux autres domaines de politiques publiques. En contribuant à la fabrique des normes, cet acteur politique multicéphale s’est doté sur la scène internationale d’une voix collective, capable de résoudre les tensions inhérentes à la dispersion spatiale, à la fragmentation linguistique et à l’atomisation politique. Cette formation internationale interroge, au regard des décalages observés localement dans les modes d’identification et de classement étatiques comme dans les expériences politiques et économiques.

Thema
Comment l’État et la Banque mondiale gèrent les déplacements de populations à Mumbai
Shalini Randeria, Ciara Grunder
81-99

Dans la conduite des affaires publiques des pays qui empruntent au FMI et à la Banque mondiale, on constate, d’une part, une transnationalisation de l’État et, de l’autre, l’entrée d’acteurs non étatiques supra- et infranationaux dans l’élaboration et l’application des normes non contraignantes et des politiques publiques. Il s’ensuit notamment une diffusion du pouvoir, une dilution des responsabilités et une incertitude juridique due à la pluralité de normes concurrentes de différentes origines. Cette évolution a des effets ambivalents sur la souveraineté de l’État et l’exercice de la citoyenneté, car les politiques publiques sont négociées entre des organisations financières internationales et l’exécutif national, sans délibération parlementaire ni débat public. Les citoyens, mis dans l’incapacité d’influencer l’élaboration ou la mise en œuvre de ces politiques publiques, portent leur contestation sur le terrain juridique, que ce soit devant les tribunaux nationaux ou des instances internationales comme la Commission d’inspection de la Banque mondiale. À partir de données ethnographiques réunies dans le cadre d’un projet d’infrastructure urbaine financé par la Banque mondiale à Mumbai, certains aspects de ce phénomène sont décrits pour analyser les chevauchements de souveraineté et l’émiettement des droits du citoyen ainsi que la pratique judiciaire toute pragmatique des habitants des bidonvilles en quête de justice.

Varia
Les « révolutions » arabes
Eberhard Kienle
103-117

La puissante onde de révolte non violente qui se propage dans tout le monde arabe depuis la fin 2010 a modifié la situation politique de ces pays dans une mesure sans précédent depuis des décennies. Les autocrates de Tunisie, d’Égypte et de Libye ont été balayés et la plupart de leurs collègues restent confrontés à différents types et degrés de contestation. Pour autant, à l’exception peut-être de la Tunisie, les difficultés réelles auxquelles se heurtent ces régimes autoritaires ne signifient pas (encore) leur fin. La façon dont les choses se déroulent sur le terrain, la contestation d’en bas, les réactions d’en haut, l’évolution de chaque régime reflètent fidèlement l’histoire et la « nature » de chaque État. Elles mettent aussi à dure épreuve les postulats très critiqués, mais banals, sur l’action collective en général et dans les contextes arabes en particulier. D’un autre côté, le caractère fort limité jusqu’ici de la transformation des régimes conforte en partie les présupposés récemment contestés sur la résilience et la longévité de l’autoritarisme dans les États arabes. Les bouleversements récents, qu’ils soient ou non destinés à déboucher sur de véritables révolutions, font sélectivement écho aux thèses sur la modernisation et montrent la pertinence toujours fraîche des idées tocquevilliennes.

Varia
Multiculturalisme et construction identitaire au Chili (1990-2011)
Cecilia Baeza
119-143

Cet article s’intéresse à trois sujets ethniques émergents au Chili – les Afro-descendants, les Diaguitas et les Palestiniens – à travers leurs organisations respectives. Ces associations ont la particularité d’être apparues dans l’espace public au moment « t+1 » des politiques multiculturelles au Chili, lesquelles ont été mises en œuvre dans les années 1990, comme dans le reste de l’Amérique latine, en réponse aux larges mobilisations indiennes. Si ces sujets émergents ne déplacent pas la question mapuche – la première et la plus importante des mobilisations indiennes au Chili –, leur présence inédite dans l’espace public dépasse l’épiphénomène : ce qui est en jeu, c’est la façon dont s’organise la nouvelle économie politique des identités au Chili. Leur saillance ne doit pas être lue en effet comme le simple dévoilement de groupes ethniques historiquement constitués mais jusqu’alors invisibles ; elle correspond aussi dans une large mesure à la production d’une différence dans le présent. Cette séquence nous invite à réfléchir à la fois sur le rôle de l’État dans la production des demandes ethniques, et sur la façon dont les demandes des uns jouent sur les demandes des autres.

Varia
Pourquoi intervenir ? Le critère de la cause juste dans la théorie de l’intervention humanitaire armée
Jean-Baptiste Jeangène Vilmer
145-168

La théorie de l’intervention militaire justifiée par des raisons humanitaires reprend en général les critères de la doctrine traditionnelle de la guerre juste : cause juste, autorité légitime, bonne intention, effet positif, dernier recours et proportionnalité. En ce qui concerne le premier de ces critères, la cause juste, il y a au moins trois manières de l’aborder. Certains auteurs utilisent une formulation en termes de droits : puisque l’intervention humanitaire est définie comme celle visant à prévenir ou à mettre fin à des violations massives de droits de l’homme, déterminer la cause juste revient finalement à dire de quels droits il s’agit. La plupart des auteurs utilisent une formulation en termes d’exactions : ils dressent une liste des crimes qui, selon eux, constituent des causes justes d’intervention. La troisième approche consiste à formuler la question en termes de dommage, sans nécessairement préciser quels sont les droits violés et quels sont les crimes causant ces dommages. Cette position s’inscrit dans une perspective conséquentialiste.

Lectures
Lecture
Lorenzo Bosi
171-189

État des savoirs et pistes de recherche sur la violence politique

Lectures
Lecture
Maud Simonet
191-194

Nina Eliasoph, Making Volunteers: Civic Life after Welfare’s End, Princeton/Oxford, Princeton University Press, 2011, XVIII-308 pages.

Lectures
Lecture
Natalia Muchnik
195-198

Yirmiyahu Yovel, The Other Within. The Marranos. Split Identity and Emerging Modernity, Princeton/Oxford, Princeton University Press, 2009, 490 pages.

Lectures
Lecture
Samuel Faure
199-202

Adrian Favell et Virginie Guiraudon (eds), Sociology of European Union, New York, Palgrave Macmillan, 2011, 266 pages.

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