Critique internationale - Sommaire
Séparées depuis plus de cinquante ans par l’une des frontières les plus hermétiques du monde contemporain, les deux Corées ont évolué vers le rapprochement au cours des années 1990. Ce mouvement a connu son apogée avec la « politique du rayon de soleil » lancée en 1998, qui a mené aux deux sommets historiques de 2000 et 2007 et suscité pendant une dizaine d’années plusieurs projets de coopération. Les plus connus, le complexe industriel de Kaesŏng et la zone touristique du Mont Kŭmgang, ont même conduit à l’ouverture restreinte de la frontière. En 2008, pourtant, celle-ci s’est refermée, et les deux États sont entrés dans une nouvelle phase de tensions. Que s’est-il donc passé dans la péninsule entre 1998 et 2008 ?
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Gérer le dossier nord-coréen est peut-être le défi le plus difficile à relever aujourd’hui sur la scène diplomatique mondiale. Totalitaire et fermée, isolée idéologiquement et économiquement en ruine, la Corée du Nord apparaît radicalement étrangère à notre monde globalisé sur le modèle néolibéral. La diplomatie propose deux approches opposées. La stratégie dominante, fondée sur la confrontation, compte sur la menace militaire et vise à miner le régime dictatorial de Pyongyang afin de parvenir à la désintégration de la Corée du Nord et à son absorption par le Sud. Elle s’oppose à une politique qui veut créer avec le Nord des interactions de tous ordres – politiques, économiques et culturelles. Or la politique d’engagement est la mieux à même de désamorcer les tensions et d’éviter une nouvelle guerre dans la péninsule coréenne. Des questions cruciales n’en demeurent pas moins pour l’heure sans réponse. Comment des peuples divisés par le souvenir traumatisant de la guerre et de la mort peuvent-ils parvenir à coexister dans le respect mutuel et la non-violence ? Le pardon est-il indispensable à la réconciliation
L’influence des transfuges nord-coréens qui militent pour la défense des droits de l’homme en Corée du Nord augmente peu à peu sur la scène politique de la Corée du Sud. Leur action suscite cependant la polémique, dans la mesure où l’opinion sud-coréenne est très largement convaincue que l’unification adviendra sûrement par le dialogue entre les deux Corées et par l’assistance économique au Nord. En prônant une politique plus résolue sur la question des droits de l’homme, les transfuges militants vont directement à l’encontre de ce consensus. Il n’empêche que leurs organisations ne cessent de se multiplier et acquièrent une confiance en elles-mêmes de plus en plus grande comme en témoigne leur engagement dans de nouvelles formes d’action telles que les émissions de radio en direction du Nord et la formation de futurs cadres pour un Nord devenu démocratique
Depuis l’effondrement de l’URSS, les Coréens des anciennes républiques soviétiques sont l’objet d’une lutte d’influence entre les deux Corées. L’effacement relatif de la Corée du Nord et la présence ostentatoire de la Corée du Sud dans le monde postsoviétique tendent à accréditer l’hypothèse selon laquelle la confrontation Nord/Sud ne constituerait plus un paradigme pertinent. Il n’empêche que plusieurs catégories d’agents s’investissent pour la définition d’une identité collective légitime des Coréens et que la configuration même des positions de ces entrepreneurs identitaires ne cesse d’évoluer en fonction de rapports de force sans cesse redéfinis. Dans cet espace relationnel et dynamique où la valorisation des références culturelles et surtout linguistiques constitue un enjeu majeur, le Nord et le Sud déploient des stratégies d’influence qui rendent inévitable le renforcement des deux pôles concurrents. À partir des résultats obtenus lors d’enquêtes de terrain menées essentiellement au Kazakhstan, cette étude se propose d’explorer le face-à-face des Nord et des Sud-Coréens et ses effets sur le processus de (re)construction identitaire de cette diaspora coréenne.
Comment la conception que les Sud-Coréens ont de leurs compatriotes du Nord, ou de ceux qui l’ont fui, a-t-elle évolué depuis dix ans ? Comment la culture populaire sud-coréenne reflète-t-elle cette évolution et, en retour, contribue-t-elle à la structurer ? L’imaginaire sud-coréen est-il en train de s’élargir, sans perdre l’idée que la nation coréenne est une, à la conception d’une identité hétérogène capable d’accueillir les deux parties désormais dissemblables de la nation divisée ? Ou ces différences culturelles et sociales maintenant reconnues créent-elles un nouveau type de frontières mentales, alors même que la coopération économique et politique a progressé, fût-ce de manière extrêmement fragile. Il est possible de répondre à ces questions en étudiant certains des champs privilégiés dans lesquels s’exprime la culture populaire : musique, cinéma, publicité, programmes télévisés et littérature.
En 1998, la Corée du Nord s’est engagée sur la voie des réformes en amendant sa Constitution, en introduisant certains éléments de capitalisme dans l’économie et en ouvrant deux zones économiques spéciales de coopération avec la Corée du Sud. Ces changements en provenance de Pyongyang étaient en phase avec la politique d’engagement initiée par Séoul à partir de 1997 et furent consacrés par deux sommets intercoréens, en juin 2000 et en octobre 2007. Néanmoins, le soutien aux zones économiques spéciales et le développement de l’économie de marché en Corée du Nord ont subi un coup d’arrêt en 2008. Fondée notamment sur une étude fine de la chronologie des événements de ces dernières années, cette analyse se propose de mettre au jour les liens existant entre les aspects de la coopération économique intercoréenne et les enjeux politiques (politique interne dans chacune des deux Corées, contexte géopolitique régional), tout en soulignant l’évolution de l’atmosphère au sein du pouvoir politique de part et d’autre de la zone démilitarisée.
L’expérience et l’action des femmes qui ont combattu dans la résistance armée au franquisme, après la défaite des républicains en 1939 et jusqu’en 1951, ont été presque totalement rendues invisibles. L’analyse d’un fonds d’archives orales permet en partie de restituer cette expérience, de comprendre les raisons de son effacement et d’exposer les difficultés que ces anciennes résistantes rencontrent aujourd’hui quand elles veulent témoigner de leur passé de « guérilleras ». Ces obstacles à la transmission ne s’expliquent pas seulement par les caractères généraux de ce passé et de son refoulement ; ou par les effets sur la construction des témoignages du refus de légitimation de cette lutte armée bien après le retour à la démocratie. Ils sont en partie produits par le poids d’une domination de genre active au passé comme au présent et par l’emploi de catégories de discours qui déplacent dans les marges du récit sur la guérilla la dimension sociale de cette dernière et le rôle central qu’y jouèrent les femmes.
Dans le contexte du changement climatique et de la fonte accélérée de la banquise en été, les médias font régulièrement état des jeux de pouvoir qui se mettent en place actuellement autour de l’Arctique. Certains observateurs parlent d’une « bataille pour le Grand Nord », d’une nouvelle « guerre froide », voire d’une « folle course armée » entre pays côtiers de l’océan Arctique pour le contrôle de ses richesses. Or, au-delà de ces scénarios catastrophes dont il s’avère qu’ils sont finalement peu crédibles, deux questions opposent aujourd’hui les cinq pays de l'Arctique : celle du statut des Passages du Nord-Ouest et du Nord-Est dans l’hypothèse d’un accroissement de la navigation et celle de l'extension de la souveraineté économique sur les plateaux continentaux, au-delà de la ligne des 200 miles marins qui marque la limite des zones économiques exclusives (ZEE). En dépit de l’amalgame dont elles font souvent l’objet dans les médias, ces deux questions sont très différentes tant par leurs enjeux que par les alliances, par ailleurs changeantes, qu’elles suscitent dans la région.
Quelle place faut-il accorder à la religion dans la conduite de la politique étrangère des États-Unis ?
Steffen Hertog, Princes, Brokers, and Bureaucrats : Oil and the State in Saudi Arabia, Ithaca, Cornell University Press, 2010, XII-297 pages
Gilles de Rapper, Pierre Sintès (dir.) avec la collaboration de Kira Kaurinkauski, Nommer et classer dans les Balkans, Athènes, École française d’Athènes, 2008, 397 pages.
