Critique internationale - Sommaire

Editorial
5-6

 

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Variations
Variations - Les chemins de la globalisation culturelle
sous la responsabilité de Jean-Marie Bouissou

 

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Variations
Quelques questions sur la globalisation culturelle
Jean-Marie Bouissou
9-18

 

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Variations
La culture populaire japonaise et l’imaginaire global
Anne Allison
19-35

Cet article analyse le modus operandi du soft power que le succès mondial des biens culturels qu’il exporte peut conférer au Japon. La vogue du «J-Cool» est un phénomène qui concerne essentiellement les adolescents et que les adultes ont beaucoup de difficultés à partager, voire à comprendre. Quel impact ces produits «japonais» ont-ils sur la jeunesse mondiale qui les consomme, et pourquoi? Quelle «japonitude» construisent-ils aux yeux du monde et quel rapport le Japon réel a-t-il avec le «J-Cool»? Enfin, que nous apprend le succès mondial de ce dernier sur les ressorts de la globalisation culturelle, sur l’inconscient de la jeunesse contemporaine et sur la logique du capitalisme à son stade actuel?

Variations
Au-delà du « Cool Japan », la globalisation culturelle…
Koichi Iwabuchi
37-53

L’expansion mondiale de la culture populaire japonaise véhiculée par les médias de masse a suscité nombre de commentaires admiratifs sur la créativité culturelle dont le Japon fait preuve aujourd’hui à l’égal des États-Unis et sur le softpower qu’elle est susceptible de lui conférer. Toutefois, ces commentaires laissent dans l’ombre la manière dont procède la globalisation culturelle. Cet article montre que le succès des exportations culturelles japonaises est symptomatique d’une reconfiguration des flux médiatiques transnationaux qui n’en atténue nullement le caractère inégal et déséquilibré. Ce processus permet à la logique néolibérale de s’affirmer dans la production et la circulation des biens culturels, et jusque dans la politique culturelle des États qui les mettent au service des intérêts nationaux.

Variations
La japonité selon Jeanne d’Arc. Mythes et récits occidentaux dans le manga et l’ anime
Romain Chappuis
55-72

Le phénomène d’appropriation des flux culturels transnationaux propre à la globalisation est étudié ici à travers les adaptations de récits occidentaux dans le manga et l’anime. L’inclusion de cet « Autre » se caractérise par une exacerbation de certaines de ses propriétés : l’Occident est présenté dans les œuvres japonaises comme porteur d’une conception du monde excessive, injuste et potentiellement dangereuse, comme la manifestation d’une sorte de cartésianisme poussé à l’extrême. La définition de la japonité, qui se fait alors par opposition à cette part de l’altérité incluse, fait ressortir une sensibilité particulière supposée propre aux Japonais, perpétuant ainsi une longue tradition intellectuelle qui a vu dans le sentiment des choses, l’essence de la japonité par opposition à l’esprit rationnel, chinois et occidental. L’épopée de Jeanne d’Arc, les interventions divines d’Athéna prennent alors un sens nouveau qui sert de vecteur à la promotion de la japonité et des valeurs essentielles qu’elle véhicule comme l’exigence d’harmonie sociale et d’étroite interdépendance entre les membres de la communauté.

Variations
L’imaginaire politique des jeux vidéo
John Crowley
73-90

La plupart des jeux sur ordinateur n’ont guère de teneur politique. Il existe cependant au moins deux univers de jeux au contenu explicitement politique : les jeux de stratégie et les jeux de quête, dont l'imaginaire se prête à des analyses suggestives. En effet, il est frappant que la démocratie n'y ait presque aucune place. Les raisons sont de deux ordres, avec des implications assez différentes. De genre, tout d'abord, qui rattachent les univers numériques à ceux de la science-fiction et de l’heroic fantasy, dont les livres et les films servent souvent d'arrière-plan aux jeux. De structure algorithmique, ensuite. Un jeu numérique n'est pas un roman ou un film, et ce n'est pas non plus simplement un jeu : le matériel et le logiciel qui lui permettent de fonctionner lui imposent des contraintes et en orientent le sens. Or, en prenant acte de la puissance à la fois ludique et imaginaire de certaines formes antidémocratiques, on peut comprendre, en miroir, certaines propriétés de l’imaginaire démocratique, celles qui associe la démocratie au règne d'un ennui où rien de « grand » n’est possible.

Variations
Our Kind of Jazz : musique et identité en Afrique du Sud
Denis-Constant Martin
91-110

L’histoire de la musique, et tout particulièrement du jazz et des musiques populaires qu’il a fertilisées, fut dès le départ une histoire de mélanges et de création à partir de ces mélanges. La musique fournit donc en permanence la démonstration que les idéologies posant les non-Européens comme inférieurs et les pratiques de ségrégation n’avaient aucun fondement. Les musiques afro-américaines, d’abord sous la forme détournée des chansons de Blackface Minstrels, puis sous l’appellation jazz, participèrent à partir du milieu du XIXe siècle à ces mélanges créatifs. Le jazz aida à concevoir et exprima symboliquement un complexe identitaire affirmant à la fois que les noirs sont humains de part en part et qu’ils apportent une contribution spécifique à la culture humaine. Les entreprises d’appropriation sud-africaine dont il a fait l’objet, ses évolutions stylistiques locales se sont ainsi trouvées intimement liées aux événements politiques qui ont marqué l’Afrique du Sud au XXe siècle et aux reformulations idéologiques successives de la lutte contre le racisme

Champs libres
Entre juridisme et constructivisme : les droits de l’homme dans la politique étrangère américaine
Nicolas Guilhot
113-135

La sociologie des normes internationales s’est souvent penchée sur les droits de l’homme afin d’illustrer le « pouvoir des idées » : l’institutionnalisation juridique des droits de l’homme sous l’administration Carter aurait ainsi obligé l’administration Reagan à ajuster ses politiques à des principes qu’elle ne pouvait éradiquer ou utiliser exclusivement comme une source de légitimation. Cet article suggère que ces approches ignorent la nature nécessairement contestée des concepts juridico-politiques, et le fait que leur définition est l’enjeu de luttes entre différents acteurs pour s’approprier des ressources symboliques susceptibles de légitimer leurs agendas politiques respectifs. En répertoriant les différents producteurs du discours des droits de l’homme au cours des années 1970 et 1980, l’article montre que le concept de droits de l’homme se prête à deux interprétations divergentes, chacune correspondant à des groupes sociaux et à des intérêts politiques spécifiques : la première situe les droits de l’homme dans le champ du droit international et est essentiellement promue par des juristes ou des activistes liés aux organisations internationales ; la seconde, qui en fait un concept antijuridique portant d’abord sur les régimes politiques et la « promotion de la démocratie », est élaborée par les acteurs politiques du néoconservatisme.

Champs libres
Que reste-t-il du fonctionnalisme international ? Relire David Mitrany (1888-1975)
Guillaume Devin
137-152

David Mitrany est connu pour être le fondateur du fonctionnalisme international. Son maître livre, A Working Peace System, date de 1943 et demeure d’une étonnante actualité. En défendant une conception globale de la sécurité et une interprétation libérale de la paix, les thèses soutenues sont au cœur des débats sur l’avenir du multilatéralisme. Elles ne sont pas sans faiblesses non plus. Un point de vue trop rationnel sur les conduites internationales et une croyance excessive dans la dynamique des nécessités communes finissent par faire croire que les conflits politiques pourraient se résoudre par des débats d’experts. Néanmoins, ces critiques assez classiques ne retirent rien aux intuitions de Mitrany, qu’il s’agisse de l’avènement de la « sécurité humaine » ou des limites du régionalisme politique. Plus encore, c’est la recherche d’une méthode pour « faire la paix » qui constitue l’apport le plus original du fonctionnalisme mitranien. D’inspiration pragmatique, elle constitue une démarche peu courante parmi les auteurs d’études sur les relations internationales. Véritable philosophie pratique, elle est également une leçon à méditer pour leurs travaux.

Champs libres
Les élections israéliennes de 2006 : un « big bang » silencieux ?
Lev Grinberg
153-174

Si les électeurs ont fait preuve d’indifférence ou de froideur durant la campagne électorale de 2006, c’est parce qu’ils savent très bien que les partis israéliens ne sont pas les seuls à prendre les décisions qui influeront sur leurs destinées : il faut aussi compter avec les Palestiniens, les pays voisins, les États-Unis et même l’Union européenne et l’ONU. Ce n’est pas un scrutin démocratique limité à la communauté des citoyens dans son acception d’avant 1967 qui peut tout régler ; il ne sera jamais qu’un élément parmi d’autres de la dynamique politique dont dépendra le sort des populations des territoires contestés entre Israël et la Palestine. La thèse théorique avancée ici est que les règles démocratiques ainsi limitées sont incapables de produire un espace politique susceptible de contenir les conflits, et cela à cause de l’absence de consensus sur les frontières de l’État et de la nation et de l’absence de définition incontestée de ceux qui sont les « citoyens égaux en droits ». Or il s’agit là de conditions indispensables à tout processus démocratique légitime permettant la médiation et la résolution des antagonismes sociaux par des compromis assumés. Lorsque le processus d’ouverture de l’espace politique aux revendications collectives est bloqué, la violence devient une option.

Lectures
L’ambiguïté des sémantiques de la victime en Allemagne
Brigitte Rauschenbach
177-189

 

L’ambiguïté des sémantiques de la victime en Allemagne

 

Lectures
Lecture
Bastien Irondelle
191-196

Glenn Palmer, T. Clifton Morgan, A theory of foreign policy Princeton, Princeton university press, 2006, 216 pages

Lectures
Lecture
Alexandre Hummel
197-200

Keir Lieber, War and the engineers : the primacy of politics over technology ,Ithaca, Cornell university press, 2006, 226 pages.

Lectures
Lecture
Cornelia Woll
201-205

Pierre Berthaud, Gérard Kébabdjian (dir.), La question politique en économie internationale, Paris, La Découverte, 2006, 320 pages

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