Arts & Societies is a seminar dedicated to the world of visual representations. It holds monthly meetings with a wide range of speakers, all specialized in the humanities (art history, history, anthropology, philosophy, law…). This exposure to ongoing and innovative research is also meant to broaden the methodological scope and knowledge of current students, be they doing a Masters or a PhD.

Laurence Bertrand Dorleac, Thibault Boulvain

Seminars will be held both virtually, via Zoom, and in actuality. Anyone interested in attending seminars should register online.

 

Calendar 2023-2024

1. 27 septembre 2023 | Ghislain MOLLET-VIEVILLE
Les contours de l’art sont-ils devenus l’art lui-même ?

Dans leurs pratiques, de nombreux artistes adoptent une position analytique et critique prenant en considération le contexte social et idéologique dans lequel leurs œuvres trouvent leurs véritables sens. Dans ce but, ils proposent des protocoles qui leur permettent de déléguer la réalisation et l’activation de leurs œuvres à notre société. Cette dernière est ainsi invitée à confronter l’art à la vie (ou à intégrer la vie à l’art). Le but étant que les œuvres soient renouvelées et vécues sous un nouveau jour à chacune de leur prise en charge.
Ghislain Mollet-Viéville est agent d’art, expert honoraire près la Cour d’appel de Paris, membre de l’Association Internationale des critiques d’Art, spécialiste de l’art minimal & conceptuel et de ses développements du côté d’un art socialisé tendant vers l’immatériel. Il donne de nombreuses conférences au sein de l’École Nationale d’Art (http://www.enda.fr/presentation/) et écrit principalement dans la Revue de Paris (http://www.revuedeparis.fr/l-art-non-artistique/).

 

2.  18 octobre 2023 | Thibault BOULVAIN
Une pandémie sans images ?

Que la mal nommée grippe « espagnole », qui a fait entre le printemps 1918 et la seconde moitié de 1919 plusieurs dizaines de millions de morts à travers le monde, n’ait laissé presque aucune trace en art, voilà qui ne laisse pas d’étonner. C’est cette sorte de mystère, en forme de problème tenace pour l’historien de l’art, que nous aimerions essayer de penser, à partir du dernier tableau d’Egon Schiele, La Famille (Die Familie) (1918), un couple et son enfant saisis au bord de leur disparition. Ce faisant, il s’agira de s’interroger sur ce que l’on attend d’une image de la maladie, ou encore sur la résistance à l’interprétation qu’oppose une œuvre à qui l’on voudrait faire avouer ce qu’elle ignore peut-être.
Thibault Boulvain est Assistant Professor en histoire de l’art à Sciences Po (Centre d’histoire). Il enseigne également à l’École du Louvre, où il dirige le séminaire de recherche « Artistes et monde méditerranéen, de 1940 à nos jours ». L’art en sida. 1981-1997 , issu de sa thèse de doctorat soutenue en 2017 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, a paru en juin 2021 aux presses du réel (collection « Œuvres en sociétés »).

 

3. 29 novembre 2023 | Louis-Antoine PRAT
L’amateur et l’absolu, un itinéraire

On s’interroge depuis longtemps sur les collectionneurs, et, ces dernières années, le sujet est devenu central pour les historiens d’art, tout comme l’iconologie et les représentations sociales de l’œuvre d’art. Le problème posé n’est pas seulement pourquoi, mais aussi comment collectionner ? Faut-il privilégier la quantité ou bien la qualité dans la collecte des œuvres ? Les moyens classiques du collectionneur, le temps, l’argent, la connaissance (ou ce qu’on appelle aujourd’hui « l’œil ») sont-ils à la fois nécessaires et/ou suffisants ? Et quelle vision sociale peut-on donner à cette activité dans un monde désormais obsédé par les inégalités de patrimoine et le culte du moi ?
Louis-Antoine Prat est historien de l’art, écrivain, romancier, auteur de théâtre. Il a été professeur à l’École du Louvre et de son enseignement découlent trois ouvrages sur Le dessin français aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Il est membre du Conseil artistique des musées nationaux, Président de la Société des Amis du Louvre. Il est l’auteur de très nombreux articles sur l’histoire du dessin français. Il a été commissaire de nombreuses expositions dont Nicolas Poussin, (1994), L’Empire du Temps (2000), Ingres (2006). Grand donateur des musées nationaux, il est le seul amateur français dont la collection de dessins ait fait l’objet d’une exposition aux États-Unis, au Canada et en France.

 

4. 20 décembre 2023 | Louis-Antoine MEGE

« Art for Society? ». Polémique et politique dans la pratique conceptuelle d’Art & Language (Angleterre, circa 1979)

« Art for Society? » En ajoutant un point d’interrogation au titre d’une exposition présentée à Londres, en 1978, Art & Language, groupes d’artistes conceptuels, provoque, dès la première ligne d’un article paru en 1980, une discrète mais sensible altération sceptique. Puis, au fil des pages, les auteurs affirment une visée polémique envers un certain art politique contemporain. Au demeurant, ils semblent ainsi chercher à raviver leur propre pratique conceptuelle, en proie à un inexorable désenchantement conjoncturel. En s’arrêtant sur ces troubles «années 1979», notre ambition pour cette séance sera de reconsidérer les déroutantes stratégies picturales et discursives d’Art & Language qui composent une œuvre conceptuelle exigeante et singulièrement politique. Louis-
Antoine Mège est actuellement doctorant en histoire de l’art contemporain à Sorbonne-Université, sous la direction de Valérie Mavridorakis. À partir de la notion de conversation, son travail doctoral s’attache à étudier les transformations de l’œuvre du groupe d’artistes conceptuels, Art & Language, du début des années 1970 à la fin des années 1990. Après avoir été assistant de recherche à la documenta institut (dir. Felix Vogel, Kassel), il est actuellement boursier annuel au Centre allemand d’histoire de l’art/DFK (dir. Peter Geimer et Georges Didi- Huberman, Paris).

 

5. 24 janvier 2024 | Éric DE CHASSEY
La répétition, sujet, objet, méthode

L’histoire de l’art occidental aux XXe et XXIe siècles est marquée par la figure de l’invention, synonyme affiché de la liberté de création, qui lui permet d’affirmer son autonomie par rapport à aux pratiques utilitaires, décoratives ou ornementales, où, depuis les premiers temps de l’humanité, les motifs et les figures se répètent, comme le montrent aussi bien l’imagerie religieuse que le papier peint ou l’imprimé sur tissu. Nombre d’artistes, et non des moindres, ont pourtant adopté la répétition comme méthode et comme objet, y trouvant, pour quelques œuvres ou de manière plus systématique, un mode de travail ou un sujet. C’est à partir de ce constat que l’exposition La Répétition (4 février 2023 au 27 janvier 2025, Centre Pompidou-Metz) a été pensée et conduite, à travers un choix subjectif dans les collections du Musée national d’art moderne – Centre Pompidou, coupant à travers les classifications stylistiques, iconographiques, sociologiques et chronologiques qui en organisent habituellement la présentation. Il y a là un second paradoxe car les collections de musées sont généralement fondées sur la recherche des chefs- d’œuvre, ces moments exceptionnels, apparemment d’un seul tenant, où tous les moyens des artistes convergeraient, un principe qu’interrogeait l’exposition inaugurale du Centre Pompidou-Metz, Chefs-d’œuvre ?, en 2010-2011. Montrer comment la création peut aussi procéder par répétition, que celle-ci soit un moyen, un processus ou bien le sujet même des artistes, c’est aller contre cette notion simpliste.
Éric de Chassey, historien de l’art, est Directeur de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) depuis juillet 2016 et professeur d’histoire de l’art contemporain à l’École normale supérieure de Lyon depuis 2012. Il est directeur honoraire de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis, qu’il a dirigée pendant six ans (2009- 2015). De 2004 à 2009, il a été membre (junior) de l’Institut Universitaire de France. Il a publié, en français, anglais, italien, allemand, espagnol, portugais et polonais, des articles, essais, catalogues et livres sur l’art, en particulier sur l’histoire des arts du XIXe au XXIe siècles. Il a également assuré le commissariat d’une quarantaine d’expositions en France et à l’étranger, Depuis 2022, il préside le Réseau international des instituts de recherche en histoire de l’art (RIHA) et dirige en son sein le projet visant à constituer une histoire des arts visuels en Europe (EVA : The Visual Arts in Europe: An Open History).

 

6. 28 février 2024 | Paul PERRIN

« Caillebotte. Peindre les hommes » (musée d’Orsay, automne 2024)

Le musée d’Orsay organise à l’automne 2024, en partenariat avec le J. Paul Getty Museum et l’Art Institute of Chicago, une grande exposition « Caillebotte. Peindre les hommes ». Cette exposition a pour but d’étudier la prédilection de l’artiste pour les figures masculines et les portraits d’hommes et de comprendre leur singularité dans le paysage artistique de son temps. Caillebotte introduit en effet dans l’histoire de la peinture la figure de l’ouvrier urbain, celle du sportif ou encore de l’homme à sa toilette. À l’époque du « triomphe de la virilité » (Alain Corbin) mais aussi de première crise de la masculinité traditionnelle, Caillebotte navigue entre les codes et les injonctions et introduit une part de « trouble dans le genre » (Judith Butler). L’exposition se penchera également sur l’esprit de fraternité qui guide toutes les grandes passions de l’artiste et sa participation à des cercles majoritairement masculins.
Paul Perrin est Conservateur peinture au musée d’Orsay depuis 2014, Directeur de la Conservation et des collections depuis janvier 2022. En charge du développement de la politique scientifique des collections, une de ses missions est de mettre en œuvre le projet de nouveau parcours muséographique. Diplômé de l’École du Louvre et de l’Institut national du patrimoine, il est spécialiste de la peinture de la seconde moitié du XIXe siècle, et particulièrement de l’impressionnisme. Il a été commissaire de plusieurs expositions, dont « Frédéric Bazille (1841-1870), la jeunesse de l’impressionnisme », « Spectaculaire Second Empire », « James Tissot (1836-1902 ), l’ambigu moderne » ou encore « Enfin le Cinéma ! Arts, images et spectacles en France (1833-1907) ».

 

7. 27 mars 2024 |Déborah LAKS

Refusés du conservatoire ou acceptés des Beaux-arts. L’imaginaire artistique en formation au travers de quelques exemples parisiens.

Dans un vide sanitaire du Conservatoire National de Musique et de Danse, Christian Boltanski a dissimulé une œuvre qui doit rester secrète. Elle conserve une mémoire, réelle et fictionnelle, des élèves et des refusés du Conservatoire. Entourée de mystère, les conditions même de son existence interstitielle fournissent des clefs pour aborder l’enseignement artistique par son versant silencieux. À partir de l’étude de cette œuvre, on cherchera à élaborer les lignes de vie de l’imaginaire de l’art et de l’artiste, pensé comme matière historique.
Déborah Laks, docteure en histoire de l’art, est chargée de recherche au CNRS. Elle conduit actuellement un projet intitulé « Écoles de l’imaginaire. Histoire de l’enseignement artistique en France, 1968-1999 ». Ses publications récentes incluent Des déchets pour mémoire. L’utilisation de matériaux de récupération par les nouveaux réalistes (1955-1975), 2018, la direction scientifique d’une anthologie des textes de Daniel Spoerri, Anecdotomania. Daniel Spoerri sur Daniel Spoerri, 2021, et la direction de Artistes enseignantes. La transmission au prisme du genre, 2023. Elle enseigne à Sciences Po.

 

8. 24 avril 2024 | Marika TAKANISHI KNOWLES

Pierrot, Jacques Callot et la choséité du type social

Cette intervention explore la relation entre l’art visuel produit dans le sillage du théâtre et la théâtralisation de la vie sociale à la fin de la période moderne (vers 1600-1900). On évoquera la représentation du personnage du Pierrot par Antoine Watteau (1684-1721) et l’œuvre du graveur Jacques Callot (1592-1635). Pour ces deux artistes, profondément conscients des similarités entre l’artiste, l’acteur et la personne sociale, la représentation de la figure humaine devient le site d’une fusion entre l’identité personnelle et l’objet. La choséité de la figure humaine était considérée par ces deux artistes comme la possibilité d’une sorte d’immortalité, ce qui exigeait cependant que celle-ci ait caractéristiques décoratives et ornementales. D’où la tendance des figures dessinées par Callot et Watteau d’être véhiculées comme des figurines miniaturisées en trois dimensions. En explorant la manière dont les types sociaux se transforment en choses, cette intervention évoquera la question de la miniaturisation et de l’échelle, celle de l’ornement, ainsi que le rôle de l’imprimé.
Marika Takanishi Knowles est maîtresse de conférences en histoire de l’art à l’Université de St Andrews. Son travail porte sur la culture visuelle française et la vie sociale à la fin de la période moderne (vers 1600-1900). Elle vient de terminer un livre sur le personnage du Pierrot, Pierrot and his world: Art, theatricality, and the marketplace in France 1697-1945 (Manchester, 2024), poursuivant ainsi le travail initié dans son premier ouvrage, Realism and Role-Play: The Human Figure in French Art from Callot to the Brothers Le Nain (Delaware, 2020). Elle a publié de nombreux articles, notamment sur le motif cosse-de-pois dans l’orfèvrerie, Edgar Degas et la représentation du papier dans ses scènes administratives, et les photographies de Nadar.

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Comments are closed.