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Vers un nouveau genre de finance ?

Capelle-Blancard,G., Couppey-Soubeyran, J., & Rebérioux, A. 2019. Revue de la régulation, 25. DOI : 10.400/regulation.14632

L’article examine les différences de comportements entre femmes et hommes, en moyenne, en matière financière, en recensant « les principaux résultats des études de genre en finance ».

RÉSUMÉ

Méthodologie

Dans cet article, les auteur·e·s rassemblent les principaux résultats de la littérature académique portant sur les différences de genre en finance. Il·elle·s examinent d’abord les différences de comportements entre hommes et femmes, puis leurs conséquences à plusieurs niveaux : les choix financiers (placements, crédits…), l’accès aux postes de direction dans la gouvernance des entreprises, des banques et des régulateurs, et les thématiques et pratiques pédagogiques des enseignant·e·s chercheurs et chercheuses en économie et finance.

Résultats

Dans un premier temps, les auteur·e·s examinent les différences entre hommes et femmes concernant le rapport à la finance en exploitant les résultats de l’enquête Pater (PATrimoine et Préférences vis-à-vis du Temps et du Risque) réalisée en France par l’Insee. Les résultats confirment les stéréotypes genrés percevant les femmes comme moins preneuses de risques et moins enclines à la compétition ; ces différences étant – au moins en partie – le résultat de constructions sociales.

Ensuite, il·elle·s examinent comment ces différences genrées se traduisent en termes de décisions financières. Les études montrent que les femmes sont plus prudentes, ce qui limite la rentabilité de leur épargne, et elles ont moins accès aux crédits traditionnels, mais un accès plus facile au microcrédit ou au financement participatif.

Dans un troisième temps, il·elle·s examinent la présence des femmes dans le secteur de la finance et trouvent que les femmes sont sous-représentées dans les postes à responsabilité. Même si « les femmes sont largement présentes » dans le secteur, elles occupent les métiers qui sont souvent les moins payés, et majoritairement dans les « services supports (ressources humaines, secrétariat,comptabilité) ».

Enfin, la dernière section examine les différences de pratiques entre hommes et femmes économistes. Les études témoignent des différences de spécialisations thématiques et de pratiques pédagogiques, avec les femmes mobilisant plus d’articles de recherche et d’études de cas et les hommes s’appuyant plus sur les manuels.

Cependant, les auteur·e·s concluent que ces différences sont sensibles aux expériences et à l’éducation financière. En effet, à niveau d’éducation financière et d’expérience passée équivalents, les différences dans les comportements financiers s’estompent. Une plus grande représentation des femmes permettrait de diminuer les effets de stéréotypes et changer la perception du genre.