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The Role of Rookie Female Directors in a Post-Quota Period: Gender Inequalities within French Boards.

Rebérioux, A., & Gwenaël Roudaut, (2019). Industrial Relations: A Journal of Economy and Society 58(3): 423-83

La présente étude vise à comprendre les conséquences des quotas de genre sur la répartition des postes au sein des conseils d'administration et sur les écarts de rémunération entre les sexes, en se concentrant sur le cas Français.

RÉSUMÉ

Les quotas de genre ont été adoptés en France en 2011 exigeant que « chaque sexe représente au moins 20% des administrateurs en 2014 et 40% en 2017 ». Si l'impact de ces quotas sur la performance a déjà été étudié, aucune recherche n'a été menée sur les postes attribués aux nouvelles femmes administrateurs et sur leur intégration dans le fonctionnement des conseils. Pour comprendre les conséquences d'un quota de genre, les auteurs examinent les postes attribués aux « femmes dirigeantes débutantes » (la population de nouvelles femmes administrateurs sans expérience préalable en conseil d'administration) et émettent l'hypothèse que si les quotas traitent la question de la « sous-représentation des femmes » au sein des conseils d'administration, ils ne garantissent pas une « répartition égale des postes et des rémunérations entre les sexes », ce qui entraîne un nouveau plafond de verre de « ségrégation en termes de poste ».

Données

Les auteurs utilisent les données d’entreprises françaises avec un échantillon de 120 entreprises appartenant à l'indice SBF120 en 2011 (« les 120 plus grandes sociétés cotées en 2011 par capitalisation boursière sur Euronext-Paris »), sur la période 2006-2014, fournies par Ethics & Boards, une agence internationale de surveillance qui recueille des données individuelles sur la composition du conseil et les administrateurs. Les sources supplémentaires comprennent des rapports annuels et des recherches sur Internet. L'échantillon final comprend ainsi 12 750 observations individuelles par année et firme.

Méthodologie

Pour examiner les rôles assignés aux femmes dirigeantes débutantes, les auteurs estiment la probabilité qu'une nouvelle femme dirigeante accède aux comités, à l'aide de logit ordonné multinomial puis de régressions linéaires multiples pour les tests de robustesse, avec des effets fixes de l'entreprise et de l'année. Ils régressent différentes variables dépendantes (nombre d'adhésions aux comités, nombre de réunions du conseil d'administration, nombre d’adhésions ou de présidence de comités de suivi ou de conseil, rémunération) sur un ensemble de caractéristiques individuelles (être une dirigeante débutante, mandat, âge, expertise industrielle, éducation, etc.). Pour « mesurer et comparer l'ampleur de l'écart de rémunération avant et après le quota », ils utilisent la méthode de décomposition d'Oaxaca-Blinder pour « mesurer la contribution de différents facteurs » (attributs et postes) à l'écart de rémunération entre les sexes.

Résultats

Les résultats montrent que « le quota a eu un effet positif » en augmentant la part des femmes administrateurs dans les conseils d'administration. Cependant, l'accès à des postes clés était limité pour ces dirigeantes débutantes. « Elles ont eu en moyenne moins de participation et de présidence de comités » que les hommes débutants et non-débutants, ce qui dénote une « ségrégation en termes de postes ». Ces résultats mettent en évidence la « persistance de stéréotypes négatifs » autour des femmes en postes de direction et pointent vers un « deuxième plafond de verre intérieur». Du fait de la ségrégation des postes, ces nouvelles femmes administrateurs ont également souffert d'un écart de rémunération. Les résultats de la décomposition Oaxaca-Blinder indiquent que l'écart de rémunération entre les hommes et les femmes au sein de l'entreprise est passé de 3,4% au cours de la période pré-quota à 5,5% au cours de la période post-quota.

En termes d'implications politiques, les résultats suggèrent que les politicien·ne·s et les praticien·ne·s devraient se concentrer sur l’attribution d’accès aux femmes à des postes de décisions importants tels que les comités de suivi au sein des conseils d’administration. Cependant, les résultats établissant la non-efficacité des quotas pour éliminer la ségrégation des postes et l'écart de rémunération au sein des conseils ne sont démontrés qu'à court terme. Les recherches futures peuvent se concentrer sur l'examen de l'impact des quotas de genre sur le long terme où les dirigeantes débutantes pourraient être en mesure de maintenir leur poste.