Éric Verdeil, « Le sens de l’évènement. Effondrement infrastructurel et interdépendance des réseaux : leçons du Liban en temps de blackout », Flux, 2022
17 octobre 2022
Annual Research Conference of the Indian Institute for Human Settlements, Urban ARC 2023 | Cities in Flux, 12-14.01.2023
21 octobre 2022

Éric Verdeil, « Une lecture géographique de la crise électrique au Liban et des bonus cartographiques », Revue Moyen-Orient, 2022

Nous vous signalons la parution d’un article d’Éric Verdeil dans la revue Moyen-Orient intitulé « La crise électrique du Liban : une lecture géographique ». L’article apparaît dans le numéro 56 de la revue, actuellement disponible en kiosque. Certaines informations au sujet de cet article sont disponibles ici.

Résumé

Depuis l’été 2021, la population du Liban n’a plus accès à l’électricité publique que 2 à 3 heures par jour, avec parfois des pannes totales. Cette déliquescence extrême a des origines remontant à la guerre civile (1975-1990), malgré une amélioration temporaire jusqu’à 2006. Depuis, le secteur connaît une dégradation aux raisons multiples, entre insuffisance de la capacité installée, manque d’investissement, blocage des importations de combustible, corruption, clientélisme… Cette gabegie a également des dimensions géographiques.

Trois grilles de lecture s’imposent. La première est celle du communautarisme libanais, ancré dans des territoires divisés. Pour les élites politico-confessionnelles, l’électricité est à la fois une ressource à sécuriser pour leur territoire et une source de pouvoir. La deuxième renvoie à l’opposition entre centre et périphéries du pays et aux inégalités spatiales dans la distribution de l’électricité. La troisième est régionale et géopolitique : la dépendance du Liban aux importations d’hydrocarbures est une source majeure de vulnérabilité face aux conflits et blocus affectant les infrastructures énergétiques, mais aussi face aux évolutions brutales des marchés internationaux, à l’impact aggravé par la dévaluation récente.
Face à ces défis, le territoire libanais offre-t-il des ressources permettant une autonomisation de la production énergétique ? Les promesses du gaz du bassin levantin sont encore incertaines, et si les énergies renouvelables ont un vrai potentiel, leur exploitation dépend d’une transformation de la gouvernance. En attendant, l’essor rapide des technologies individuelles ne comble pas les lignes de fracture internes au Liban et risque de les accentuer.