L'Afghanistan

L'Afghanistan

moins de traditions, plus de terres ?
par Fariba Adelkhah
  • Bamyan valley, Wikimedia CommonsBamyan valley, Wikimedia Commons

Anthropologue au CERI, Fariba Adelkhah propose  - par ces deux publications - de changer à la fois d'angles de vue et de lunettes pour lire une réalité afghane bien différente de celle que nous offre le prisme des relations internationales.

Guerre, reconstruction de l'Etat et invention de la tradition en Afghanistan
Les études du CERI, mars 2016

La guerre depuis 1979 et la reconstruction de l’Etat sous la tutelle occidentale depuis 2001 ont conduit
à une simplification identitaire de la société afghane, sous la double forme d’une invention de l’ethnicité
et de la tradition – un processus dont l’enjeu véritable est le contrôle ou l’appropriation des ressources
politiques et économiques du pays. Le Hazarajat est un remarquable site d’observation de cette évolution. Son histoire a été marquée par son intégration coercitive, à la fin du XIXe siècle, à l’Etat afghan en formation. Sa population, de confession chiite, s’est vue reléguée à une condition de subalternité dont elle n’est progressivement sortie qu’à la faveur du djihad contre l’occupation soviétique, dans les années 1980, et de l’intervention américaine en 2001, au prix de l’ethnicisation de sa conscience sociale et politique.Mais l’ethnicité repose sur une économie morale et politique moins communautaire qu’inégalitaire. Succédant à la guerre, l’aide à la reconstruction de l’Etat tend à polariser les rapports sociaux, tout en renforçant leur ethnicisation : les bailleurs de fonds et les ONG demeurent prisonniers d’une approche culturaliste, sinon orientaliste, du pays, qu’ils contribuent de la sorte à « traditionaliser », tandis que l’aide au développement déstabilise la société « traditionnelle » en accélérant sa monétarisation et sa marchandisation.
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Guerre, reconstruction de l’Etat et invention de la tradition en Afghanistan
La Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, juin 2013

La guerre depuis 1979 et la reconstruction de l’Etat sous la tutelle occidentale depuis 2001 ont conduit à une simplification identitaire de la société afghane, sous la double forme d’une invention de l’ethnicité et de la tradition – un processus dont l’enjeu véritable est le contrôle ou l’appropriation des ressources politiques et économiques du pays. Le Hazarajat est un remarquable site d’observation de cette évolution. Son histoire a été marquée par son intégration coercitive, à la fin du xixe siècle, à l’Etat afghan en formation. Sa population, de confession chiite, s’est vue reléguée à une condition de subalternité dont elle n’est progressivement sortie qu’à la faveur du djihad contre l’occupation soviétique, dans les années 1980, et de l’intervention américaine en 2001, au prix de l’ethnicisation de sa conscience sociale et politique. Mais l’ethnicité repose sur une économie morale et politique moins communautaire qu’inégalitaire. Succédant à la guerre, l’aide à la reconstruction de l’Etat tend à polariser les rapports sociaux, tout en renforçant leur ethnicisation : les bailleurs de fonds et les ONG demeurent prisonniers d’une approche culturaliste, sinon orientaliste, du pays, qu’ils contribuent de la sorte à « traditionaliser », tandis que l’aide au développement déstabilise la société « traditionnelle » en accélérant sa monétarisation et sa marchandisation.
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