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17.01.2022

“La rédaction d’un mémoire a définitivement ancré mon intérêt pour la recherche académique”

Chaque année, entre 40 et 60 étudiantes et étudiants choisissent de rédiger un mémoire dans le cadre de leur semestre hors-les-murs à l'École d'affaires publiques (EAP). Ils s'engagent ainsi dans un cursus qui leur permet d'approfondir leur expertise dans un ou plusieurs domaine(s) des politiques publiques qui les intéresse(nt) particulièrement, tout en bénéficiant d'un soutien pédagogique et méthodologique durant leur seconde année de Master. En s'appuyant sur des travaux de recherche pour étayer leurs démonstrations, raisonnements et conclusions, et en menant eux-mêmes des analyses, ces étudiants et étudiantes formulent des recommandations de politiques publiques à la lumière des pratiques de recherche en sciences sociales (droit, économie, histoire, science politique, sociologie).  A l'image de l'EAP dans son ensemble, la rédaction d'un mémoire à l'EAP offre de nombreuses voies de réussite et d'insertion professionnelle. En témoigne notamment le succès des étudiants ayant rédigé un mémoire qui furent admis aux concours administratifs en 2021 : quatre étudiants à l'ENA/INSP et une étudiante à la Banque de France. Cette expérience de recherche permet aussi à des étudiantes et des étudiants de découvrir une réelle appétence pour le monde de la recherche. Ce fut le cas d’Anne-Pauline de Cler, lauréate du Prix du mémoire de Master en évaluation des politiques publiques de la Société Française de l'Evaluation. Témoignage. 

Pourriez-vous décrire votre parcours universitaire et nous expliquer la raison qui vous a motivée à rédiger un mémoire ?

Après des études de philosophie et d’économie en licence, j’ai directement commencé le Master politiques publiques, spécialité Economics and Public Policy à l'École d'affaires publiques de Sciences Po. Grâce à celui-ci j’ai pu, durant mon année de césure, faire un stage en évaluation de politiques publiques à l’OCDE, puis m’initier à l’histoire de la pensée économique, grâce à mon échange, au semestre de printemps 2020, à l’Université de New York. Ma dernière rentrée à Sciences Po se déroulant « en ligne », elle fut l’occasion de concrétiser mon intérêt pour la recherche et l’histoire et la philosophie de l’économie. Mon projet académique et professionnel de long terme étant de faire de la recherche, en passant par un doctorat, il fallait d’abord franchir une étape qui manquait encore à mon parcours : la rédaction d’un mémoire. Avec un sujet que je souhaitais approfondir et rendre visible, et le soutien d’un directeur de mémoire, le quatrième semestre du master constitua ainsi le moment d’entrer de plain-pied dans ce travail d’écriture.  

Pourriez-vous nous parler de votre sujet d'analyse et de sa contribution au champ de l'évaluation des politiques publiques ?

De manière générale, mon mémoire aborde une méthode d’évaluation, celle des expérimentations aléatoires, en tant que dispositif de quantification produisant une certaine mesure chiffrée d’impact et agissant dans un cadre socio-historique précis, sur un terrain au sein duquel interagissent divers acteurs. En particulier, il analyse l’utilisation de cette méthode dans le cadre du Fonds d’Expérimentation pour la Jeunesse, laboratoire de politiques publiques finançant des expérimentations sociales ainsi que leur évaluation. J’ai ainsi fait l’étude de dix-neuf cas d’expérimentations aléatoires, avec comme principal matériau de recherche leurs rapports d’évaluation et une approche inspirée du champ des Science and Technology Studies. Cela m’a permis de montrer que cette méthode, malgré l’attention qui lui est portée et la promotion qui en est faite, ne permet que la mesure d’un objet fort restreint et peu pertinent à lui seul pour une amélioration souhaitable des politiques publiques. Cette étude « de terrain » du Fonds d’Expérimentation pour la Jeunesse vise donc à servir de preuve des limites des expérimentations aléatoires. Elle ne demeure toutefois qu’une ouverture vers une considération plus sérieuse du pluralisme méthodologique ainsi que des rapports sociaux et de force qui traversent les champs de l’expérimentation sociale et de l’évaluation de politiques publiques. En effet, s'il semble commun, dans les communautés d’évaluateurs de politiques publiques, de mettre en valeur la complémentarité de différentes méthodes d’évaluation, surtout compte tenu des ressources qu’elles coûtent, c'est une approche qui reste rare du côté de la discipline économique.

Enfin, dans quelle mesure la rédaction de votre mémoire a-t-elle enrichi votre expérience académique et votre insertion professionnelle ?

Mon expérience académique fut enrichie par la rédaction du mémoire notamment grâce aux échanges réguliers organisés avec mon directeur de mémoire, Dominique Boullier, sociologue au Centre d’études européennes et de politique comparée, dont les références, la critique et les conseils contribuèrent à donner davantage de rigueur et de sens à mon travail. La structure standardisée du mémoire de l'EAP, comprenant des éléments tels qu'une revue de littérature interdisciplinaire ou une formulation particulière d’une problématique et de recommandations, restera un exemple pour mes prochaines expériences d’écriture académique. La rédaction de mon mémoire fut également récompensée par la Société Française d’Évaluation, qui organisa une remise de prix au Conseil Économique Social et Environnemental durant laquelle j’ai pu présenter mon travail de vive voix et rencontrer des acteurs du terrain. Enfin, cette expérience a définitivement ancré mon intérêt pour la recherche académique et mon envie de la poursuivre au niveau doctoral, en espérant qu’un tel projet voie bientôt le jour et puisse avoir une influence positive sur nos manières de voir et de vivre. 

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