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28.09.2021

Franck Gbaguidi, promotion 2018

Vous avez été diplômé d’honneur de l’École d’affaires publiques (EAP) en 2018. Pouvez-vous décrire votre parcours universitaire et professionnel ? 

Mon parcours universitaire a été marqué par une série de double diplômes plus passionnants les uns que les autres. J’ai commencé par un double cursus entre Sciences Po et la Sorbonne-Paris IV en lettres modernes et sciences sociales. J’ai ensuite effectué un deuxième double diplôme à Sciences Po avec l’université de la Colombie britannique (UBC) à Vancouver en science politique et études africaines. Au niveau master, j’ai suivi une double formation offerte par l’IRIS Sup’ et l’université de Bretagne occidentale (UBO) en relations internationales et administration publique. Puis, je suis revenu à Sciences Po pour un double Master avec l’université Columbia à New York en affaires publiques, en me spécialisant dans mes domaines de prédilection, à savoir l’énergie et l’environnement. J’ai aussi reçu un diplôme universitaire de l’université Paris II-Panthéon Assas en droit international économique en Afrique. Au total, j’ai été diplômé de sept établissements en sept ans. 

J’ai commencé mon parcours professionnel en parallèle de mes études. Ma première véritable expérience était à la direction des relations internationales de l’ENA, où j’étais chargé de programmes pendant un an. J’organisais des séminaires et visites d’études pour des hauts fonctionnaires venant d’Afrique et du Moyen-Orient. J’ai ensuite rejoint la Banque mondiale (BM), d’abord en tant qu’associé junior en relations internationales au bureau de Paris. À l’époque, je travaillais sur la COP21 et les relations de la BM avec les donateurs européens. Après mon déménagement à Washington, j’ai occupé le poste d’analyste auprès du vice-président de la BM en charge de l’Afrique puis de spécialiste en infrastructures auprès du vice-président en charge de ce portefeuille. Je travaille actuellement à la Société financière internationale (SFI), organisation du groupe de la Banque mondiale axée sur le secteur privé, comme conseiller auprès du directeur général. 

Quelles ont été les principales étapes de la construction de votre projet professionnel ? 

Trois grandes étapes m’ont aidé à élaborer sereinement mon projet professionnel. La première ? Mon engagement associatif à Sciences Po qui m’a permis de faire mes premières armes et commencer à tisser un réseau. Mes passages à l’association de Sciences Po pour l’Afrique (ASPA) comme responsable conférences et à l’Association de l’École d’affaires publiques (AEAP) comme représentant étudiant de la filière Énergie ont été extrêmement formateurs. J’ai rencontré des praticiens de renom dans mes secteurs favoris, je me suis plongé dans leurs travaux pour développer ma propre expertise et j’ai travaillé sans relâche pour mettre en place des projets et événements qui sortaient un peu des sentiers battus. J’ai adoré créer des ponts entre les différentes associations dans lesquelles j’étais impliqué. En y repensant, je crois avoir consacré autant de temps à mes engagements associatifs qu’à mes cours… Ces engagements m’ont aussi conforté dans ma volonté d’orienter ma carrière autour de centres d’intérêts connexes, à savoir l’action publique et le développement durable, avec un focus sur les économies émergentes et en développement. 

J’ai aussi beaucoup appris de mes interactions avec mes professeurs, au-delà du cadre des cours. Je garde un excellent souvenir de mon poste d’assistant de recherche auprès de Jonathan Elkind au Centre on Global Energy Policy à Columbia et de mon semestre en tant qu’assistant-enseignant auprès de Dr. Lisa Dale pour son cours Environmental Policy & Governance. Ces expériences ont façonné ma vision des grands enjeux contemporains et m’ont donné envie d’aller plus loin.  

C’est ce que j’ai fait avec la mise en place de plusieurs projets individuels de recherche. C’est là la troisième et dernière étape. S’il ne fallait retenir qu’un seul de mes projets, ce serait celui sur les crimes environnementaux au Bénin, sponsorisé par l’Earth Institute, que je considère encore comme mon introduction à la gestion de projet. Grâce à ces trois étapes fondatrices, j’ai tracé petit à petit les principaux axes de mon projet professionnel. 

Comment s'est déroulé le processus de recrutement à la Banque mondiale et quelles sont les principales caractéristiques de votre poste aujourd'hui ?  

Mon secret, c’est Sciences Po Carrières ! J’ai passé des heures à éplucher toutes les annonces intéressantes et à postuler à des rôles qui me correspondaient. C’est comme ça que j’ai obtenu mon poste à l’ENA et que j’ai décroché ma première expérience à la Banque mondiale. Pour le poste à la BM, j’ai passé quelques entretiens au bureau de Paris ainsi qu’un test écrit. Cela fait maintenant six ans que je travaille au sein du groupe. Dans mon rôle actuel, je conseille le directeur général de la SFI, notamment sur les questions climatiques et de développement durable. 

Quelles ont été les contributions de votre formation à l'École d'affaires publiques (EAP) envers la fonction que vous occupez aujourd'hui ? 

Multiples. J’ai particulièrement apprécié l’aspect très professionnalisant de la formation à l’EAP, notamment grâce à l’option « projet collectif », qui est une excellente introduction au travail de consultant. J’ai fait le mien avec la Banque européenne d’investissement (BEI) sur la gestion du risque carbone. C’était formidable. D’ailleurs, cette initiative m’a inspiré quelques années plus tard à créer et superviser deux projets collectifs permettant à des étudiants de Sciences Po d’avoir une première expérience professionnelle à la Banque mondiale. 

J’ai aussi aimé l’aspect très spécialisant de la formation grâce à la spécialité « Energy, Environment and Sustainability ». Cela m’a permis de suivre des cours très pointus et de développer une expertise facile à transférer à la Banque mondiale. Un exemple concret ? J’ai récemment développé le tout premier cours sur l’énergie de cuisson domestique et l’équipe que j’ai constituée est en train d’en préparer un second. 

Enfin, je retiens l’aspect international de la formation. C’était la première année où l’EAP proposait des masters en anglais, ce qui a permis d’attirer de nouveaux profils et d’enrichir l’expérience universitaire. Les étudiants étrangers apportaient de nouvelles perspectives, idées et expertises. Ce côté international est très similaire à mon environnement professionnel actuel. Le double Master était donc une excellente préparation à ce cadre-là.

Auriez-vous un conseil à donner à un étudiant qui souhaite s'orienter vers des carrières liées au développement aujourd'hui ? 

Il n’y a pas un chemin tout tracé pour travailler dans le monde du développement, et plus précisément dans les organisations internationales. Trois éléments peuvent aider : être passionné, être proactif et être patient. C’est ma règle des « 3P » : 1) être passionné parce que le monde du développement est vaste et peut être difficile à appréhender si on n’a pas un ou plusieurs secteurs de prédilection, 2) être proactif parce que les opportunités ne viennent pas facilement et qu’il faut souvent toquer à plusieurs portes pour construire son CV, 3) être patient parce que les processus de recrutement peuvent prendre beaucoup de temps et qu’il faut parfois quelques années pour faire ses preuves et avoir des responsabilités intéressantes. Mais le jeu en vaut la chandelle !

Pour en savoir plus sur le parcours de Franck, écoutez son livre audio Trouver sa raison d’être sur majelan. 

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