Mobilité globale et gouvernance des migrations – Le projet

Dans le cadre de l’appel à projet de l’ANR 2012, le thème Mobilité globale et gouvernance des migrations dirigé par Hélène Thiollet et Catherine Wihtol de Wenden a été retenu, pour une durée de 24 mois. En plus du CERI, il compte plusieurs partenaires appartenant à diverses institutions réunies dans un objectif de pluridisciplinarité : l’EHESS, IDDRI-Sciences Po, Migrinter CNRS,  l’Université Paris 13.

Résumé

La mobilité globale fait aujourd’hui partie de la texture sociale de la mondialisation et des relations internationales. Elle est à la fois une cause et une conséquence de la mondialisation et les réponses des institutions politiques nationales et internationales sont un enjeu clef de l’analyse de la gouvernance et des transformations sociales à l’échelle globale. Elle est un des points de tension de la modernité politique à l’échelle nationale et internationale. En s’intéressant tout à la fois aux organisations internationales, aux politiques migratoires nationales et régionales des Etats, aux modes d’organisation des espaces de vie des migrants et des réfugiés et aux dynamiques sociales transnationales de structuration de la mobilité, on observe le phénomène migratoire sous plusieurs angles et à différentes échelles. Les chercheurs impliqués dans ce projet ont choisi de privilégier une démarche empirique associée à un effort de systématisation qui emprunte à la science politique, à la sociologie, à l’anthropologie et à l’économie politique. Ils ont aussi choisi de lier leurs objets de recherche fondamentale à des enjeux politiques et sociaux immédiatement contemporains et à s’ancrer dans une réflexion scientifique sur l’action publique nationale et internationale, ses normes et ses principes vis-à-vis de la mobilité.

Ce projet a pour vocation de donner une description précise de la mobilité et de ses dynamiques politiques et sociales, notamment en s’intéressant à l’observation empirique des pratiques des acteurs de la gouvernance de la mobilité (Etats, organisations internationales,  migrants, réfugiés, réseaux). Il a pour objet d’élucider les représentations à l’œuvre dans ces pratiques, les dispositifs normatifs, idéologiques et identitaires qui les structurent.

Le premier axe de ce travail concerne les pratiques et les représentations de la gestion de la mobilité en politique internationale. Il a pour enjeu la mise en questionnement de la notion de gouvernance globale de la mobilité, incluant migrations économiques et flux de refugiés. Les organisations internationales, leur interaction avec les acteurs non gouvernementaux de la politique des migrations internationales et des flux de réfugiés sont au cœur d’un dispositif politique qui est à la fois fait de discours et de pratiques.

Le deuxième axe de ce projet observe les enjeux politiques de la gouvernance régionale des migrations dans deux espaces différenciés mais fortement marqué par leur contexte régional, l’Europe et le Moyen Orient. Il s’agit de déterminer la place de l’Etat dans la gouvernance de la mobilité à l’échelle régionale notamment dans le cas européen entre la fin du vingtième et le début du vingt-et-unième siècle. La « gouvernance » oscille entre intégration et « retour de l’Etat » dans la gestion des migrations internationales notamment avec la crise économique et financière,  et on étudie les manifestations de cette « réaction souverainiste » sur la mobilité des personnes.

Le troisième axe de ce projet s’attache à l’étude ethnographique des lieux de vie des réfugiés, les camps en ‘intéressant aux transformations sociales à l’œuvre dans ce espaces sociaux transnationaux institutionnalisés. Il s’intéresse notamment aux modes de gouvernance mise en œuvre par les acteurs humanitaires dans des contextes de conflits ou de crise et à l’autonomie (agency) des populations concernées et analyse celle-ci à travers la structuration et la matérialité des espaces de relégation et/ou confinement des réfugiés  à l’échelle globale.

Le quatrième axe de ce projet présente un dispositif prospectif qui vise à décrire les dispositifs contemporains les plus visibles de limitation de la mobilité –les murs et explorer des scenarii politiques d’ouverture des frontières et de libéralisation de la mobilité. Il constitue un complément et un prolongement théorique de l’ensemble des connaissances et analyses déployées dans le cadre de ce projet.