Christine Erhel, Mathilde Guergoat Larivière , Malo Mofakhami - La qualité de l’emploi et du travail en comparaison européenne : une contre-performance française ?

Christine Erhel, Mathilde Guergoat Larivière , Malo Mofakhami - La qualité de l’emploi et du travail en comparaison européenne : une contre-performance française ?

Christine Erhel est professeure au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM, Paris), titulaire de la chaire Economie du travail et de l’emploi, et directrice du Centre d’Études de l’Emploi et du Travail (CEET). Elle mène des recherches en économie du travail, particulièrement sur les questions de réformes du marché du travail et de qualité de l’emploi, notamment dans le cadre de projets européens. En 2020-2021, elle a rédigé le rapport de la mission pour la reconnaissance des travailleurs de la deuxième ligne, avec Sophie Moreau-Follenfant.

Mathilde Guergoat-Larivière est professeure des Universités en Sciences Economiques à l’Université de Lille et chercheuse au Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé). Elle est également chercheuse au Cnam-CEET. Elle travaille sur les thématiques de la qualité de l’emploi, de l’impact des innovations et de la transition écologique sur l’emploi, ainsi que sur les questions liées à l’égalité femmes-hommes. Elle a notamment participé au projet Quality of Jobs and Innovation Generated Employment Outcomes (QuInnE) et au projet Beyond 4.0.

Malo Mofakhami est chercheur en sciences économiques, maître de conférences à l’Université Sorbonne Paris Nord au CEPN et affilié au Centre d’étude de l’emploi et du travail (CEET) du CNAM. Il a soutenu sa thèse de doctorat en 2019 (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne) sur les relations entre emploi et innovation. Ses travaux portent sur les interactions entre technologie et emploi et en particulier le rôle des nouvelles technologies dans les mutations du travail et de l’emploi. Il étudie notamment les effets des technologies et des transitions sur les évolutions des métiers et des emplois (variations), mais également les effets en matière de qualité et conditions effectives du travail.

LA QUALITE DE L'EMPLOI ET DU TRAVAIL EN COMPARAISON EUROPEENNE : UNE CONTRE-PERFORMANCE FRANCAISE ?

Christine Erhel (CNAM- LIRSA CEET), Mathilde Guergoat Larivière (Université de Lille-Clersé, CEET), Malo Mofakhami (Université Paris Sorbonne Paris Nord - CEPN, CEET)
La crise sanitaire a contribué à remettre sur le devant de la scène l’importance du travail en même temps que les conditions difficiles dans lesquels il s’exerce en France pour certains travailleurs et travailleuses. La récente contestation de la réforme des retraites a également montré que les Français ne souhaitent pas prolonger leur durée de travail au-delà d’un certain âge. Ces événements ne sont pas tout à fait surprenants pour qui s’intéresse à la question de la qualité de l’emploi et du travail sur les dernières décennies, en particulier lorsque l’on compare la situation française à celle de ses voisins européens. 
Si les questions du sens du travail et de la soutenabilité du travail ont été beaucoup évoquées dans ces deux crises, le concept de qualité de l’emploi et du travail recouvre un ensemble d’éléments plus large et peut être appréhendé comme un concept multidimensionnel. Dans ce texte, nous revenons sur la définition internationale de la qualité de l’emploi et du travail, puis nous situons la France au regard des comparaisons internationales, avant de souligner les défis que posent les transformations technologiques à la qualité de l’emploi et du travail.
Comment définir la qualité de l’emploi et du travail ?
Les institutions internationales et européennes qui se sont emparées depuis la fin des années 1990 de la question de la qualité de l’emploi et du travail ont chacune développé leur propre approche, mais toutes ont retenu une définition multidimensionnelle. Le Bureau international du travail a tout d’abord mis en avant le concept de « travail décent » susceptible d’éclairer et de comparer des situations de pays très différents, en développement, émergents ou développés. L’Union européenne a ensuite défini sa propre approche de la qualité de l’emploi au début des années 2000, mobilisant des indicateurs validés par l’ensemble des pays membres au sommet de Laeken. Au niveau européen, la Fondation Européenne pour l’Amélioration des Conditions de Vie et de Travail (Eurofound) ainsi que l’Institut Syndical Européen (ETUI) ont également développé des approches multidimensionnelles de la qualité de l’emploi et du travail, avant que l’OCDE n’en fasse de même en 2013.
Un ensemble de travaux académiques sont venus discuter la pertinence de ces approches institutionnelles. Même s’ils retiennent des critères légèrement différents, les travaux socio-économiques existants sur la qualité de l’emploi et du travail envisagent l’ensemble des dimensions de l’emploi ayant des conséquences sur la situation objective et les trajectoires observables des travailleurs. La figure 1 résume les six principales dimensions que l’on retrouve dans les travaux comparatifs récents sur cette question : salaires, conditions d’emploi (type de contrat, sécurité de l’emploi), conditions de travail, formation et carrière, temps de travail et équilibre entre vie familiale et professionnelle, participation et représentation collective (Erhel et Guergoat-Larivière, 2016a, 2016b ; Mofakhami, 2019). Dans cette perspective, la qualité de l’emploi et du travail peut être directement influencée par les institutions et les politiques nationales (normes et droit du travail et de la protection de l’emploi, droit syndical et règles du dialogue social, politiques de formation, etc.). Elle est donc susceptible de varier fortement entre les pays. Au-delà des facteurs institutionnels, l’organisation du travail dans les entreprises joue également, notamment dans un contexte de fortes transformations technologiques.  
La France en position défavorable en termes de conditions de travail et de perspectives de carrière

Les résultats des travaux empiriques adoptant une approche multidimensionnelle de la qualité de l’emploi (Erhel et Guergoat-Lariviere, 2016a, 2016b ; Mofakhami, 2019) sont globalement convergents quant à la position relative des pays européens et aux différents « régimes » de qualité de l’emploi qu’il est possible d’identifier.

Ils opposent un ensemble assez large de pays présentant un niveau globalement élevé de qualité de l’emploi, avec de de bons niveaux de salaires, des taux élevés d’accès à la formation continue, une assez bonne représentation des salariés, un bon équilibre entre vie familiale et vie professionnelle, mais des taux de temps partiel élevés, y compris une forte proportion de temps partiel court. Ce groupe inclut les pays du Nord, où les conditions de travail apparaissent particulièrement favorables, mais aussi des pays continentaux (Allemagne, Autriche, Belgique, Luxembourg) et anglo-saxons (Irlande, Royaume-Uni). À l’opposé, les pays d’Europe centrale et de l’Est constituent un groupe caractérisé par de faibles salaires et des niveaux d’accidents du travail élevés, où l’emploi temporaire et le temps partiel sont moins développés, de même que l’accès à la formation continue. La France se situe dans un groupe intermédiaire, avec les pays du Sud (Italie, Espagne, Grèce et Portugal) et la Pologne, où la qualité de l’emploi est moins bonne que dans le premier groupe même si la situation en termes de salaires est plus favorable que dans le groupe d’Europe centrale et orientale. Dans ce groupe, le taux d’emploi temporaire est élevé et la représentation des salariés limitée. Les conditions de travail présentent un certain nombre de caractéristiques défavorables (positions fatigantes, délais serrés) et l’accès à la formation et les opportunités d’apprentissage sont réduites.

En matière de qualité de l’emploi et surtout du travail, la position de la France apparaît donc en décalage avec son niveau de richesse et avec ses institutions du marché du travail plutôt protectrices, qui la rapprochent de ses voisins continentaux comme l’Allemagne ou la Belgique. Si elle présente une situation plutôt favorable sur la dimension salariale, elle fait figure de mauvais élève du point de vue de l’environnement et des conditions de travail, mais également de vécu au travail.

Cette situation peut être analysée de manière plus détaillée à partir des enquêtes européennes sur les conditions de travail de l’Eurofound (conduites en 2005, 2010, 2015 et 2021), qui permettent d’appréhender de nombreuses dimensions des conditions de travail et d’emploi :  expositions aux risques physiques et biochimiques, intensité du travail, qualité de l’environnement de travail, qualité du temps de travail, stabilité de l’emploi et accès à la formation et évolutions de carrières…

Le tableau 1 permet de visualiser cette contre-performance française en matière de conditions effectives de travail sur les données les plus récentes de 2021 (voir aussi la contribution de Dominique Méda et Maelezig Bigi). Il présente les écarts à la moyenne européenne des indicateurs de conditions de travail et d’emploi de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, de la Pologne et du Royaume-Uni. Les conditions d’emploi sont légèrement meilleures en France, reflet, dans une certaine mesure, de normes du travail protectrices. Sur les autres dimensions (à l’exception de la part de temps de travail standard), la France présente une situation moins bonne que les autres pays. C’est particulièrement le cas sur les facteurs d’exposition aux risques physiques (ergonomie et risques biochimiques), environ 15% supérieurs à la moyenne européenne en 2021 alors que la France se démarque par une structure de l’emploi relativement peu industrielle.

Les autres aspects liés à l’organisation et l’environnement de travail (autonomie, intensité et environnement social) sont également peu favorables en moyenne. Si le travail atypique (longues heures de travail, travail de nuit, irrégularité des horaires) est moins fréquent en France, les possibilités de conciliation et la qualité de l’articulation du temps de travail avec le temps personnel sont plus mauvaises que pour l’ensemble des autres pays. Enfin, lesperspectives de carrières et la formation en emploi sont structurellement faibles en France, à l’image de l’Italie.

On ne relève pas d’amélioration en 2021 par rapport aux années précédentes de l’enquête (2005, 2010, 2015), confirmant le décalage entre les caractéristiques structurelles de l’économie française et la qualité du travail déclarée par les salariés.   

Sur le volet de la santé au travail et du bien-être, la France se situe également en dessous des partenaires européens. En 2021, soit un an après le pic de la pandémie de Covid-19, 39% des travailleurs français déclarent que leur santé est à risque du fait de leur activité professionnelle, 6 points de plus que la moyenne des travailleurs européens (33%). Si l’on met ce chiffre au regard du nombre de travailleurs français qui déclarent avoir un conseil ou un délégué chargé de la santé et la sécurité au travail (70% contre une moyenne européenne de 76% - 84% en Allemagne), la situation semble particulièrement alarmante en France.

Cette situation est une source de préoccupation d’autant plus importante dans un contexte marqué par le développement de nouvelles technologies et les impératifs de transition environnementale qui font évoluer les besoins en compétences et la demande de travail et sont également susceptibles d’impacter la qualité de l’emploi et du travail à l’avenir.


Encadré méthodologique

À partir des enquêtes européennes sur les conditions de vie réalisée par l’Eurofound, nous établissons un ensemble d’indicateurs permettant de mesurer quatre des six dimensions de la qualité de l’emploi et du travail présentées plus haut (conditions d’emploi, conditions et qualité du travail, temps de travail et équilibre entre vie familiale-vie professionnelle, et accès à la formation et perspectives de carrières). Ces indicateurs sont construits au niveau des individus répondant à l’enquête, selon des méthodologies éprouvées (Erhel et Guergoat-Lariviere, 2016 ; Eurofound, 2020 ; Mofakhami, 2019), puis agrégés par pays pour permettre d’obtenir une situation moyenne au niveau national. L’absence d’indicateurs sur les salaires et la représentation collective nous conduit à ne retenir que 4 des 6 dimensions initiales.


Le tableau 1 présente les écarts à la moyenne européenne des indicateurs de conditions de travail et d’emploi issus de cette méthodologie pour un ensemble de pays sélectionnés. Ces écarts sont construits sur l’ensemble des pays de l’Union européenne plus le Royaume-Uni et la Norvège. Par souci de lisibilité, on présente ici simplement les valeurs correspondant aux grands pays de chaque ensemble (pays continentaux, méditerranéens, scandinaves, anglo-saxons et d’Europe centrale et orientale).

La qualité de l’emploi et du travail face aux défis des transformations technologiques 

Si la qualité de l’emploi est influencée par les politiques publiques et les institutions du marché du travail, elle est également liée aux changements technologiques et organisationnels à l’œuvre dans les entreprises (Guergoat-Larivière et Mofakhami, 2021 ; Duhautois et al., 2020 ; Mofakhami, 2021).

L’adoption d’innovations sur le lieu de travail a des effets ambigus sur la qualité du travail (Mofakhami, 2019, Eurofound, 2020) : si elle semble améliorer la stabilité des contrats et la rémunération, elle conduit à accroître l’intensité du travail (horaires plus importants et variables, difficulté de concilier vie personnelle – professionnelle) et la pression au travail (charge de travail élevée, plus de stress, etc.). À cela s’ajoutent aussi plus de risques physiques en emploi pour les travailleurs moyennement et peu qualifiés.

Certaines analyses soulignent que les effets des innovations sur la qualité des emplois sont contrastés selon les groupes sociaux. Ainsi, selon une analyse sur données françaises (Duhautois et al., 2020), les innovations technologiques bénéficient majoritairement aux emplois qualifiés, cadres et professions intellectuelles, tandis qu’elles tendent à réduire l’emploi et les salaires des employés et ouvriers.

Les études sur les usages des technologies numériques soulignent également certains risques en matière d’intensité et de pression au travail. Des travaux qualitatifs menés dans plusieurs pays européens (Gautié et al., 2020) au sein des secteurs de la logistique, de l’aéronautique et de la banque montrent que, si ces technologies améliorent les conditions d’emploi pour certains travailleurs (dans l’aéronautique ou la banque), les efforts dus à la réadaptation organisationnelle induite par les innovations conduisent à plus de stress et plus d’intensité au travail.

Ces problèmes se posent de manière particulièrement forte dans les secteurs de la logistique et des transports (Benvegnù et Tranchant, 2020 ; Eurofound, 2018), où les technologies numériques ont également tendance à intensifier le rythme de travail tout en réduisant l’autonomie et la partie « intelligente » du travail, allant jusqu’à interroger l’avènement d’une forme de néo-taylorisme numérique. 

Malgré ces tendances, il est intéressant de soulever que certaines pratiques d’organisation du travail plus répandues dans les pays scandinaves notamment peuvent représenter un levier positif pour le développement des technologies et la qualité du travail. Plusieurs travaux (Felstead et al., 2020 ; Lorenz, 2015) montrent que des pratiques de gestion de l’emploi dites « apprenantes » (learning capacity ou high-performance work system) améliorent la productivité et la capacité d’adoption technologique en améliorant la formation, la qualité des contrats, mais aussi en favorisant la participation active et l’autonomie des travailleurs. Ces modèles sont surreprésentés dans certains secteurs (intensifs en connaissance et technologie), mais leur surreprésentation dans certains pays comme les pays scandinaves et certains pays dits continentaux (Allemagne, Belgique et Pays-Bas), semble montrer qu’il est possible d’améliorer les conditions de travail et les performances par le biais de nouvelles pratiques de dialogue social et de qualité de l’emploi.

Conclusion

Dans un contexte français, déjà caractérisé par des performances moyennes en matière de qualité de l’emploi et surtout du travail, les changements technologiques ainsi que les crises économiques, sanitaires et sociales successives sont susceptibles d’accroître les risques portant sur certains travailleurs, notamment les moins qualifiés et les plus précaires. Les défis que posent les nouvelles technologies (plateformes numériques, IA générative, réindustrialisation), mais aussi les nécessaires transitions environnementales, sont fortement liés aux enjeux de la qualité de l’emploi et du travail. Quelles que soient les dimensions retenues, une amélioration est indispensable pour gérer ces transitions. La formation et le développement de nouvelles compétences sont cruciaux pour adapter l’offre de travail aux nouvelles demandes, mais ne suffisent pas en soi. L’amélioration des conditions de travail notamment dans les métiers en tension et indispensables à l’économie (notamment ceux de la première et la seconde ligne durant la pandémie) est essentielle pour assurer une offre suffisamment nombreuse et de qualité (cf la contribution de Christine Erhel). Les gains de productivité potentiels visés par des investissements en compétences et en technologie semblent peu dissociables d’une amélioration conjointe des conditions de travail, de la stabilité des emplois et de la qualité de l’environnement social.

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Consultez les autres textes de la série "Que sait-on du travail ?"

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Références

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DUHAUTOISs Richard, ERHEL Christine, GUERGOAT-LARIVIÈRE Mathilde, MOFAKHAMI Malo, (2020), « More and Better Jobs, But Not for Everyone: Effects of Innovation in French Firms », ILR Review, p. 27.

ERHEL Christine, GUERGOAT-LARIVIÈRE Mathilde (2016a), « Innovation and Job Quality Regimes: A Joint Typology for the EU », QuInnE Working Paper, WP5-2-2016.

ERHEL Christine, GUERGOAT-LARIVIÈRE Mathilde (2016b), « La qualité de l’emploi », Idées économiques et sociales, 185, 3, p. 19‑27.

EUROFOUND (2018), Automation, Digitalisation and Platforms Implications for Work and Employment, Publications Office of the European Union, Luxembourg.

EUROFOUND (2020), Working conditions in sectors, Publications Office of the European Union, Luxemburg, Publications Office of the European Union.

FELSTEAD Alan, GALLIE Duncan, GREEN Francis, HENSEKE Golo (2020), « Getting the Measure of Employee‐Driven Innovation and Its Workplace Correlates », British Journal of Industrial Relations, 58, 4, p. 904‑935.

LORENZ Edward, 2015, « Work Organisation, Forms of Employee Learning and Labour Market Structure: Accounting for International Differences in Workplace Innovation », Journal of the Knowledge Economy, 6, 2, p. 437‑466.

GAUTIÉ Jérôme, JAEHRLING Karen, PEREZ Coralie (2020), « Neo-Taylorism in the Digital Age: Workplace Transformations in French and German Retail Warehouses », Relations Industrielles / Industrial Relations, 75, 4, p. 774‑795.

GUERGOAT-LARIVIÈRE Mathilde, MOFAKHAMI Malo (2021), « Innovations, emplois, inégalités », La Vie des idées.

MOFAKHAMI Malo (2019), Étude des interactions entre dynamiques d’innovation et qualité de l’emploi : une relation déterminante au cœur des mutations du travail à l’œuvre au sein de l’Union européenne, phdthesis, Université Panthéon-Sorbonne - Paris I.

MOFAKHAMI Malo (2021), « Is Innovation Good for European Workers? Beyond the Employment Destruction/Creation Effects, Technology Adoption Affects the Working Conditions of European Workers », Journal of the Knowledge Economy.

                

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