L’interactivité peut faciliter l’apprentissage des étudiants pendant le temps qu’ils passent en cours magistraux. Cet article présente plus particulièrement une technique d’interactivité, appelée « réfléchir-s’associer-partager », qui permet aux étudiants de devenir des apprenants actifs.
Le cours magistral n’est plus ce lieu de transmission de savoir unidirectionnelle : il se construit avec les étudiants. Il peut même être interactif, et ce, quel que soit le nombre d’étudiants. Ainsi, un cours construit en veillant à la participation de ses étudiants accroît l’efficacité de l’apprentissage qui a lieu pendant les heures de cours magistral.
En effet, des travaux de recherche montrent que le cours magistral traditionnel est loin d’être optimal : les étudiants ont tendance à mieux maitriser les concepts lorsqu’il est interactif et qu’ils sont mis en situation d’apprenants actifs (par exemple Crouch & Mazur, 2001 ; Hake, 1998 ; Lorenzo, Crouch & Mazur, 2006). Bien que ces travaux de recherche portent largement sur des enseignements en sciences, des travaux menés sur l’interactivité en cours magistral dans des disciplines des sciences humaines et sociales montrent aussi une amélioration de l’apprentissage (par exemple en sociologie Mollborn & Hoekstra, 2010).
Plusieurs techniques ou activités existent pour rendre le cours magistral interactif. L’une d’entre elles est issue d’une stratégie d’apprentissage collaboratif appelée « réfléchir-s’associer-partager » (« Think-Pair-Share »). En cours magistral, l’enseignant pose une question à ses étudiants, puis leur demande de réfléchir quelques instants de façon individuelle. Après, l’enseignant demande à ses étudiants de comparer leurs réponses avec leurs voisins et de s’expliquer pourquoi ils ont répondu comme ils l’ont fait. Enfin, les étudiants sont invités à partager leurs réponses avec le reste des étudiants du cours magistral, par exemple par un mécanisme de vote en amphi.
J’ai appliqué cette technique en cours magistral de microéconomie et ai trouvé cinq avantages majeurs :
Ce type de stratégie de pédagogie active peut prendre un peu de temps sur le cours magistral, mais le regain d’attention des étudiants fait économiser du temps dans l’apprentissage global. Les bénéfices sont largement supérieurs aux inconvénients.
Eric Mazur, professeur en sciences physiques, est connu pour avoir développé et fait connaitre des méthodes de pédagogie active en cours magistral : ses conseils sont très utiles. Aussi, dans un article largement cité de 1993, Alison King, professeure en psychologie de l’éducation, propose d’autres méthodes de pédagogie actives pouvant être intégrées à un cours magistral. Ces méthodes ont toutes pour avantage de rendre les étudiants actifs pendant le cours. Les chercheuses Tara Gray et Laura Madson (2007) proposent aussi des conseils très utiles pour rendre un cours magistral interactif.
Enfin, dans un autre article, je reviendrai sur l’utilisation de systèmes de réponses instantanées qui sont aussi une méthode particulièrement utile pour favoriser l’interactivité (par exemple Régnier, 2013).
Questions pour la préparation des enseignants :
Anne BORING, Maître de conférences en économie, Erasmus University Rotterdam et chercheuse affiliée au LIEPP et PRESAGE, Sciences Po.