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20.03.2019

Pour piloter les changements, un manager doit pouvoir s’adosser à un corpus de savoirs

Didier Demazière, directeur de recherche au CNRS et membre du Centre de Sociologie des Organisations (CSO), prend la direction de l’Executive Master Sociologie et dynamiques managériales. Il souligne l’apport de la sociologie comme levier pour définir une stratégie d’action dans les organisations. Entretien.

Quels sont les principaux enjeux à l’origine des transformations des organisations et des pratiques managériales aujourd’hui ?

Didier Demazière - Trois principaux mouvements de fond expliquent les transformations à l’œuvre dans les organisations, qu’elles soient publiques ou privées. Le profond renouvellement des technologies, avec le numérique, modifie les process et le contenu du travail. Il favorise à la fois l’autonomie des personnes et le développement de dispositifs d’évaluation. Pour le management, ces évolutions ont des conséquences sur la façon de prescrire, d’organiser et de contrôler le travail. Par ailleurs, la montée en puissance des enjeux sociétaux, avec la diffusion de normes sociales et l’importance des questions de RSE et d’éthique, impacte fortement les pratiques managériales. Enfin, la place croissante des enjeux économiques - par ex. la multiplication des normes, les exigences de rentabilité et de réactivité, les contraintes budgétaires,… – transforme aussi l’organisation du travail et le management.

Quelles sont les compétences indispensables pour gérer et accompagner le changement au sein d’une organisation ?

Didier Demazière - Face aux changements multiples, les organisations ont besoin de compétences et de savoir-faire diversifiés et pointus. Le management devient une activité de plus en plus collective. L’ met l’accent sur cette capacité du manager à mobiliser et à s’entourer des compétences et des savoirs spécialisés nécessaires. Ce contexte exige aussi des compétences transversales chez le manager : des capacités d’analyse et de compréhension des situations nouvelles, la faculté de bien situer son propre rôle dans l’organisation et de donner du sens aux évolutions pour entraîner ses équipes. Autrement dit, il faut être capable de prendre du recul tout en étant dans l’action !

Quel est l’apport de la sociologie à la compréhension des dynamiques managériales ?

Didier Demazière - La sociologie enseigne qu’il n’existe ni réponses générales, ni recettes clés en mains pour affronter le changement. Elle rappelle que les situations et les pratiques sont liées au contexte propre à chaque organisation, avec son histoire, sa culture, ses acteurs et leurs parcours particuliers. La sociologie n’est pas normative. Elle met en lumière le caractère non linéaire et non convergent des transformations dans les organisations. Ainsi, au travers d’activités comme la learning expedition à l’étranger et l’enquête collective, les participants découvrent d’autres univers de travail, d’autres façons de raisonner qui favorisent la prise de recul et la réflexivité.  

Comment votre approche de chercheur au Centre de Sociologie des Organisations (CSO) va-t-elle inspirer la formation ?

Didier Demazière - La démarche de chercheur en sociologie des organisations ne sépare pas la production de connaissances de l’action. Elle invite à construire des ponts entre la découverte de nouveaux savoirs et la définition d’une stratégie d’action. Dans l’Executive Master, la sociologie est appréhendée comme un levier : pour piloter les changements, un manager doit pouvoir s’adosser à un corpus de savoirs et de méthodologies qui vont nourrir sa réflexion. La formation construit des articulations fortes entre savoirs disciplinaires et des situations concrètes de travail, de pratiques managériales. Il accorde une grande importance à la réalisation d’enquêtes, collectives et individuelles, qui permettent d’analyser en profondeur une situation puis de proposer un plan d’action.  

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