Accueil>Portrait de Mathilde Lecornet
19.08.2024
Portrait de Mathilde Lecornet
POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE VOTRE PARCOURS ACADÉMIQUE ? COMMENT EST NÉ VOTRE INTÉRÊT POUR LA SOCIOLOGIE ?
Après un baccalauréat scientifique, j’ai intégré une classe préparatoire aux grandes
écoles B/L (lettres et sciences sociales) qui m’a permis de préparer le concours d’entrée à Sciences Po. La rencontre avec la sociologie comme discipline académique a été déterminante, mon premier amour ayant été la littérature.
Je me suis toujours interrogée sur le monde qui m’entoure et sur ce qui fonde les relations sociales, les valeurs, les hiérarchies, la place des minorités ou la répartition des richesses : j’apprécie avec la sociologie le désenchantement du monde qui permet de l’appréhender dans sa complexité tout en s’émancipant des idées reçues.
J’ai refusé à la sortie de la khâgne d’abandonner la littérature : j’ai suivi une licence à la Sorbonne en parallèle de mon master, et la poésie a rejoint la sociologie comme sujet de mon mémoire.
QUE VOUS ONT APPORTÉ VOS ANNÉES D’ÉTUDES À L’ÉCOLE DE LA RECHERCHE ? QUELS SOUVENIRS GARDEZ-VOUS DE VOTRE ÉCOLE, DE VOTRE PROMOTION ?
L'École de la recherche a été un lieu riche d’enseignements à plusieurs titres. J’ai
beaucoup apprécié la diversité de la maquette pédagogique, qui m’a permis d’étudier la sociologie du genre, des sciences ou encore de l’action publique. Je trouve également important que les étudiants soient formés aux méthodes qualitatives et quantitatives, les séminaires de méthode ayant été des moments cruciaux pour comprendre comment se fabrique la recherche en sciences sociales, dont tant de professions ont besoin.
Les promotions du master de sociologie ont des effectifs assez restreints, ce qui
invite à mieux connaître ses camarades et avec eux leurs sujets de recherche, leurs évolutions, leurs doutes, leurs réflexions méthodologiques ou théoriques. De manière plus personnelle, j’y ai noué des amitiés qui se sont renforcées au fil des années et sont très importantes aujourd’hui.
« L'École de la recherche a été un lieu riche d’enseignements à plusieurs titres. J’ai beaucoup apprécié la diversité de la maquette pédagogique, qui m’a permis d’étudier la sociologie du genre, des sciences ou encore de l’action publique. Je trouve également important que les étudiants soient formés aux méthodes qualitatives et quantitatives, les séminaires de méthode ayant été des moments cruciaux pour comprendre comment se fabrique la recherche en sciences sociales, dont tant de professions ont besoin. »
Mathilde Lecornet
Gestion de projets culturels, communication, relations avec les auteurs, éditeurs et organisateurs de manifestations littéraires pour le Printemps des Poètes
QUEL EST L’ENSEIGNANT-E QUI VOUS A LE PLUS MARQUÉE ?
Mon directeur de mémoire, Pierre François, m’a encouragée dans l’approfondissement d’un sujet encore confidentiel et liant deux disciplines, sociologie et mondes de l’art, entre lesquelles le dialogue est encore peu développé. J’ai passé des heures passionnantes en sa compagnie à décortiquer les étapes des carrières de poètes contemporains et à étudier les normes qui régissent le milieu littéraire.
QUELLE FONCTION OCCUPEZ-VOUS AUJOURD’HUI ?
Je travaille au Printemps des Poètes, structure ayant pour vocation de promouvoir la poésie à l’échelle nationale et dans les réseaux de la francophonie. J’y réalise de nombreuses missions, de la gestion de projets culturels à la communication en passant par les relations avec les auteurs, éditeurs et organisateurs de manifestations littéraires.
QUELLES ONT ÉTÉ LES PRINCIPALES ÉTAPES DE LA CONSTRUCTION DE VOTRE PROJET PROFESSIONNEL ?
Je n’ai jamais eu à proprement parler de projet professionnel, ayant eu la chance d’aimer les études, et la malchance de m’intéresser à trop de choses pour en choisir une très tôt.
En sortant de Sciences Po, je me suis dit qu’il y avait probablement quelque chose à faire de la singularité de mon parcours et je me suis orientée vers la culture au sens large, en cherchant toujours à me servir de mon bagage en sociologie. J’ai complété mon cursus universitaire par une formation en administration afin de monter en compétences sur les aspects financiers et juridiques de la gestion de projets culturels. Finalement, j’ai eu l’opportunité d’entrer au Printemps des Poètes qui m’a permis de lier ensemble mes compétences de sociologue, mon goût du contact avec des publics et ma passion pour la littérature.
QUELLES ONT ÉTÉ LES CONTRIBUTIONS DE VOTRE FORMATION À LA FONCTION
QUE VOUS OCCUPEZ AUJOURD'HUI ?
Ma formation en sociologie a été structurante dans ma construction en tant que personne et en tant que professionnelle, la seconde découlant évidemment de la première.
La sociologie m’a appris à me méfier des nombreux biais de pensée que l’on peut rencontrer dans le cadre du travail, à comprendre les mécanismes sous-jacents au fonctionnement d’une organisation, elle m’a donné une rigueur d’analyse utile au quotidien.
Les méthodes apprises lors de mon master me servent encore à réaliser des enquêtes, synthèses et autres bilans indispensables à la gestion de projets culturels, permettant en conséquence d’agir aux bons endroits.
AURIEZ-VOUS UN CONSEIL À DONNER À UN-E ÉTUDIANT-E QUI SOUHAITE S'ORIENTER VERS LE SECTEUR D’ACTIVITÉ DANS LEQUEL VOUS TRAVAILLEZ AUJOURD'HUI ?
Échanger au maximum.
Les trajectoires sont souvent très singulières dans ce milieu, et il est parfois étonnant de voir quelles ont été les passerelles d’une formation à un emploi, ou d’une entreprise à une autre.
A celles et ceux qui croient que travailler dans la culture est difficile, je conseillerais d’entendre les récits de personnes qui y réussissent : cela aide à relativiser et à se projeter dans son propre parcours. C’est aussi un moyen de mieux appréhender toutes les structures, toutes les institutions, tous les métiers qu’on ne connaît pas encore, dans un secteur où l’image qu’on se fait d’un travail a souvent peu à voir avec sa réalité concrète.