Accueil>Tiphaine Lours, Promotion 2022

28.08.2022

Tiphaine Lours, Promotion 2022

Pouvez-vous retracer votre parcours universitaire ?

Après avoir obtenu un baccalauréat ES, j’ai intégré le double diplôme Histoire-Sciences Sociales entre Sciences Po et Sorbonne Université : je souhaitais suivre un parcours académique aussi pluridisciplinaire que possible, tout en nourrissant ma passion pour l’histoire grâce aux enseignements dispensés à Paris IV.

Lors de ma troisième année à l’étranger, j’ai rejoint le département d’archéologie de University College Cork en Irlande : j’y ai découvert la paléopathologie, branche qui étudie les maladies et les évolutions dégénératives observées chez les populations passées. Cette rencontre avec l’archéologie m’a profondément marquée et a durablement transformé mon regard sur la discipline historique. Une fois de retour en France au sein du master Histoire de l’Ecole de la Recherche, il me semblait primordial de travailler sur un sujet en lien avec l’histoire du corps pour mon mémoire de recherche.

J’ai ainsi décidé de mettre mes compétences en anatomie nouvellement apprises en Irlande au service de l’histoire de la médecine. Mon mémoire de master, sous la direction de Paul-André Rosental, porte sur l’histoire des greffes de tissus en France entre 1820 et 1880, travail pour lequel j’ai été désignée lauréate 2020 du Comité pour l’Histoire de l’INSERM. Au terme de mon master, j’ai été mise en avant comme étudiante d’honneur de l’Ecole de la recherche lors de la cérémonie de remise du diplôme 2022.

Mon parcours universitaire n’est pas encore terminé puisque j’entame à la rentrée 2022 ma première année de doctorat au Centre d’Histoire de Sciences Po et au laboratoire SPHère.

Comment est né votre intérêt pour l’Histoire ?

Ma passion pour l’Histoire remonte à l’enfance : je garde un souvenir éblouissant des leçons sur la Révolution française de ma maitresse de CM2 ! Évidemment, je n’ai découvert que bien plus tard l’Histoire comme discipline scientifique, une fois rentrée à l’université. J’ai alors compris toute l’élégance de cette matière, qui allie à la fois rigueur scientifique et créativité, tant dans la façon de créer de nouveaux objets historiques que dans les méthodes mobilisées pour explorer ces pistes de recherche originales. Je dois préciser que lors de mon double cursus, ma rencontre avec Julie Pilorget, docteure en histoire médiévale, a été fondamentale dans la construction de mon projet professionnel en lien avec l’Histoire, car c’est grâce à son exemple que je me suis autorisée à rêver d’une carrière dans la recherche.

Que vous ont apporté vos années d’études à l’École de la recherche ?

Au sein du master Histoire, j’ai acquis de solides bases historiographiques grâce à la variété des enseignements proposés et les échanges avec l’équipe pédagogique. L’expérience du mémoire m’a aussi appris à mener un travail de recherche dans son ensemble en relative autonomie : construire un sujet et sa problématique, choisir les méthodes appropriées pour questionner les sources, consulter des archives, présenter clairement les conclusions de son travail, etc. Cet exercice est très formateur car il pousse à la fois à explorer en profondeur une question et à synthétiser les éléments saillants de la recherche ainsi menée. Il permet en outre de développer ses capacités rédactionnelles, l’écriture de l’histoire devant concilier la scientificité du propos tenu et les enjeux narratifs de la mise en récit.

Sur un plan plus personnel, les séminaires de recherche, où la participation orale est valorisée, m’ont fait prendre confiance en moi et en la légitimité de mes interventions lors des discussions collectives. Cette confiance m’a aussi permis de recevoir sereinement les critiques d’autrui tout au long de la réalisation de mon mémoire et de profiter de celles-ci pour améliorer mon travail et mes méthodes de recherche.

Quel est l’enseignant-e ou l’enseignement qui vous a le plus marqué ?

Il est difficile de ne citer que quelques noms tant les échanges avec les enseignants du master ont été riches au fil des cours : tous ont fait preuve d’une remarquable disponibilité à chaque fois que je les ai sollicités et je les en remercie. En particulier, Paul-André Rosental, mon directeur de recherche, m’a énormément appris tout au long de mes trois années de master : son expertise, son exigence mais aussi sa bienveillance ont fait du travail de mémoire un exercice épanouissant et enrichissant. Elissa Mailänder, qui m’avait déjà marquée en deuxième année de collège universitaire avec son cours « Gender, Sexuality and Mass Dictatorship : Revisiting Nazi Germany », m’a aussi beaucoup impressionnée par ses thématiques de recherche, souvent émotionnellement exigeantes, et par ses qualités en tant qu’enseignante.

Quels souvenirs gardez-vous de votre école, de votre promotion, de vos enseignant-e-s ?

Étant en situation de handicap, mon master Histoire au sein de l’École de la recherche a été aménagé sur trois ans. La facilité avec laquelle mes aménagements ont été mis en place, puis le suivi régulier de l’évolution de mes besoins par l’administration, ont rendu ces années particulièrement sereines pour moi sur le plan de l’accessibilité. 
Cela étant dit, plusieurs semestres de mon master ont été grandement bouleversés par la crise du covid19, avec ses confinements et ses contraintes sanitaires. L’accès aux archives en fut compliqué ; les interactions avec les professeurs et les étudiants ont aussi été transformées par les nouvelles modalités d’enseignement à distance. En dépit de ces contraintes, je garde le souvenir d’une stimulation intellectuelle toujours intense grâce à la variété et la complémentarité des séminaires proposés. Les échanges avec mes camarades de promotion furent aussi passionnants et ont doublement contribué à la construction de mon projet de recherche et à faire évoluer certaines de mes opinions sur divers débats historiographiques.

Quels sont vos projets après votre diplôme ?

Cette première expérience de la recherche en master m’a convaincue de poursuivre mes études en thèse. J’ai adoré travailler sur l’histoire des greffes de tissus entre 1820 et 1880 pour mon mémoire et il n’était pas question que j’abandonne ce sujet au bout de seulement trois ans, tant il soulève des questions fascinantes. J’ai donc candidaté à divers contrats doctoraux avec un projet de thèse construit comme le prolongement de mon mémoire : il vise à étudier le développement des connaissances médicales et des pratiques opératoires relatives aux greffes de tissus et aux transplantations d’organes en France entre 1820 et 1920. Plusieurs de ces candidatures ont été fructueuses, et je serai donc à partir de septembre 2022 doctorante en Histoire de la médecine au Centre d’Histoire de Sciences Po et à SPHère, laboratoire CNRS rattaché à Université Paris Cité.

Auriez-vous un conseil à donner à un-e  étudiant-e qui souhaiterait postuler en master d’histoire ?

Il me semble primordial de trouver un sujet de recherche qui vous plaise tout particulièrement, étant donné le temps consacré à celui-ci au cours du master et les périodes de stress que ce travail peut engendrer. Il faut aussi être suffisamment ouvert d’esprit pour explorer tous les pistes de recherche envisageables, afin de pouvoir se laisser surprendre par certains des résultats obtenus. Enfin, sur la question du handicap, il ne faut surtout pas se censurer et ne pas craindre de viser haut : l’administration du master Histoire est prête à vous soutenir et à rendre vos études pleinement accessibles.

En savoir plus