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27.03.2022

Marie DURRIEU, Promotion 2020

Pouvez-vous retracer votre parcours universitaire ?

J’étais en Première Scientifique au Lycée Français de Barcelone lorsque j’ai appris l’existence des campus délocalisés de Sciences Po Paris qui combinaient ouverture internationale, pluridisciplinarité et vie étudiante dynamique.  La découverte de Sciences Po et du cursus euro-américain de Reims a immédiatement convaincu l’élève dubitative que j’étais de quitter les sciences dures pour les sciences sociales. 

Après 2 années riches en découvertes et en apprentissages sur le campus de Reims où j’ai eu l’occasion de découvrir les différentes disciplines proposées par Sciences Po, ce sont les Relations Internationales qui ont retenu mon attention. Avant de choisir définitivement mon master, j’ai effectué une troisième année tout aussi intense que particulière à l’Université du Texas à Austin où j’ai choisi d’étudier la philosophie - discipline que j’affectionne et que j’avais laissée de côté depuis le Lycée. Finalement, c’était bel et bien vers les Relations Internationales que je souhaitais me diriger.

J’ai longuement hésité entre un master à l’École d’Affaires Internationales de Sciences Po ou un master à l’École Doctorale qui propose un cursus en Science Politique mention Relations Internationales. La voie de la recherche m’a finalement semblée être un chemin qui me permettait de combiner à la fois ma vocation pour les affaires internationales et mon intérêt pour l’analyse conceptuelle propre à la philosophie. Pendant deux ans j’ai donc suivi le master à l’École Doctorale de Sciences Po qui combine apprentissage de la recherche en sciences sociales et de ses méthodes, acquisition d’un bagage solide en Science Politique et approfondissement des enjeux internationaux.

Par ailleurs, dans le cadre de ce master j’ai été amenée à élaborer un mémoire de recherche. J’ai choisi de travailler sur le rôle de l’humiliation en relations internationales encadrée par le Professeur Frédéric Charillon. J’ai eu l’occasion d’approfondir un sujet peu exploré dans la discipline, de faire une enquête de terrain en Israël et en Palestine, et de rédiger un mémoire que j’ai, par la suite, publié en livre chez l’Harmattan (*). Ce fut une expérience passionnante qui a été déterminante pour la suite de mon parcours.

La recherche, quand on y goute on ne la quitte plus. En intégrant le master de l’École Doctorale je n’avais pas pour objectif de faire une thèse, mais prise de passion par mon sujet, j’ai finalement décidé de poursuivre en doctorat. Actuellement, je suis en 2ème année de thèse et je suis doctorante contractuelle associée à l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire (IRSEM).

Que vous ont apporté vos années d’études à L’École de la recherche (Ex École doctorale) ?

Pour moi l’École de la recherche a marqué un tournant à plusieurs niveaux.

Premièrement, mes trois premières années à Sciences Po m’ont permis de découvrir un spectre très large de connaissances et compétences en sciences sociales. Cependant, je ressentais le besoin de me spécialiser et d’approfondir davantage. Mon entrée à l’École Doctorale a doublement comblé ce désir. D’une part, les enseignements dispensés m’ont permis d’approfondir les notions et les concepts en Science Politique et Relations Internationales. D’autre part, j’ai acquis une connaissance fine des méthodes et outils de la recherche qui me permet à présent de continuer à approfondir certains enjeux internationaux en autonomie. Par exemple, depuis que j’ai quitté l’École de la recherche, j’ai eu l’occasion de publier plusieurs articles qui proposent une analyse des événements de l’actualité internationale. Or, ma capacité à proposer un décryptage des affaires internationales découle en grande partie de la formation que j’ai suivie.

Deuxièmement, lorsque j’ai intégré l’École Doctorale, je ne souhaitais a priori pas faire de thèse. (Je ne savais d’ailleurs par très bien où est-ce que j’allais finir une fois diplômée !) Or, je suis actuellement en 2ème année de thèse : il est donc clair et net que c’est l’École Doctorale qui m’a permis de trouver ma voie. En ce sens, je suis extrêmement reconnaissante envers les encadrants de cette formation, notamment le Professeur Guillaume Devin qui dirigeait le master et le Professeur Frédéric Charillon qui encadrait mon mémoire, de m’avoir permis de trouver une vocation !

Quels souvenirs gardez-vous de votre école, de votre promotion et de vos enseignant-e-s ?

Pour moi l’École Doctorale est un petit microcosme particulier à Sciences Po. La recherche est une voie souvent incomprise par ceux qui ne la choisissent pas, par conséquent, l’École de la recherche est un petit univers à part. C’est un univers où les débats théoriques fusent à la machine à café et où les déjeuners sont rythmés par des échanges sur les derniers ouvrages empruntés. C’est un univers où nos professeurs sont ceux qui ont écrit nos manuels et qui animent les conférences auxquelles on assiste. C’est un univers où on cherche continuellement à comprendre le monde qui nous entoure et ses mécanismes. C’est un univers prompt à la réflexion qui est très souvent stimulant et quelques fois angoissant…

Quelle fonction occupez-vous aujourd’hui ?

Je suis actuellement doctorante et enseignante.

J’effectue une thèse qui ambitionne d’explorer l’opérationnalité de l’humiliation dans les relations internationales, notamment au Moyen Orient. Je travaille sous la codirection des Professeurs Frédéric Charillon et Thomas Lindemann, au sein du Centre Michel de l’Hospital. De plus, mon contrat doctoral étant financé par la DGRIS (département du Ministère de la Défense) je suis, de ce fait, doctorante associée à l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire.

Par ailleurs, je combine mes recherches avec plusieurs activités d’enseignement. J’assure plusieurs TD en Science Politique et Relations Internationales sur le campus de Reims. C’est  particulièrement touchant pour moi d’être passée de l’autre côté de la salle de cours à l’endroit où mon parcours académique a commencé. J’étais à la place de ces étudiants il n’y a pas si longtemps que ça et je suis ravie de pouvoir partager ma passion avec eux. J’enseigne également un cours magistral d’introduction à la Science Politique à l’Université de Clermont Ferrand Auvergne. Une expérience complètement différente mais tout aussi formatrice et enrichissante. De plus, j’ai plusieurs autres projets d’enseignement pour le futur, dont un cours qui combine simulation de négociations et Théories des Relations Internationales que je vais proposer pour la première fois cet été à la summer school de Sciences Po. Je n’aurais jamais imaginé enseigner… mais finalement c’est une activité que je trouve extrêmement stimulante et que je recommande à toute personne qui se lance dans le processus solitaire d’une thèse ! 

(*) Publications 

Marie Durrieu> : Du conflit israélo-palestinein au nucléaire iranien : l'humiliation, la variable oubliée des négociations. Collection Bibliothèque de l'iReMMO - Maghreb, Moyen Orient - Edition l'Harmattan (Septembre 2021)

Marie Durrieu : « Nous avons été humiliés » : le discours du Kremlin sur les années 1990 et la crise russo-ukrainienne, Article in The Conversation (27 février 2022)

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[ Mars 2022 ]