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10.11.2023

Anna Seignovert, promotion 2023

Anna Seignovert (crédits : Romain Precetti)

Pouvez-vous décrire votre parcours universitaire et professionnel ? 

J’ai eu la chance d’avoir un parcours académique extrêmement riche, qui m’a permis d’évoluer dans des environnements différents et multiculturels, traduit par une forte mobilité internationale au Japon, en Bosnie-Herzégovine, en Chine puis en Australie. De nationalité Franco-Russe et ayant largement grandi à l’étranger avant de rejoindre les bancs de l’université, je dirais que cette dynamique fut donc une aubaine pour moi. J’ai débuté en 2017 par un bachelor en sciences politiques à Sciences Po Bordeaux, durant lequel j’ai pu faire une année d’échange à l’Université de Kyushu au Japon. J’ai réalisé avec cette année que j’avais une fascination pour cette région et vouloir ainsi décentrer l’analyse des relations internationales, qui me paraissait trop souvent euro-centrée et ne prenant pas suffisamment en compte le rôle des collectivités territoriales.   

C’est pourquoi le double master ‘Europe and Asia in Global Affairs’ entre Sciences Po, l'École d’affaires publiques et Fudan University s’est rapidement avéré être une évidence et le programme idéal qui conjugue à la fois les politiques publiques, les relations internationales, l’Asie et, cerise sur le gâteau, une spécialisation en environnement. Pourtant au fil des rencontres, de la diversité des enseignements de Sciences Po et de Fudan University, et des stages effectués, la place de la spécialisation dans le domaine environnemental a pris une bien plus grande place que je ne le pensais. 

C’est vraiment le hasard de stages et une année de césure entre le M1 et le M2 qui ont mué cet intérêt pour les enjeux de la transition écologique en une ambition professionnelle. Le format très flexible qu’offre Sciences Po m'a incité à prendre mon temps et à cumuler quelques expériences professionnelles dans l’aménagement du territoire, la diplomatie et l’alimentation. 

Quelles ont été les étapes majeures de la construction de votre projet professionnel ?

J’ai rejoint pendant mon M1 l’Union mondiale des marchés de gros (WUWM) où une de mes missions reposait sur l’analyse de l’inscription des acteurs du dernier-kilomètre alimentaire dans la transition agroécologique. Cette expérience m’a beaucoup appris sur le rôle de l’agriculture dans la construction de nos territoires et de nos villes, qui malheureusement ces dernières décennies se sont souvent  définies en opposition à l’agriculture. 

Dans cette continuité, j’ai souhaité m’orienter vers des institutions publiques afin de comprendre la déclinaison de ces enjeux dans les politiques publiques. C’est ainsi que j’ai travaillé, dans le cadre d’un stage, à la Commission de développement durable de l’Assemblée nationale, durant laquelle j’ai principalement été impliquée dans la conduite de missions d’information dont notamment celle portant sur le rôle et l’avenir du commerce de proximité dans l’aménagement du territoire. Puis, j’ai terminé ma césure par un stage auprès du service SCAC de l’Ambassade de France à Sarajevo, où j'ai intégré une équipe formidable qui m’a fait découvrir un pays passionnant et la région des Balkans Occidentaux au sens large. De même, elle m’a fait comprendre l’importance des coopérations décentralisées, réitérant ainsi le rôle pivot qu’endossent les territoires. 

À tout ceci doit s’ajouter des engagements personnels notamment auprès de la GAUC (Global Alliance of Universities on Climate) qui je dois avouer fut la dernière pièce du puzzle me poussant à m’orienter pleinement dans cette voie. Je pense que j’ai été embarquée dans ce mouvement portée par des étudiants venant des quatre coins du monde, chacun apportant son expertise, mais tous désireux d’avoir un impact face au changement climatique. Nous avons par exemple avec quatre autres étudiantes porté un projet visant à accélérer le bouclage des cycles des nutriments, via le recyclage des déchets organiques en compost afin de les mettre à disposition aux petits agriculteurs opérant en zone péri-urbaine. 

Selon vous, quels seront vos prochains défis ?

En tant que jeune diplômée, beaucoup d’idées fourmillent. Pour l’instant je poursuis une spécialisation scientifique en environnement à Melbourne où j'apprends davantage sur les modes d’intégration de la connaissance locale, et avant tout indigènes et aborigènes, dans la gestion de nos écosystèmes et de nos territoires. Après quoi je vais rejoindre en janvier 2024 la Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature (DGALN) au Ministère de la Transition écologique, où je travaillerais autour des enjeux d’urbanisme commercial dans un contexte de sobriété foncière et de requalification de nos territoires, que ce soit des centres-villes, des zones péri-urbaines ou zones rurales.

Quelles ont été les contributions de votre formation à l'École d'affaires publiques, et plus particulièrement de votre double diplôme avec Fudan et la spécialité Energy, Environment and Sustainability, envers la fonction que vous occupez aujourd'hui ?  

Au vu du fait que je suis novice dans le milieu professionnel, je répondrais plutôt sur ce que le master m’a apporté. Le double master entre Sciences Po et Fudan University est selon moi très complémentaire. D’une part à Sciences Po, et notamment à travers la spécialité Energy, Environment and Sustainability, j’ai pu appréhender une diversité de thèmes allant de la transition énergétique, à l’agriculture, la biodiversité ou encore la gestion des ressources naturelles. En somme, cela m’a permis d’acquérir, en plus d’un parcours jusque-là principalement ancré dans les sciences politiques, des compétences techniques pour mieux comprendre les mécanismes et interactions complexes des systèmes socio-écologiques. D’autre part, mon année à Fudan University, qui met un véritable accent sur la recherche académique, m'a permis d’acquérir de solides connaissances méthodologiques en sciences politiques, à me questionner et à apprendre comment formuler des questions, notamment dans des environnements particuliers comme la Chine. C’est donc une combinaison qui me semble très utile pour travailler dans le domaine des politiques publiques, particulièrement dans le domaine de la transition écologique qui requiert une transversalité dans les savoirs, ainsi que la co-création d’un dialogue et d’un langage commun entre l’ensemble des disciplines.

Auriez-vous un conseil à donner à un ou une étudiant(e), futur jeune diplômé(e) ?

Cela peut paraître un peu cliché, mais je dirais saisissez toutes les opportunités qui s’offrent à vous et soyez curieux ! J’ai autant appris sur les bancs de l’école qu’à l’extérieur. C’est un tout. Sans l’équipe pédagogique et administrative, mes camarades de promotion, mes amis, ma famille et les personnes avec qui j’ai pu travailler, je n’aurais sans doute pas fait la moitié du chemin. Pour cela je voudrais les remercier. Je pense que Sciences Po offre un environnement unique et propice pour que chacune et chacun puisse explorer ses domaines d’intérêt et aller hors de sa zone de confort au vu de la diversité des profils des étudiants de l’école. Prenez le temps d’observer autour de vous et laissez-vous emporter, cela peut vous réserver beaucoup de belles surprises. Je me suis retrouvée comme ça en Bosnie-Herzégovine, en Chine (pendant la période Covid certes) et en Australie. De même j’étais partie pour m’orienter vers les métiers de la diplomatie, et pourtant j’ai découvert l’urbanisme, l’agriculture et d’autres sujets liés à la transition écologique … et j’adore ça. Enfin n’ayez pas peur de faire des erreurs car d’une part c’est normal et d’autre part c’est comme ça au fond qu’on apprend. Je pense qu’on l’oublie un peu trop souvent quand on est étudiant entraîné par l’urgence, la pression sociale ou encore le besoin insatiable d’avoir un impact sur nos sociétés.


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