Les rapports économiques du capitalisme ne s’observent pas à l’œil nu. L’enchevêtrement de la circulation des marchandises, l’usage d’unités de compte monétaires, le mécanisme indirect des interactions par les prix ou la division internationale du travail rendent la structure sociale illisible. L’ouvrière du Bangladesh, la caissière française, le trader de Wall Street sont pris dans des liens d’interdépendance rigoureux mais opaques, qui créent l’ambiguïté au sujet de questions fondamentales : qui travaille pour qui, qui décide pour qui ? 

Il est possible de répondre et de mettre en évidence, contre l’illusion libérale de l’égalité contractuelle, les rapports d’appropriation et de pouvoir qui traversent notre société. Comme l’avait dit Marx, ces rapports se révèlent inhérents au fonctionnement même du système capitaliste. Mais ce système ne peut être analysé à partir du seul face- à-face entre employeur et salarié, en particulier à l’heure des réseaux de production internationaux, de la finance et de la rente : il doit être compris comme un mode de coordination qui se déploie à tous les niveaux.

Un horizon d’émancipation se dessine alors qui n’est pas celui d’un retour à des communautés locales, ni d’une mobilisation générale au service d’une économie de guerre, mais d’institutions de synchronisation à grande échelle des fins et des capacités de chacun.

Ulysse Lojkine, postdoctorant CRIS - AxPo présente son ouvrage paru aux Éditions de la Découverte, lundi 19 mai 2025, à 13h, salle B.001 (Campus Saint-Thomas).

Discutant : Emanuele Ferragina (Sciences Po - CRIS).