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08.10.2025
Prochaines soutenances, automne 2025
Plusieurs doctorants du CRIS arrivent au terme de leur scolarité à l'automne 2025. Leurs sujets de thèse montrent la diversité des approches et des méthodes pour l'analyse des inégalités sociales, menées dans le centre.
- Camille Gillet, soutenance le 13 octobre 2025, à Sciences Po.
Les politiques d’égalité de genre au sein des universités
Jury : Jérôme AUST (Sciences Po - CSO), Laure BERENI (CNRS-CMH), Sophie JACQUOT (UCLouvain), Christine MUSSELIN (Sciences Po - CSO), Anne Revillard (Sciences Po-CRIS & LIEPP, Directrice de recherche), Elise VERLEY (Sorbonne Université - GEMASS).

Dans l’espace académique, l’institutionnalisation de la cause des femmes renvoie généralement à l’institutionnalisation des recherches sur le genre ainsi qu’au déploiement d’enseignements sur le sujet. Cependant, cette focalisation sur la recherche et l’enseignement masque un autre mouvement concomitant : l’émergence de politiques d’égalité femmes-hommes sous la forme de « missions égalité ». Depuis 2013, les établissements publics d’enseignement supérieur ont pour obligation de nommer des référent·es dédié·es au pilotage et à la mise en œuvre de politiques locales d’égalité femmes-hommes. Ces missions égalité ont un rôle transversal de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, d’action en faveur de l’égalité professionnelle, de formation mais aussi de sensibilisation autour de ces questions.
Cette thèse propose donc d’ouvrir la "boite noire" de l’introduction d’une perspective de genre dans le gouvernement des établissements d’enseignement supérieur français. Elle le fait à l’aide des outils théoriques de la sociologie de l’action publique, du militantisme, des universités et du genre.
Cette thèse montre comment cette petite politique publique particulière – la lutte contre les inégalités de genre à l’université – se trouve en tension entre une volonté d’agir pour la cause des femmes dans le champ académique et un ensemble de contraintes propres à une institution universitaire marquée par des réformes successives.
A partir d’une enquête par entretiens, de l’analyse d’une base de données prosopographique et d’une étude des plans d’actions pour l’égalité des universités françaises, cette thèse contribue à la sociologie de l’action publique d’égalité de genre, tout en présentant une analyse des effets des transformations universitaires néolibérales sur les enjeux de lutte d’égalité de genre.
- Laudine Carbuccia, soutenance le 4 novembre 2025, à Sciences Po.
Déterminants de l’écart socioéconomique dans l’accès aux modes d'accueil de la petite enfance en France : une approche intégrative et multi-niveaux
Jury : Carlo Barone (Sciences Po - CRIS, co-directeur de recherche), Lawrence Berger (University of Wisconsin–Madison), Coralie Chevallier (INSERM / ENS-PSL, co-directrice de recherche), Orla Doyle (University College Dublin), Daniel Nettle (CNRS / ENS-PSL), Lidia Panico (Sciences Po - CRIS), Michel Vandenbroeck (Ghent University), Wim Van Lancker (KU Leuven).

Cette thèse analyse les facteurs sous-jacents des inégalités d’accès aux modes d'accueil formels (par exemple les crèches). Elle commence par un paradoxe : malgré une offre relativement disponible et abordable, la France reste l’un des pays de l’OCDE où les disparités d’accès selon le milieu socioéconomique des familles sont les plus marquées.
Adoptant une approche interdisciplinaire et mixte — incluant une revue systématique de littérature internationale, 207 entretiens semi-directifs, un essai contrôlé randomisé auprès de 1 859 ménages, 52 heures d’observation directe, des techniques de décomposition et des méthodes d’apprentissage automatique (machine learning) —, cette recherche retrace les mécanismes aux niveaux micro et méso qui génèrent des schémas d’inégalités à l’échelle macro.
Les résultats montrent que le système d'accueil formel du jeune enfant produit des barrières informationnelles, administratives et symboliques qui empêchent des familles ayant de moindres ressources sociales, culturelles et économiques d’obtenir une place. Bien que l’expérimentation aléatoire à grande échelle montre que l’accompagnement personnalisé peut contribuer à égaliser le processus de candidature, il ne réduit pas les inégalités globales d’accès.
Une évaluation réaliste met en lumière les raisons de ce constat : l’accompagnement réduit la charge cognitive et améliore les connaissances des familles, mais une offre saturée et insuffisante — combinée à des critères d’attribution — continue de désavantager les ménages précaires.
Dans l’ensemble, cette recherche démontre que soutenir les démarches des familles vulnérables est nécessaire mais insuffisant sans réformes simultanées du côté de l’offre, telles que l’augmentation des capacités d’accueil, la simplification des parcours d’accès, la réduction des charges administratives et la révision des procédures d’attribution. Au-delà de la petite enfance, elle illustre comment des services conçus pour promouvoir l’égalité peuvent, en pratique, renforcer la stratification sociale s’ils ne sont pas mis en œuvre en tenant compte des ressources dont disposent les populations les plus vulnérables.
- Andrew Zola, soutenance le 28 novembre 2025, à Sciences Po.
L’opinion publique dans l’économie politique des transformations de l’État‑providence : crise, continuité et sens commun
Jury : Emanuele Ferragina (Sciences Po - CRIS & LIEPP, Directeur de recherche), Jane Gingrich (University of Oxford), Maria Grasso (Queen Mary, University of London), Colin HAY (Sciences Po - CEE & LIEPP), Staffan Kumlin (University of Oslo).

Cette thèse propose une perspective originale sur les attitudes à l’égard de l’État‑providence, envisagées comme le reflet du sens commun du public — c’est‑à‑dire l’ensemble des croyances partagées et tenues pour acquises, ancrées dans le contexte de l’économie politique. Elle analyse ces attitudes dans une perspective longitudinale : d’une part, à travers les générations, afin de saisir les évolutions de long terme ; d’autre part, au cours de la pandémie de COVID‑19, pour comprendre comment les forces économiques et politiques qui orientent la transformation de l’État‑providence façonnent également les attentes des individus et des publics qui en dépendent.
L’analyse mobilise sept ensembles de données couvrant trente pays et introduit dans le champ des politiques sociales des méthodologies âge ‑période‑cohorte. Dans l’ensemble, les résultats mettent en évidence, dans la plupart des contextes nationaux, un réalignement générationnel vers des attentes centrées sur l’emploi, un affaiblissement de la solidarité envers certains groupes de bénéficiaires, et le constat que même les crises les plus sévères ne semblent pas, à court terme, infléchir cette trajectoire.
La thèse contribue à la littérature sur les politiques sociales en proposant un cadre conceptuel qui établit un lien entre l’analyse des attitudes individuelles et les débats macro‑structurels sur la transformation de l’État‑providence. Elle montre comment l’opinion publique peut jouer un rôle de légitimation dans l’adaptation des politiques sociales aux contraintes budgétaires engendrées par la transition post‑industrielle.
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