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25.04.2025

Avec Ankit Sikarwar : L’apport des images satellites et de nouvelles approches face aux inégalités environnementales

Ankit Sikarwar a rejoint le CRIS en mars 2025. En acceptant de répondre à quelques questions, il nous offre un éclairage sur ses compétences et les valeurs qui l’animent en tant que chercheur.
Pour plus d’informations, consultez également son site  : https://sites.google.com/view/ankitsikarwar/.

Qu’est-ce qui vous a inspiré POUR faire de la recherche en sciences sociales et environnementales ?

Ayant grandi dans un village en Inde, j’ai été confronté à des problèmes environnementaux – comme la pollution de l’air, les pénuries d’eau ou la chaleur extrême – qui ne relevaient pas seulement de questions techniques ou scientifiques, mais profondément sociales. Tout le monde est concerné par ces défis, mais certains sont bien plus durement touchés : en particulier les ménages les plus pauvres et ceux vivant dans des zones non viabilisées ou difficiles d’accès. Ces réalités du quotidien m’ont marqué. Au fil du temps, et avec ma formation en démographie et en géographie, je me suis de plus en plus intéressé à la manière dont les enjeux environnementaux se recoupent avec ces inégalités.

Où avez-vous reçu votre formation dans ce domaine ?

J’ai d’abord été formé à la géographie à l’Université Maharaja Sayajirao de Baroda, puis je me suis spécialisé en études de population à l’International Institute for Population Sciences (IIPS) à Mumbai. Par la suite, j’ai effectué un postdoctorat à l’Institut national d’études démographiques (INED) à Paris. J’ai eu la chance de travailler dans différentes disciplines et de collaborer avec des institutions en Inde, en France et aux États-Unis, ce qui a vraiment façonné ma perspective interdisciplinaire.

Quels outils et méthodologies utilisez-vous dans vos recherches ?

J’utilise largement des outils géospatiaux et statistiques. Je me concentre sur l’intégration de données satellitaires avec les bases de données démographiques classiques. Cette approche me permet d’explorer des questions complexes sur les risques environnementaux et les inégalités sociales de manière originale et riche en données.

Quelles techniques innovantes avez-vous adoptées ou souhaiteriez-vous utiliser dans vos travaux ?

Je développe de nouveaux indicateurs d’exposition et d’inégalités environnementales à partir de données spatiales à haute résolution. Je m’intéresse particulièrement aux méthodes permettant de quantifier les multiples contraintes environnementales et la façon dont elles interagissent avec les vulnérabilités sociales. 

Quelles sont les découvertes ou résultats les plus marquants de vos recherches ?

Ankit Sikarwar (CRIS) (crédits : Bernard Corminboeuf, CNRS-CRIS)

Mes recherches (en collaboration avec mes co-auteurs) ont permis de mieux comprendre la complexité des inégalités environnementales. Par exemple :

  • En Afrique subsaharienne, le nombre de personnes exposées à au moins trois risques environnementaux extrêmes simultanés, est passé de 47 millions à 292 millions entre 2000 et 2019,
  • L’effet positif de l’exposition à la verdure pour réduire le risque de mortalité liée au COVID-19 est atténué par la privation matérielle, ce qui souligne la nécessité de prendre en compte les contextes socio-économiques dans les études sur la santé environnementale,
  • La périurbanisation dans certains villages du Gujarat, en Inde, dévalorise fortement la participation des femmes au marché du travail, remettant en cause les discours habituels sur la croissance urbaine et l’égalité de genre.

Quelles questions restent encore sans réponse et que souhaitez-vous explorer maintenant ?

Comment les risques multiples – environnementaux, sociaux et liés aux infrastructures – interagissent-ils pour affecter la santé et le bien-être ? Et comment concevoir des seuils ou des indicateurs adaptés au contexte pour mieux cibler les actions, notamment dans les pays à revenu faible ou intermédiaire où les défis sont plus aigus et les solutions souvent limitées ?

Légende de l'image de couverture : Ankit Sikarwar (crédits : Bernard Corminboeuf, CNRS-Sciences Po CRIS)