Les chercheuses Mélusine Boon-Falleur, Elise Huillery (Université Paris Dauphine) et Coralie Chevallier (INSERM, ENS, Institut Jean Nicod) publient dans les PNAS, la revue officielle de l’Académie nationale des sciences des Etats-Unis, les résultats d’une recherche originale portant sur les biais induits par les procédures, notamment algorithmiques, d’admission dans le supérieur (post-bac).

L’attente : un outil de sélection sociale des étudiants

L’étude, menée par ces spécialistes de l’éducation et des sciences cognitive a porté sur plus de 270000 lycéens français, durant 3 années. Le constat, validant une hypothèse de psychologie cognitive, est que  le délai entre les demandes d’orientation (vœux APB) des étudiants et les notifications d’affectations n’est pas neutre. Il affecte particulièrement certains profils lycéens, issus de milieux socioéconomiques défavorisés. Ces étudiants se montrent sont enclins à attendre une confirmation d'affectation, même si cela ne représente pour eux aucun coût ni aucun risque. Les chercheuses notent que l’assurance immédiate d’une place dans un établissement est préférée, au détriment d'un vœu plus motivé ou d’un établissement plus prestigieux. Les procédures de sélection introduisent de fait des inégalités non désirées, résultant de facteurs psychosociaux comme la confiance en soi, la pression sociale, l’information sur les procédures ou la maîtrise de l’incertitude.    

Les scientifiques émettent un certain nombre de recommandations pour rendre plus équitables les procédures, notamment réduire l’attente et une meilleure information sur les délais et les chances d’accéder à la formation ; un message de confiance peu couteux à mettre en place. 

Accès à l'article original (en anglais) : https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2426604122 
Accès au pré-print (open access) :  https://osf.io/preprints/osf/f7w3v_v1 
Résumé en français (CNRS/INSHS) : https://www.inshs.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/lattente-un-outil-de-selection-sociale-des-etudiants