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22.07.2025
Étudier le genre et l’égalité au Collège universitaire : des parcours pluriels
Chaque année, des élèves du Collège universitaire de Sciences Po obtiennent, en plus de leur diplôme de Bachelor, la Certification “Genre et égalité”. Tout au long de leur parcours d’études, les étudiantes et les étudiants qui le souhaitent peuvent explorer les études sur le genre au travers d’enseignements, d’expériences de terrain et la rédaction d’une analyse (Grand Écrit) sur un sujet de leur choix.
Politiques de santé, droits des femmes migrantes, violences sexistes, représentations artistiques ou encore législation européenne : la richesse et la diversité de leurs parcours témoignent de la vitalité d’un champ académique en constante évolution. Zoom sur les parcours de sept élèves.
Paula Rincón Muñiz
Reims, Mineure Amérique du nord ; Majeure Humanités Politiques
Son Grand Écrit : Renforcer la CEDAW pour garantir les droits des femmes migrantes et sans abri

“Faire mes études supérieures dans un monde marqué par des inégalités économiques croissantes et des dynamiques complexes de mobilité humaine m’a poussée à consacrer mes stages d’engagement civique à des femmes migrantes et sans-abri, en France et en Espagne. Ces expériences m’ont permis de mieux comprendre les conditions structurelles qui enferment les femmes dans des cycles de pauvreté et d’exclusion sociale. Lorsqu’elles sont confrontées à la violence, ces femmes se heurtent souvent à des obstacles systémiques qui entravent leur accès à la justice, qu’il s’agisse de la langue, des différences culturelles ou d’une méfiance vis-à-vis des institutions. L’exclusion persistante des femmes migrantes et sans logement dans deux pays européens, pourtant démocratiques, m’a amenée à me poser la question suivante : les cadres internationaux offrent-ils réellement les outils nécessaires pour protéger les droits et la dignité de ces femmes ? Cette interrogation a été le moteur de mon Grand Écrit, dans lequel j’évalue l’efficacité de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), adoptée en 1979 par l’Assemblée générale des Nations Unies. Mon analyse met en lumière les écarts entre les politiques affichées et leur mise en œuvre concrète, révélant une application encore trop inégale de la CEDAW. Je formule ainsi une série de recommandations politiques pour renforcer son mandat et accroître l’ambition à l’échelle mondiale. Dans un ordre mondial qui criminalise souvent la mobilité tout en reposant sur l’exploitation de la main-d’œuvre migrante – notamment le travail de soins assuré par les femmes –, j’explore également comment les politiques fondées sur l’identité peuvent devenir des outils de résistance et de survie pour les femmes en mouvement. À travers ce travail, j’espère contribuer à repenser des systèmes de protection fondés sur la justice, l’équité et le soin.”
Son conseil pour les étudiantes et étudiants qui souhaitent obtenir la Certification “Genre et égalité” : C’est la quête d’un avenir féministe qui m’a d’abord menée vers la politique et m’a incitée à postuler à Sciences Po. Une fois arrivée sur le campus de Reims, j’ai saisi chaque occasion d’apprendre et de me développer : au cours des trois dernières années, j’ai participé à diverses initiatives étudiantes, suivi plus de cinq cours sur les questions de genre, et dévoré tous les ouvrages féministes intersectionnels qui me passaient entre les mains ! Portée par une approche plurielle du plaidoyer, et forte de ce cadre théorique, j’ai pu défendre des actions ambitieuses en faveur de l’égalité de genre lors de conférences des Nations Unies telles que la 69e session de la Commission de la condition de la femme (CSW69) et la COP29 sur le climat et montrer que le féminisme peut être un levier de transformation systémique. Alors que les droits des femmes reculent sur la scène internationale, des Certifications comme celle-ci ne sont pas seulement des outils indispensables pour faire avancer les choses, mais rappellent également qu'un monde, des institutions et des communautés dirigés par des femmes ont toutes les chances de prospérer.
Matisse Sapotille

Campus de Paris ; Majeure Économie et Société
Son Grand Écrit : La promotion de la santé sexuelle en France
“Ayant réalisé mes expériences de terrain dans un centre de santé sexuelle communautaire destiné aux personnes LGBTI+ et aux travailleurs et travailleuses du sexe, je me souhaitais montrer la pertinence d’une offre de santé destinée à un public spécifique. Au cours de la rédaction de mon Grand Écrit je me suis également intéressé à d’autres stratégies, comme la nécessité de prendre en charge les patients sans sécurité sociale, de développer une politique de prévention, etc., qui permettraient d’améliorer la santé sexuelle en France.”
Son conseil pour les étudiantes et étudiants qui souhaitent obtenir la Certification “Genre et égalité” : Restez ouvertes et ouverts au monde qui vous entoure, sortez de votre zone de confort. Les thématiques abordées dans les cours liés aux études de genre sont larges alors profitez-en pour en apprendre sur tous les sujets !
Priscillia Mutatayi
Campus de Reims, mineure Afrique ; Majeure Humanités Politiques
Son Grand Écrit : Le parcours de reconstruction des femmes primo-arrivantes victimes de mutilations sexuelles féminines

“Frappée par l’urgence et la
complexité de la prise en charge des femmes migrantes victimes de mutilations sexuelles féminines (MSF), j’ai choisi d’explorer ce sujet à l’issue de mon stage civique au Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles, des Mariages Forcés et autres pratiques néfastes (GAMS). Cette expérience m’a conduite à fonder une antenne de l'association à Sciences Po, aujourd’hui reconnue comme initiative étudiante, pour poursuivre ce combat au sein de notre institution. À travers ce Grand Écrit, j’ai voulu montrer que les MSF ne sont pas seulement des questions d’un “là-bas”, souvent stigmatisées comme exotiques" et/ou “barbares”, mais des réalités qui nous concernent ici. Elles ne connaissent pas de frontières et se rejouent là, dans les silences administratifs, les failles médicales, les manquements des praticiens et les méandres déshumanisants de la demande d’asile. Ce travail propose des pistes concrètes pour une prise en charge globale : ces femmes ne quémandent ni la pitié, ni la charité, mais souhaitent le respect de leur dignité, à travers un accompagnement à la hauteur de leurs blessures.”
Son conseil pour les étudiantes et étudiants qui souhaitent obtenir la Certification “Genre et égalité” : Restez curieuses et curieux : la diversité des perspectives est la clé pour comprendre les enjeux de genre. Mais l’ouverture d’esprit ne suffit pas, elle doit s’accompagner d’une écoute attentive, prête à remettre en question vos certitudes ! C’est cette combinaison, entre curiosité et écoute, qui fait avancer la réflexion et nourrit un vrai changement.
Sarina Soleymani
Campus de Menton, mineure Méditerranée-Moyen-Orient ; Majeure Humanités Politiques
Son Grand Écrit : La vie imite-t-elle l'art ? Usages politiques de l'art par les femmes iraniennes et palestiniennes

“Mon Grand Écrit explore comment les femmes iraniennes et palestiniennes mobilisent l’art pour agir sur leurs représentations, construire une solidarité autour de leurs causes et s’engager politiquement, tant à l’échelle locale qu’internationale, ainsi que les défis auxquels elles sont confrontées dans ces démarches. Il s'agit de souligner l'importance d'étendre l'accès inconditionnel aux pratiques artistiques pour ces communautés en mettant en évidence les dimensions humanitaires et sociopolitiques de l'art, notamment en ce qui concerne sa relation au pouvoir et au savoir, ainsi que l'influence des acteurs internationaux et privés sur ces pratiques. Le sujet m'a intéressée en tant qu'Iranienne : au cours de mes études universitaires, j’ai fait l'expérience directe de l'utilisation de l'art par ma communauté lors du mouvement « Femme, Vie, Liberté », j’ai aussi assisté aux défis subséquents à la liberté d'expression artistique. Dans le même temps, j'ai eu l'occasion de suivre un cours donné par l’anthropologue Marion Slitine qui a travaillé sur des questions similaires en Palestine (notamment sur la censure, la politisation de l'identité, l'art en tant que résistance, la construction de la solidarité par l'humanisation et la représentation authentique, de la partialité du public...). C’est ce qui m'a incité à explorer ces sujets avec une perspective de genre.”
Son conseil pour les étudiantes et étudiants qui souhaitent obtenir la Certification “Genre et égalité” : Impliquez-vous émotionnellement dans le sujet ! Cela vous aidera à approfondir vos recherches, à échanger avec davantage de personnes, à suivre plus de cours et à vous engager pleinement dans un parcours en études de genre, jusqu’à l’obtention de la Certification “Genre et égalité”. N’oubliez pas : les questions de genre et d’égalité nous concernent toutes et tous. En explorant ce que cela signifie pour vous personnellement, vous prendrez conscience de l’importance de vous former sur ces questions et de vous mobiliser pour ces causes.
Katharina Gummich
Campus de Nancy, mineure Union Européenne, partenariat Franco-Allemand ; Majeure Humanités Politiques
Son Grand Écrit : Améliorer les réponses de l'Union européenne aux violences sexistes et sexuelles
