Histoire

Pourquoi la chaire OMEGA ?

Le nom OMEGA incarne la vision ambitieuse et transversale de la chaire « Outre-mer et changements globaux ». 

Dernière lettre de l'alphabet grec, Omega symbolise la complétude, la synthèse des savoirs, des disciplines et des territoires. Elle évoque une approche holistique des enjeux contemporains, en particulier ceux qui touchent les mondes ultramarins. Ce « grand O » peut être vu comme une métaphore de l'Océan, espace de vie, de circulation, de mémoire et de transformations. Il fait également écho à Sciences Ô, l'association des étudiants ultramarins de Sciences Po, en s'inscrivant dans une tradition de pensée ouverte, fluide et interdisciplinaire. 

Héritée de la Grèce antique, puissance maritime et berceau de la pensée philosophique, la lettre Omega convoque aussi la mer (Thalassa), avec tout son potentiel poétique : l'infini, le voyage, la frontière, le mystère. Enfin, dans une démarche prospective, Omega marque une fin qui ouvre sur un renouveau : penser les futurs possibles comme les devenirs des sociétés et des écosystèmes. 

OMEGA est ainsi un symbole fort, à la croisée des sciences, des arts, des territoires et des imaginaires.

Genèse

La Chaire Outre-mer est fondée sur l’article 51 de la LOI n° 2017-256 du 28 février 2017 de programmation relative à l'égalité réelle outre-mer et (ÉROM) portant autres dispositions en matière sociale et économique. M. Ferdinand Mélin-Soucramanien, professeur de droit public à l'université de Bordeaux et constitutionnaliste français est à l'origine de l'idée même de cette chaire. Il a œuvré à ce que le principe de sa création dans une grande École française soit inscrit dans la loi.

Titre V : DISPOSITIONS RELATIVES À L'ÉCOLE ET À LA FORMATION (Articles 51 à 60)
L’État et les collectivités territoriales d'outre-mer encouragent et favorisent la création d'une chaire d'excellence consacrée à l'outre-mer dans une grande école.

La Chaire Outre-mer a été inaugurée à Sciences Po le 8 juillet 2021, sous la direction de M. Martial Foucault, professeur des universités à Sciences Po et directeur du CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) entre 2014 et 2024. 

Depuis son lancement, la chaire a bénéficié d’un portage politique national important fondé par une convention entre Sciences Po et le ministère des Outre-mer. Elle a été positionnée au CEVIPOF, laboratoire de référence en Science Politique, pour renforcer la prise en compte des outre-mer dans l’observation et l’analyse de la vie politique tout en renforçant les liens entre des activités de recherche, débat public, politiques publiques et action collective. Les constructions historiques, politiques et symboliques que constituent les Outre-mer ainsi que les politiques publiques qui y sont mises en œuvre par l’État et les collectivités territoriales ont toute leur place dans les recherches menées au CEVIPOF et à Sciences Po. 

Dans cette perspective, la Chaire Outre-mer s’efforce depuis sa création de répondre aux missions qui lui ont été confiées par la loi Égalité réelle outre-mer (ÉROM). À ces objectifs initiaux, s’ajoutent désormais de nouvelles orientations, en lien avec les enjeux contemporains liés aux changements globaux, qui exigent une approche systémique et interdisciplinaire. La Chaire entend ainsi :

• Stimuler la recherche dans et sur les territoires ultramarins, en mobilisant une diversité de disciplines et d’approches méthodologiques
• Développer la formation, initiale et continue, sur les Outre-mer, en renforçant les savoirs académiques comme les compétences professionnelles
• Animer le débat public et éclairer la décision, en créant des passerelles entre science, politique et société ;
• Valoriser les savoirs ultramarins, en les croisant avec les connaissances scientifiques et les expériences issues d'autres contextes
• Désenclaver les territoires, en renforçant les liens entre l’État, ses instruments et les collectivités éloignées 
• Faire rayonner l’action publique, à travers les outils de l’État, la Chaire et ses réseaux, dans une logique de service et d’innovation 
• Fédérer plutôt que diviser, en construisant des espaces de dialogue et de coopération entre acteurs hétérogènes 
• Ouvrir les esprits et transformer l’action publique et les stratégies d’entreprise, en les orientant vers la soutenabilité et l’intérêt général 
• Promouvoir une vision systémique, en liant écologie, sciences sociales, géopolitique, économie et droit dans la fabrique des politiques publiques 
• Adopter une démarche interdisciplinaire, à travers nos programmes de recherche et de formation, pour appréhender la complexité des enjeux 
• Intégrer pleinement la jeunesse, notamment à travers le programme des Jeunes Ambassadeurs de la Chaire Outre-mer & Changements globaux (JA OMEGA)

Développement

Compte-tenu du contexte socio-politique et biophysique contemporain intégré qui affecte les Outre-mer et leurs régions, comme bien d’autres territoires à travers le monde, il a été convenu de réorienter les activités de la Chaire autour de trois grands axes liés aux conditions d’habitabilité des territoires ultramarins dans le cadre du risque de dépassement des « limites planétaires ». Le nouveau nom de la Chaire devient ainsi Chaire Outre-mer & Changements globaux (OMEGA).

A compter de mars 2025, la chaire est ainsi dirigée par Camille Mazé-Lambrechts, directrice de recherche au CNRS en Science Politique et section interdisciplinaire en sciences de l’environnement affectée au CEVIPOF. Ce changement de direction vise à assurer une réorientation sur les enjeux socio-politiques, environnementaux, climatiques et stratégiques dans les outre-mer face au changement global – à l’heure de l’Anthropocène.

Ce ciblage part du constat de l’accélération des effets des dérèglements climatiques et de l’augmentation des risques écologiques, sanitaires et sécuritaires ainsi que du creusement des inégalités identifiées entre l’hexagone et les territoires ultramarins et au sein même de ces territoires. Des coalitions s’organisent, de nouveaux acteurs politiques et économiques émergent localement et au niveau régional, rebattant les cartes des relations diplomatiques et politiques, bilatérales et multilatérales, entre l’Etat et les territoires d’Outre-mer aux statuts divers, les rapports historiques centre / périphérie se redéfinissent par rapport aux logiques indépendantistes montantes et aux intégrations régionales, des tensions économiques, militaires stratégiques et des conflits aux racines historiques y explosent, liés à la colonisation, aux enjeux de souveraineté et aux pressions sur les espaces et ressources terrestres et marines. 

L’hybridation des enjeux santé, environnement, justice sociale et tensions communautaires et étatiques nécessite le déploiement d’une approche systémique, désormais placée au cœur des actions de la Chaire Outre-mer à Sciences Po, en lien étroit avec l’Institut des transformations environnementales / Programme TIERED, le programme AIRE et la nouvelle École de la gouvernance du Climat.