Alors que le thème de la souveraineté politique est revenu sur le devant de la scène à l’occasion de la pandémie de Covid-19 et, plus récemment encore, de l’invasion de l’Ukraine, ses déclinaisons – souveraineté industrielle, énergétique ou encore alimentaire – ont pris elles aussi du relief. Ce colloque entend contribuer à une réflexion sur la matérialité de la souveraineté, à commencer par sa territorialité, face à ce que l’on peut désormais appeler des conflits « géo-sociaux ».

La situation présente est en effet celle d’un paradoxe. Car, si le nouveau régime climatique rebat les cartes de la souveraineté – menaçant son fondement matériel et territorial dans plusieurs régions du monde –, la « vieille » politique, pour ainsi dire, joue à plein. Alors que se déclenchent des conflits liés à des dépendances et des rivalités énergétiques ou de ressources, les logiques nationales demeurent omniprésentes, qui portent aux nues la souveraineté.

Ce colloque propose une exploration de deux directions et de leurs éventuels croisements : d’une part, la rémanence des souverainetés étatiques, la signification de cette rémanence et surtout sa portée potentielle à l’ère de l’Anthropocène ; d’autre part, les horizons qu’ouvre la fragilisation de ces souverainetés, qu’ils se déploient à l’échelle transnationale mais aussi à l’échelle locale où une autre appropriation de l’espace physique se concrétise et se politise de plus en plus aujourd’hui. Transversale à ces deux aspects, une interrogation : quel rôle le territoire, en tant qu’entité matérielle et habitée, va-t-il jouer dans ces reconfigurations de la souveraineté moderne ?

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