M. Thomás Ziczam de Barros interviendra surVers une théorie esthétique du populisme : le cas du Brésil

Résumé : Dire que le concept de populisme est contesté est un lieu commun. Les différentes approches divergent non seulement sur la manière de concevoir le populisme, mais aussi sur les conséquences normatives de chaque définition. D'une part, l'approche mainstream – pour n'en citer que quelques-uns : Andrew Arato, Nadia Urbinati, Cas Mudde et Cristóbal Rovira Kaltwasser – considère généralement le populisme comme une menace pour la démocratie libérale. Le populisme serait une forme de théologie politique, de type moraliste, dans laquelle les populistes prétendent être les seuls représentants légitimes du « peuple ». D'autre part, la perspective critique – exprimée par Paula Biglieri et Luciana Cadahia, Federico Tarragoni, Camila Vergara –, basée sur une analyse historique des populismes russe, étasunien et latino-américain, soutient que le populisme est intrinsèquement émancipateur. Mon argument est que les deux approches ignorent des passages importants de l'histoire de l'Amérique latine dans les années 1950, notamment l'histoire du Brésil, qui présentent le populisme sous une forme beaucoup plus ambiguë. Une recomposition de l'histoire du mot « populisme » au Brésil rapproche cette notion des perspectives performatives sur le populisme – comme Pierre Ostiguy, Benjamin Moffitt, Théo Aiolfi – et suggère une théorie du populisme comme transgression esthétique. Le populisme ne serait pas seulement basé sur les performances transgressives d'un leader, mais serait transgressif en amenant les secteurs subalternisés à la politique. Cependant, cette entrée des secteurs exclus n'est pas toujours émancipatrice – elle peut se faire au nom de discours réactionnaires. Je conclus mon argument en disant que Lula et Bolsonaro seraient l'incarnation contemporaine de deux types différents de populisme existant dans l'histoire.

Discutant : Samuel Hayat

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