Colette Ysmal vient de mourir dans sa maison de Mane où elle s’était rétirée à sa retraite. Avec elle, disparaît un pan de l’histoire du CEVIPOF. 

Après une formation de philosophie à Lyon, elle s’était tournée vers la science politique en intégrant le Troisième cycle de science politique de l’IEP de Paris. Ses talents avaient été tout de suite remarqués par René Rémond, Georges Lavau et Jean Touchard qui l’avait recrutée en 1967 au Centre d’Etudes de la Vie politique Française (CEVIPOF) créé en 1960. Elle fera toute sa carrière dans ce laboratoire où elle nouera de solides amitiés et complicités intellectuelles. Elle travaillera beaucoup avec Roland Cayrol, Jean-Luc Parodi et moi-même ainsi qu’avec notre collègue de l’Université de Bologne Piero Ignazi.  Elle s’imposera très vite comme une des meilleurs spécialistes de l’analyse des partis politiques, des élites et du vote. Ses ouvrages Demain la droite (1984), Les partis politiques sous la Ve République (1989) et Le comportement électoral des Français (1990) ainsi que sa contribution sur les élites et les leaders dans le Traité de science politique (tome 4, 1985), sont autant de témoignages de ses capacités. Mais Colette Ysmal, qui avait un fort tempérament, a mis toute son énergie dans des œuvres collectives de premier plan. A la fin des années 1980 et au début des années 1990, elle intégra le département d’Etudes politiques du Figaro dirigé par le jeune et brillant Philippe Habert.  Je me rappelle les longues nuits électorales passées avec eux pour préparer les Cahiers d’analyse électorale du quotidien de la rue du Louvre. Ce furent les prémisses de la coopération de ce département à la recréation des Chroniques électorales à Sciences Po. Le premier volume de ces Chroniques fut publié en 1992 et Colette Ysmal m’accompagna avec une grande fidélité dans la plupart des volumes qui suivirent. Elle le fit jusqu’à sa retraite et son expertise, remarquable dans le domaine électoral et plus globalement dans celui de l’analyse de la vie politique, vint très vite à nous manquer. Durant les deux décennies où j’ai dirigé ce laboratoire elle en fut un des piliers et une des personnalités les plus marquantes. 

Tous mes souvenirs les plus émus ainsi que ceux de ses collègues  qui l’ont appréciée, vont vers elle.

Pascal Perrineau

Professeur de universités à Sciences Po

Directeur du CEVIPOF entre 1992 et 2013