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Regards sur nos publications - Année 2024

Designation, Chicago Art Institute. (crédits : Daguerréotype, 1855, CC0 Public Domain)

Cette page présente par ordre de parution les débats et les analyses suscités par les publications scientifiques des chercheur-e-s du CERI au cours du trimestre.

Vous y trouverez, entre autres, des entretiens, vidéos, podcasts et comptes rendus qui contribuent à prolonger et à enrichir la réflexion développée dans ces travaux.
Toutes ces ressources sont librement accessibles en ligne, sauf certaines recensions parues dans des revues à comité de lecture.

 

Section #4ème trimestre

 

Espace Mondial, Presses de Sciences Po
(crédits : Presses de Sciences Po)

Frédéric Ramel, avec la collaboration d'Aghiad Ghanem
Espace mondial

Paris, Presses de Sciences Po, 2024, 476 p.

Nos vies sont plus que jamais liées les unes aux autres. Un virus circulant à travers les frontières entraîne des mesures de confinement dans la majorité des pays. Une guerre interétatique expose à des ruptures d'approvisionnement en gaz et en céréales bien au-delà des États belligérants. Le succès d’un objet du quotidien rend les économies dépendantes de terres rares dont l’exploitation se révèle particulièrement polluante sur l’ensemble des continents. Si cette tendance à nous voir exposés à des enjeux qui débordent le cadre national n’est pas forcément nouvelle, elle prend de plus en plus d’ampleur. La coupure entre affaires intérieures et extérieures des sociétés ne tient plus : nous évoluons dans un espace mondial, la plupart du temps sans que nous nous en rendions pleinement compte. Liant Relations internationales et condition planétaire, ce manuel invite à cultiver un nouveau regard sur des enjeux mondiaux omniprésents, mais souvent négligés ou simplifiés. Riche d’une centaine de cartes et documents, il donne à comprendre l’interdépendance profonde des faits sociaux, environnementaux, économiques et sécuritaires.


 

(crédits : Presses de Sciences Po)

Delphine Allès, Christophe Jaffrelot (dir.)
L'indo-Pacifique

Paris, Presses de Sciences Po (L'Enjeu mondial), 2024, 190 p.

Formulée pour la première fois en 2007 pour souligner la convergence des intérêts indiens et japonais en matière de sécurité maritime, la notion d'Indo-Pacifique s'est imposée en une petite décennie à l’agenda international. Elle structure les discours politiques et stratégiques de la plupart des États interagissant dans cette zone et, au-delà, fait l’objet de définitions concurrentes, de réinventions et de contestations. Elle agit comme un révélateur géopolitique : chaque acteur semble projeter à travers elle sa conception du monde. Cartes et données à l’appui, cet ouvrage propose, au fil des contributions, une synthèse inédite d’analyses sur une zone devenue un enjeu mondial. Coréalisée par le CERI et les Presses de Sciences Po, la collection « L’Enjeu mondial » propose les analyses de spécialistes illustrées de façon claire et pédagogique par des cartes et des graphiques en couleurs, et enrichies des données les plus récentes.


 

Fariba Adelkhah, "Prisonnière à Téhéran", Une ethnologue dans les geôles iraniennes. Seuil.
(crédits : Éditions du Seuil)

Fariba Adelkhah
Prisonnière à Téhéran

Paris, Seuil, 2024, 256 p.

Par définition un anthropologue est un intrus. Sa présence et son regard dérangent. Fariba Adelkhah en a fait l’expérience. Arrêtée en 2019, elle a été condamnée en 2020 à cinq ans de prison en Iran pour atteinte à la sécurité nationale. Elle a finalement été libérée en 2023, après avoir été graciée et non acquittée comme elle l’aurait souhaité. Privée de son terrain d’étude, elle s’en est inventé un autre, inattendu. Dans une suite de courts récits, Fariba Adelkhah raconte sans complaisance, à rebours des clichés, sa vie de prisonnière « politico-sécuritaire » en République islamique. Par là même, elle renouvelle notre compréhension de l’Iran post-révolutionnaire, et livre une réflexion plus générale sur la condition carcérale. Elle incarne également avec modestie, ironie et non sans auto-dérision un combat courageux et lucide pour la liberté scientifique, de plus en plus menacée aussi bien dans les régimes autoritaires que dans les démocraties libérales.


 

(crédits : ENS Éditions)

Thomas Lacroix
L'État sans frontières. Comment les migrations transforment l'État

ENS Éditions,  Sociétés, Espaces, Temps, 2024, 348 p.

Accords de double nationalité, externalisation des contrôles aux frontières, multiplication des ministères publics en charge des diasporas… Les États développent un nombre croissant d’instruments pour intervenir au-delà leurs frontières. Comment les politiques ciblant les flux migratoires transforment-elles l’État ? Le présent ouvrage renouvelle un débat sur le transnationalisme qui, depuis plus de trente ans, anime les études migratoires. Thomas Lacroix explore la relation étroite entre « État transnational », c’est-à-dire l’ensemble des politiques et administrations d’un État destinées à réguler les flux transnationaux, et « société transnationale », soit l’écheveau des institutions sociales permettant de maintenir des liens, des pratiques et des relations par-delà les frontières. L’auteur propose ainsi la première théorie globale de l’État transnational en lien avec une théorie sociale de la société transnationale. S’appuyant sur plus de vingt ans de recherches sur des terrains variés – dans les pays du Nord comme du Sud, dans des espaces de départ, de transit ou de destination –, ce livre fournit aux spécialistes et étudiants une boîte à outils conceptuelle permettant d’appréhender aussi bien les pratiques des migrants que les politiques d’État.


 

Couve : La guerre à l'ère de l'intelligence artificielle, Laure de Roucy-Rochegonde
(crédits : PUF)

Laure de Roucy-Rochegonde
La guerre à l'ère de l'intelligence artificielle

Paris, PUF, 2024, 344 p.

Les progrès fulgurants des techniques d'intelligence artificielle et de la robotique, et surtout leur application au domaine de la défense, font entrevoir l'émergence de nouveaux types de robots militaires, rendus toujours plus autonomes, c'est-à-dire capables de recourir à la force de leur propre chef. Les « robots tueurs » soulèvent néanmoins de nombreuses questions : ces moyens de guerre permettant de ne pas exposer l’humain peuvent-ils être pleinement contrôlés ? Qu’implique le recours à ces technologies ? Quels effets produisent-elles sur ceux qui les emploient, sur les adversaires qui y font face, et sur la forme même des rapports entre agresseurs et agressés ? Ces systèmes modifient-ils les relations entre les États, mais aussi le lien entre l’État et ses citoyens ? Sont-ils compatibles avec le droit de la guerre ?


 

(crédits : Karthala)

Alexandre Gandil
Kinmen, un archipel entre Taiwan et la Chine

Paris, Karthala, 2024, 396 p.

C’est le reliquat de la guerre civile chinoise (1946-1950) et de la Guerre froide. À quelques kilomètres seulement des côtes de la République populaire de Chine, aux portes de la province continentale du Fujian, le drapeau de la République de Chine (Taiwan) flotte encore sur le petit archipel de Kinmen (Quemoy). La lecture de cet ouvrage s’impose à qui veut comprendre la question sino-taiwanaise et la menace qu’elle fait peser sur la paix mondiale, en ces temps dangereux. Et aussi à qui veut reprendre à nouveaux frais le rapport de l’État à la nation, dans une perspective comparative.


 

Couverture : Bertrand Badie,  L'Art de la paix. Neuf vertus a honorer et autant de conditions à établir
(crédits : Flammarion)

Bertrand Badie
L'Art de la paix. Neuf vertus a honorer et autant de conditions à établir

Paris, Flammarion, 2024, 256 p.

Sun Tzu, général chinois du VIᵉ siècle avant Jésus-Christ, a écrit un Art de la guerre qui aujourd’hui encore suscite l’intérêt de très nombreux lecteurs. Tandis que la guerre refait irruption en Europe et au Proche-Orient, si l’on étudiait comment faire la paix au XXIᵉ siècle ? C’est à cette mission que Bertrand Badie, le plus philosophe des professeurs en relations internationales, s’est attelé dans cet ouvrage à la portée universelle. La paix a changé de nature. Longtemps cantonnée à l’état de non-guerre, associée à des périodes de trêve obtenues par transactions géographiques, économiques, dynastiques, elle ne peut désormais être établie qu’à la condition d’être redéfinie, pensée comme un tout, considérée à l’heure de la mondialisation et des nouvelles menaces, notamment climatiques, qui pèsent sur notre planète. S’appuyant sur quantité d’exemples historiques ou contemporains, Bertrand Badie dresse des perspectives : faire primer le social sur le rapport de force, chercher à comprendre l’Autre, trouver les justes normes, combler ce qui nous sépare… Revisitant des références essentielles d’Aristote à Kant, il propose neuf vertus à mettre en œuvre pour faire la paix.

Section #3ème trimestre

 

(crédits : Fayard)

Christophe Jaffrelot et Vanessa Caru
Histoire de Bombay/Mumbai

Paris, Fayard, 2024, 544 pages.

Bombay, devenue Mumbai en 1995, est surtout connue en France pour ses conditions catastrophiques de logement et pour son industrie cinématographique florissante, Bollywood. Au-delà de ces images attendues, Vanessa Caru et Christophe Jaffrelot ont voulu retracer l'histoire de cette cité devenue, depuis le XIXe siècle, la capitale économique de l'Inde ainsi que la ville la plus peuplée du pays, attirant migrants et migrantes à la recherche d'une vie meilleure. De port inséré dans de multiples réseaux commerciaux, elle s'est mue en une métropole industrielle et s'est imposée comme un des hauts lieux de la lutte pour l'Indépendance, mais aussi de puissants mouvements sociaux qui visaient à remettre en cause les inégalités de classe et de caste. Ressaisissant sa trajectoire historique, les auteurs éclairent les défis auxquels la ville est à présent confrontée : la montée de la xénophobie, notamment du nationalisme hindou, l'emprise du crime organisé, les effets de la désindustrialisation ainsi que des dégradations environnementales dont pâtissent au premier chef ses habitantes et habitants les plus précaires.


 

Couverture : Revolving Doors: How Externalization Policies Block Refugees and Deflect Other Migrants across Migration Routes, Hélène Thiollet
(crédits : Population and Development Review)

Alice Mesnard, Filip Savatic, Jean-Noël Senne, Hélène Thiollet
Revolving Doors: How Externalization Policies Block Refugees and Deflect Other Migrants across Migration Routes

Population and Development Review, 2024, 36 p. DOI: 10.1111/padr.12650. HAL: hal-04687266

Migrant destination states of the Global North generally seek to stem irregular migration while remaining committed to refugee rights. To do so, these states have increasingly sought to externalize migration control, implicating migrant origin and transit states in managing the movement of persons across borders. But do externalization policies actually have an impact on unauthorized migration flows? If yes, do those impacts vary across different migrant categories given that both asylum seekers and other migrants can cross borders without prior authorization? We argue that these policies do have an impact on unauthorized migration flows and that those impacts are distinct for refugees and other migrants. Using data on “irregular/illegal border crossings” collected by Frontex, the Border and Coast Guard Agency of the European Union (EU), we first find that the geographical trajectories of refugees and other migrants who cross EU borders without authorization are distinct. Using a novel method to estimate whether individuals are likely to obtain asylum in 31 European destination states, we find that “likely refugees” tend to be concentrated on a single, primary migratory route while “likely irregular migrants” may be dispersed across multiple routes. Through an event study analysis of the impact of the 2016 EU–Turkey Statement, a paradigmatic example of externalization, we show that the policy primarily blocked likely refugees while deflecting likely irregular migrants to alternative routes. Our findings ultimately highlight how externalization policies may fail to prevent unauthorized entries of irregular migrants while endangering refugee protection.


 

Book of ID Wars in Côte d'Ivoire, (Oxford University Press), Richard Banégas and Armando Cutolo
(crédits : Oxford University Press)

Richard Banégas and Armando Cutolo
ID Wars in Côte d'Ivoire. A Political Ethnography of Identification and Citizenship

Oxford University Press, 2024, 352 p.

Identity documents provide rights to citizenship and social inclusion. They can also generate violence and conflicts. This book explores Côte d'Ivoire's 'ID war' as a paradigmatic case of a citizenship crisis, centered on the access to national identity cards and certificates. Using ethnographic and historical data, it shows how the documentary struggle for citizenship has continued in the post-crisis reconstruction, affecting the new policies of identification and registration based upon biometrics and new technologies. It describes how the latter have been overturned and reframed by the Ivorian society. Focusing on the production and negotiation of legal identities, the book delves into the social life of IDs and biometrics and describes the clandestine world of the 'margouillats', the corrupt brokers of the civil registry, the forms of documentary falsification aimed at taming legal and bureaucratic principles with the requirements of ordinary social life, the hidden practices of state apparatuses of identification and the local machinery of biometric registration, and the self-made censuses and systems of identification used by minorities seeking recognition in the public space. Through these ethnographic descriptions with a specific approach 'from below', the book shows that actual reforms supposed to depoliticize - and in the case of biometric technologies, to de-socialize - identification do not erase its constitutively political dimension. From a comparative perspective, the case of Côte d'Ivoire reveals the unprecedented revenge of the documentary state on the biometric state and encourages us to rethink their dyadic opposition in a more complex triangulation of identification, debt and recognition.


 

(crédits : Hesge)

Camille Salgues
Une après-midi à Shanghai. L'enfance et la question anthropologique de l'âge

Genève, Les Éditions ies, 2024, 288 pages.

L’enquête a donc duré trois ans et non ‘une après-midi’ : mais je voulais, avec ce titre, garder quelque chose de la temporalité de ces longs moments à traîner avec les enfants. Et, on l’aura compris, ce n’est pas le Shanghai que l’on voit d’habitude, ce n’est pas une après-midi à faire du shopping sur le Bund dont il s’agit ici. C’est plutôt le Shanghai des ‘mauvaises herbes’ de Lu Xun, celui des habitats dégradés entre deux zones en rénovation, là où vivaient les enfants sur lesquels j’enquêtais, venus des campagnes chinoises pour accompagner leurs parents en quête de travail. C’est là que l’on suivra la trame ordinaire de ces vies petites, au gré des rencontres et des lieux de l’ethnographie qui organisent le parcours de l’enquête et du livre. (…) Le souci de (r)ouvrir la discussion de l’enfance en sciences sociales est soigneusement entremêlé dans ces déambulations, comme un livre dans un autre livre, dont on peut suivre le fil à travers le système des sous-titres. Chaque chapitre est ainsi l’occasion d’un arrêt sur un moment clé de ce qui pourrait être une réflexion sur l’enfance ou, plutôt, sur la question anthropologique de l’âge, abordée à partir de l’enfance.


Jeanne Bouyat, Amandine Le Bellec, Lucas Puygrenier (eds)
States in the Making of Others. Perspectives on Social State Institutions and Othering in Southern Africa and Western Europe

New York, Palgrave Macmillan, 2024, 275 p.

This volume offers a unique interdisciplinary and comparative perspective on contemporary processes of othering by state institutions in relation to dynamics of racism, xenophobia, sexism, homo-transphobia, as well as ethnic- and class-based discriminations. It focuses on eight original case studies empirically grounded in various domains of the ‘social state’, in Southern African and Western European contexts: the education and health care systems, the regulation of work and of procreation rights, and institutions in charge of granting asylum. The authors provide key insights on how states produce Others, and on how othering contributes in turn to the process of state formation and the politicization of public action.


Section #2ème trimestre

 

Couverture : François Bafoil et Paul Zawadzki (dir.)  Politiques de la destructivité. Sciences sociales et psychanalyse
(crédits : Hermann)

François Bafoil et Paul Zawadzki (dir.)
Politiques de la destructivité. Sciences sociales et psychanalyse

Paris, Hermann, 2024, 254 p.

Le séminaire dont est issu cet ouvrage est né du constat de l’affaissement du dialogue entre les sciences sociales et la psychanalyse qui avait pourtant été vif et fécond en France jusqu’aux années 1980. Les auteurs du présent livre se proposent d’en reprendre le fil, aujourd’hui que la guerre est revenue en force sur le sol européen tandis qu’elle ne cesse de se poursuivre inlassablement dans d’autres régions du monde. Plus que jamais s’impose la réflexion sur le lien entre la pulsion de destruction et le social pour penser la place des institutions dans leur rapport à leurs soubassements psychologiques. Selon quelles modalités est-il possible d’articuler la compréhension sociologique et l’interprétation psychanalytique, quelles en sont les limites et les apports respectifs ? Après avoir discuté les catégories freudiennes de la horde primitive, de l’Œdipe, de la Masse et de la liberté, les réflexions des auteurs se confrontent plus directement à l’expérience historique de la guerre, du viol et du nationalisme. Entre universalité du psychisme, compulsion pulsionnelle et expériences historiques toujours spécifiques, quelle place conférer à l’inconscient, collectif ou individuel ?


Nuclear France cover
(crédits : Routledge)

Benoît Pélopidas (dir.)
Nuclear France. New Questions, New Sources, New Findings

Routledge, 2024, 186 p.

This book offers the first non-official history of French nuclear policies which goes beyond the divide between nuclear weapons and nuclear energy policies. It addresses the sizing of France’s nuclear forces, technological assistance to countries with nuclear weapons programs, uranium prospection, nuclear testing, its health effects and protests against it, as well as plans to prevent and manage accidents in nuclear power plants. It is based on new questions and new sources from France and abroad. The chapters in this volume show how independent and interdisciplinary scholarship free from conflicts of interests can uniquely advance our understanding of nuclear history and politics. This is the case because it does not treat the categories and judgments of official discourse as neutral starting points of the analysis. This volume is based on untapped primary sources from France, the UK, the US, India, South Africa and Iran, on a new assessment of the health consequences of French nuclear testing in Polynesia thanks to a modern atmospheric particle transport code coupled with historical weather data, open-source information about radioactive debris (“mushroom”) clouds, as well as data on the composition and particle sizes of the fallout; and on new survey data about French knowledge of and attitudes towards nuclear weapons and nuclear energy. They show notably that the first generation of French nuclear forces lacked technical credibility despite reliance on outside help. Several French officials knew this, as did France's allies and adversaries. Moreover, French strategic collaborations associated to nuclear programs extended to India and South Africa; nuclear safety regulations changed fundamentally after the Cold War, and approximately 110,000 people, i.e. 90% of the French Polynesian population in the 1970s, could have received doses that would qualify them for compensation according to French law.


Couverture : Christian Lequesne  Le diplomate et les Français de l'étranger. Comprendre les pratiques de l'État envers sa diaspora
(crédits : Presses de Sciences Po)

Christian Lequesne
Le diplomate et les Français de l'étranger. Comprendre les pratiques de l'État envers sa diaspora

Paris, Presses de Sciences Po, 2024, 176 p.

Binationaux, expatriés, actifs internationalisés, retraités, étudiants et, de plus en plus, e-travailleurs, les quelque 2,5 millions de citoyens français vivant à l'étranger sont loin de constituer une communauté homogène. Par le biais de son réseau diplomatique et consulaire, l’État cherche à construire une relation avec cette diaspora en mettant à sa disposition des services et des institutions (lycée français, système de protection sociale, chambre de commerce, mais aussi élus consulaires et parlementaires) qui lui permettent de ne pas renoncer au lien avec le territoire d’origine. Enquête inédite de science politique menée sur trois continents, l’ouvrage met au jour une pratique diplomatique de la France qui reste largement régalienne : l’État continue de considérer ses ressortissants à l’étranger comme ses protégés, mais peine davantage à faire d’eux une ressource productive au service d’une véritable stratégie d’influence.


Cover The Transnational State Thomas Lacroix
(crédits : Palgrave Macmillan)

Thomas Lacroix
The Transnational State. Governing Migratory Circulations

Cham, Palgrave Macmillan, 2024, 188 p.

This work in two parts examines the relations between transnational societies and states. The second volume of this work contends that current policies meant to control or enhance transnational flows have led to the emergence of a transnational policy apparatus coined the transnational state. This book proposes an innovative conceptual framework to grasp the transformations of the contemporary state in both sending and receiving countries. It shows how states expand beyond national territorial limits by reaching out to migrants where they are. In response to the migrants’ endeavours to circumvent the constrains imposed by selective migration policies, public authorities expand the reach of their control beyond (externalisation), within (internalisation) and at (expansion) borders. A totalitarian temptation seems to have seized contemporary state bureaucracies, affecting the very nature of borders and societies. The core argument of this research is that the development of the transnational state is not random. It is a process shaping and shaped by the structures of the transnational society.


De la rue à la présidence, Foyers contestataires à Mexico, Hélène Combes, CNRS Éditions.
(crédits : CNRS Éditions)

Hélène Combes
De la rue à la présidence. Foyers contestataires à Mexico

Paris, CNRS Éditions, 2024, 328 p.

De Maïdan à Nuit debout, les années 2010 ont été secouées par les mouvements d’occupation de l’espace public. Tous ont suscité une même question sur leurs débouchés politiques concrets. À cet égard, le cas du Mexique apporte un décalage éclairant. La contestation du résultat des élections présidentielles de 2006 donne en effet lieu à un vaste campement contestataire installé au cœur de Mexico durant 48 jours, initiant une dynamique qui débouche, douze ans plus tard, sur l’accession au pouvoir d’Andrés Manuel López Obrador. Année après année, Hélène Combes a suivi nombre de protagonistes de ce mouvement. Son enquête revient sur les principales étapes de sa structuration – du tour du Mexique entrepris par Obrador à la création du parti Morena, en passant par la constitution de brigades de militantes ou la mise sur pied d’un journal. En retraçant les trajectoires politiques et sociales de quatre protagonistes, représentatifs de différents foyers de contestation au sein d’une des plus grandes villes du monde, elle met en lumière les modalités de mobilisation croisant classes, genres, territoires et structuration du champ politique


Couverture : Luis Martinez & Rasmus Alenius Boserup (dir.)  The Disappearing of Algeria’s Hirak
(crédits : CERI)

Luis Martinez & Rasmus Alenius Boserup (dir.)
The Disappearing of Algeria’s Hirak

Paris, Centre de recherches internationales (CERI), 2024, 191 p.

Ten years after the “Arab Uprisings”, a peaceful mass protest movement abruptly emerged in Algeria. In an astonishing show of force, the so-called Hirak exponentially grew from a few thousand protesters in the capital in early February 2019 to hundreds of thousands of protesters in all major Algerian cities. Inspired by the peaceful regime changes in Tunisia in 2011 and in Sudan after the dismissal of Omar el-Bashir in 2019, the protestors called for a regime change and for an establishment of a democratic system based on the rule of law. With the Hirak, Algeria’s civil society demonstrated remarkable energy and creativity, both online and in the streets. Actors from civil society including judges, feminists, artists, journalists, independent trade unionists, and academics worked together to create a powerful political dynamic. This dynamic was not matched by capable politicians, however. And as the movement failed to transform itself into a formal political actor, the existing state elites—and in particular the military establishment—came to dominate the political scene. Through six thought-provoking contributions, this new Dossier du CERI gathers specialists of Algerian politics, economy, military, media and society to explore what we have called The Disappearing of the Algerian Hirak


Couverture : Jacques Rupnik (dir.)  Josef Guttmann a osudy střední Evropy mezi Hitlerem a Stalinem
(crédits : Prague, Ústav pro studium totalitních režimů.)

Jacques Rupnik (dir.)
Josef Guttmann a osudy střední Evropy mezi Hitlerem a Stalinem

Prague, Ústav pro studium totalitních režimů, 2023.

Dva životy, dvě jména, dva pohledy na sovětský komunismus a jeho poválečnou expanzi do východní Evropy. Zdají se úhledně oddělené, a přesto je spojuje zkušenost jednoho člověka a jeho snaha pochopit naděje a tragédie 20. století. Levicový intelektuál Josef Guttmann se na počátku třicátých let 20. století stal členem vedení Komunistické strany Československa. Se stranou se rozešel kvůli strategii Kominterny, která v roce 1933 pomohla Hitlerovi k moci. Z ostrého kritika Stalinovy diktatury i jeho zahraniční politiky se stal význačný levicový oponent. Československo opustil koncem roku 1938 a o tři roky později se usadil v New Yorku, kde pod pseudonymem působil jako přední znalec dění v sovětském bloku a kritik totalitarismu. Byl také autorem prvních článků o antisemitském charakteru procesu s Rudolfem Slánským. Jeho české texty z třicátých let spolu se studiemi a eseji o povaze komunistických režimů, genocidě a antisemitismu psanými již ve Spojených státech vycházejí u nás poprvé.


Section #1er trimestre

 

Couverture de l'ouvrage Les Grandes Déconvenues, la Renaissance, Sumatra et les Frères Parmentier, publié en mars 2024 aux éditions du Seuil
(crédits : Editions du Seuil)

Romain Bertrand
Les Grandes Déconvenues. La Renaissance, Sumatra, les frères Parmentier

Paris, Seuil (L'Univers historique), 2024, 384 p.

On dit que la France, au XVIe siècle, a manqué son rendez-vous avec le Monde, puisqu’elle n’aurait pris aucune part à l’épopée de l’exploration des sociétés lointaines – flirtant avec le Brésil, mais boudant l’Asie. Pourtant, deux capitaines dieppois, Jean et Raoul Parmentier, conduisent jusqu’à l’île de Sumatra, en 1529, deux nefs de fort tonnage. Ils en ramènent des plaies, des bosses et un peu de poivre. Aujourd’hui oubliée, leur navigation fut érigée au XIXe siècle en preuve incontestable d’une contribution française glorieuse à la geste des Grandes découvertes. C’est toute la Renaissance occidentale qui aurait débarqué, sous pavillon tricolore, en Insulinde. La fable est flatteuse pour l’idée que nous nous sommes longtemps faite de nous-mêmes comme de pionniers, voire de missionnaires de la « modernité ». Il n’est pas certain qu’elle résiste à l’examen. Menée en archives et dans les méandres des chroniques, l’enquête oblige à s’intéresser d’un même mouvement au monde des marins normands et à celui des négociants malais, à la cour de François Ier et à celle du sultan de Tiku, à la poésie mariale du « Puy » de Rouen et à celle des maîtres de mystique musulmans. Ce qui se joue alors le long du troisième parallèle, lorsque les Dieppois font relâche à Sumatra, ne se comprend qu’à condition de rouvrir les portes de la comparaison – entre l’Europe et l’Asie du Sud-Est aussi bien qu’entre le savoir des « gens de mer » et celui des érudits. En nous aidant à contempler, défardées, nos grandes déconvenues, cette traversée nous invite à penser la « modernité » au pluriel et la Renaissance au conditionnel.


 

(crédits : CNRS Éditions)

Stéphane Lacroix
Le crépuscule des Saints. Histoire et politique du salafisme en Égypte

Paris, CNRS Éditions, 2024, 424 p.

Qu’est-ce que le salafisme ? Et comment ce mouvement ultraconservateur a-t-il gagné en influence pour se placer au cœur de la normativité islamique sunnite ? Quel rapport entretient-il avec le politique ? Et pourquoi est-il important, pour en déchiffrer les évolutions, de le distinguer des Frères musulmans ? Stéphane Lacroix nous invite à démêler ces questions dans cette socio-histoire du salafisme égyptien. Issu d’une enquête menée en Égypte à partir de 2010, avant, pendant et après la révolution ayant mené à la chute de Moubarak et l’arrivée au pouvoir de l’islam politique, cet ouvrage retrace l’histoire de ce mouvement et de ses acteurs. Il nous introduit à la grammaire d’action des salafistes et analyse les mutations qu’a connues l’islam égyptien tout au long du XXe siècle, et jusqu’à très récemment. Loin de constituer une idéologie immuable, le salafisme est lui-même sorti transformé de ce processus, au point de devenir un acteur central de la transition démocratique avortée de 2011. Une contribution majeure à l’étude des transformations de l’islam et de son rapport au politique à l’époque contemporaine.


   

David Recondo (dir.)
Amérique latine. L'année politique 2023

Les Études du CERI, n°271-272, janvier 2024.

Amérique latine. L’Année politique 2023 est une publication de l’Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes (Opalc) du CERI-Sciences Po. Il prolonge la démarche du site www.sciencespo.fr/opalc en offrant des clés de compréhension d’un continent en proie à des transformations profondes. Des informations complémentaires sont disponibles sur le site.


 

Couverture : Christophe Jaffrelot,  Gujarat Under Modi. Laboratory of Today's India
(crédits : Hurst)

Christophe Jaffrelot
Gujarat Under Modi. Laboratory of Today's India

London, Hurst, 2024, 416 p.

In 2012 Narendra Modi became the first Hindu nationalist politician thrice elected to lead a state of the Indian Union, his stewardship as Chief Minister of Gujarat being the longest in that state’s history. Modi and his BJP supporters explained his achievement by pointing to economic growth under his leadership, yet detractors point out that Modi has been more business-friendly than market-friendly—to the benefit of large industrial corporations, and at the cost of great social polarisation. In 2002, an anti-Muslim pogrom of unparalleled ferocity occurred in Gujarat, leading to the biggest number of Muslim deaths since Partition. The state’s Hindu majority immediately rallied around Modi. No serious riot has occurred in Gujarat since, but polarisation was key to Modi’s strategy there, and he has deployed that strategy again and again since he became Prime Minister of India in 2014. For Modi has cultivated a communal image. A marketing genius, his messaging combines the politics of Hindutva with economic modernisation, to the clear appreciation of Gujarat’s middle class. Christophe Jaffrelot’s revealing book shows how Modi’s Gujarat served as the laboratory of Modi’s India, not only in terms of Hindu majoritarianism and national populism, but also of caste and class politics.


 

(crédits : Edition Jérôme Doyon and Chloé Froissart)

Jérôme Doyon et Chloé Froissart
The Chinese Communist Party. A 100-Year Trajectory

Canberra, ANU Press, 2024, 454 p.

This volume brings together an international team of prominent scholars from a range of disciplines, with the aim of investigating the many facets of the Chinese Communist Party’s 100-year trajectory. It combines a level of historical depth mostly found in single-authored monographs with the thematic and disciplinary breadth of an edited volume. This work stands out for its long-term and multiscale approach, offering complex and nuanced insights, eschewing any Party grand narrative, and unravelling underlying trends and logics, composed of adaption but also contradictions, resistance and sometimes setbacks, that may be overlooked when focusing on the short term. Rather than putting forward an overall argument about the nature of the Party, the many perspectives presented in this volume highlight the complex internal dynamics of the Party, the diversity of its roles in relation to the state, as well as in its interaction with society beyond the state. Our historical approach stresses impermanence beyond the apparent permanence of the Party’s organisation and ideology while also bringing to light the recycling of past practices and strategies. Looking at the Party’s evolution over time shows how its founding structures and objectives have had a long-lasting impact as well as how they have been tweaked and rearranged to adapt to the new economic and social environment the Party contributed to creating.


 

(crédits : Alternatives économiques)

Centre de recherches internationales
Déchiffrer 2024

Alternatives Économiques, hors-série n°128, janvier 2024.

Déchiffrer 2024, c'est le hors-série de référence d'Alternatives Economiques pour décrypter les grands enjeux de l'année, avec les analyses des meilleurs experts. Cent pages pour mieux comprendre le monde d’aujourd’hui. Déchiffrer 2024, ce sont aussi 50 cartes et infographies. Tous les chiffres clés de l’année, mis en scène de façon pédagogique et graphique, et 4 pages de tableaux d’indicateurs pour retrouver facilement les dernières données économiques, sociales et environnementales.


Book cover The Debt Crisis of the 1980s:Law and Political Economy (Edward Elgar, December 2023)
(crédits : Material)

Jérôme Sgard
The Debt Crisis of the 1980s. Law and Political Economy

Edward Elgar Publishing, 2023, 354 p.

This book offers a novel account of the significant debt crisis which hit many developing countries during the 1980s. It starts with the flawed cycle of bank lending during the 1970s, and then moves from the opening act, in Mexico in 1982, until a solution was found with the 1989 Brady Initiative. The Debt Crisis of the 1980s also articulates closely the economic and financial dimensions alongside the political and multilateral ones. The key relation between debtor countries and the IMF is explored in detail, but the book also documents the tense and often coercive interactions with commercial banks as well as on the continuing resistance to the IMF-led strategy among G7 governments. How debt contracts were restructured during all those years helps understanding how the Brady Initiative worked in practice, and how it prepared the ground for the turn to global markets after 1990. This debt crisis was indeed one of the main incubators of globalisation. This underlines further its unique character in the long-run history of sovereign debts, before and after the 1980s. Remarkably, this book rests on in-depth interviews with the key players. Transcripts are included for the six most important players, including the former heads of the US Federal Reserve and the IMF. Archives from the IMF, the New York Federal Reserve, the Bank of England and commercial banks have also been systematically exploited, often for the first time ever.


 

   

Anne de Tinguy (dir)
Regards sur l'Eurasie - L'année politique 2023

Les Études du CERI, n°273-274, février 2024.

Regards sur l’Eurasie. L’année politique est une publication annuelle du Centre de recherches internationales de Sciences Po (CERI) dirigée par Anne de Tinguy. Elle propose des clefs de compréhension des événements et des phénomènes qui marquent de leur empreinte les évolutions d’une région, l’espace postsoviétique, en profonde mutation depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991. Forte d’une approche transversale qui ne prétend nullement à l’exhaustivité, elle vise à identifier les grands facteurs explicatifs, les dynamiques régionales et les enjeux sous-jacents.


 

La guerre permanente / Marie Mendras
(crédits : Calman Lévy)

Marie Mendras
La guerre permanente - Ultime stratégie du Kremlin

Paris, Calmann-Lévy, 2024, 350 p.

Vladimir Poutine livre en Ukraine une cinquième guerre depuis 1999, après la Tchétchénie, la Géorgie, le Donbass et la Syrie. Jamais la Russie n’a réellement été menacée par ceux qu’elle attaquait, il lui a fallu trouver des prétextes : protéger des « russophones en danger », lutter contre le terrorisme, « dénazifier l’Ukraine ». Ce que craint Poutine plus que tout, c’est la démocratisation des anciennes républiques soviétiques et leur émancipation de la tutelle d’un État russe prédateur. Pour assurer la survie de son pouvoir, il mène une guerre de destruction et sacrifie les soldats russes en grand nombre. Mais il n’avait anticipé ni la résistance des Ukrainiens ni le soutien des pays occidentaux. La guerre permanente n’a fait qu’accentuer la répression à l’intérieur et fragiliser la Russie à l’extérieur. En livrant à l’Ukraine une guerre ingagnable, Poutine enferme les Russes dans une confrontation majeure avec l’Europe, l’Amérique du Nord et le Japon, et entraîne son pays vers l’abîme.


 

Couverture Jean-Pierre Filiu . Comment la Palestine fut perdue Et pourquoi Israël n'a pas gagné. Histoire d'un conflit (XIXe-XXIe siècle)
(crédits : Seuil)

Jean-Pierre Filiu
Comment la Palestine fut perdue
Et pourquoi Israël n'a pas gagné. Histoire d'un conflit (XIXe-XXIe siècle)

Paris, Seuil, 2024, 432 p.

Si vous estimez connaître assez du conflit israélo-palestinien pour en nourrir des opinions définitives, mieux vaut ne pas ouvrir ce livre. Vous risqueriez d’y apprendre que le sionisme fut très longtemps chrétien avant que d’être juif. Et que l’évangélisme anglo-saxon explique beaucoup plus qu’un fantasmatique « lobby juif » le soutien déterminant de la Grande-Bretagne, puis des États-Unis à la colonisation de la Palestine. Vous pourriez aussi découvrir que la soi-disant « solidarité arabe » avec la Palestine a justifié les rivalités entre régimes pour accaparer cette cause symbolique, quitte à massacrer les Palestiniens qui résistaient à de telles manoeuvres. Ou que la dynamique factionnelle a, dès l’origine, miné et affaibli le nationalisme palestinien, culminant avec la polarisation actuelle entre le Fatah de Ramallah et le Hamas de Gaza. La persistance de l’injustice faite au peuple palestinien n’a pas peu contribué à l’ensauvagement du monde actuel, à la militarisation des relations internationales et au naufrage de l’ONU, paralysée par Washington au profit d’Israël durant des décennies, bien avant de l’être par Moscou sur la Syrie, puis sur l’Ukraine. L’illusion qu’un tel déni pouvait perdurer indéfiniment a volé en éclat dans l’horreur de la confrontation actuelle, d’autant plus tragique qu’aucune solution militaire ne peut être apportée au défi de deux peuples vivant ensemble sur la même terre. Comprendre comment la Palestine fut perdue, et pourquoi Israël n’a pourtant pas gagné, participe dès lors d’une réflexion ouverte sur l’impératif d’une paix enfin durable au Moyen-Orient et, donc, sur le devenir de ce nouveau millénaire.


 

Couverture : Didier Bigo, Emma Mc Cluskey, Félix Tréguer,  Intelligence Oversight in Times of Transnational Impunity
(crédits : Routledge)

Didier Bigo, Emma Mc Cluskey, Félix Tréguer
Intelligence Oversight in Times of Transnational Impunity

New Intelligence Studies, New York, Routledge, 2023, 311 p.

This book adopts a critical lens to look at the workings of Western intelligence and intelligence oversight over time and space. Largely confined to the sub-field of intelligence studies, scholarly engagements with intelligence oversight have typically downplayed the violence carried out by secretive agencies. These studies have often served to justify weak oversight structures and promoted only marginal adaptations of policy frameworks in the wake of intelligence scandals. The essays gathered in this volume challenge the prevailing doxa in the academic field, adopting a critical lens to look at the workings of intelligence oversight in Europe and North America. Through chapters spanning across multiple disciplines – political sociology, history, and law – the book aims to recast intelligence oversight as acting in symbiosis with the legitimisation of the state’s secret violence and the enactment of impunity, showing how intelligence actors practically navigate the legal and political constraints created by oversight frameworks and practices, for instance by developing transnational networks of interdependence. The book also explores inventive legal steps and human rights mechanisms aimed at bridging some of the most serious gaps in existing frameworks, drawing inspiration from recent policy developments in the international struggle against torture. This book will be of much interest to students of intelligence studies, sociology, security studies, and international relations.


 

(crédits : CERI)

Roland Marchal
Centrafrique : la fabrique d'un autoritarisme

Les Études du CERI, n°268-269, octobre 2023, 68 p.

Ce texte analyse les conditions dans lesquelles la Centrafrique, un Etat déliquescent au sortir d’une crise existentielle, sait jouer de ses propres faiblesses et d’une configuration régionale et internationale particulière pour aujourd’hui contraindre le champ politique et terroriser sa propre population en construisant un ennemi forcément étranger et en instrumentalisant la Russie pour sa pérennisation. Les moyens et techniques de coercition sont d’une grande modernité, même s’ils s’appuient sur un répertoire de pratiques coercitives déjà bien rodées en Afrique centrale. La fabrique d’un tel autoritarisme s’appuie sur la construction d’une menace particulière (des groupes armés transnationaux), une communauté internationale atone qui s’épuise à mettre en œuvre des solutions éculées et une offre de sécurité qui renvoie le maintien de la paix onusien ou la mission de formation européenne à la marge : l’implication militaire russe mais aussi rwandaise traduit une volonté de mettre hors jeu une gestion régionale et internationale de la crise qui a échoué, tout en reconduisant une économie concessionnaire dans le domaine minier et agricole, dont les premiers bénéficiaires restent les gouvernants à Bangui.


 

Couverture de La verticale de la peur. Ordre et allégeance en Russie poutinienne par Gilles Favarel-Garrigues aux éditions La Découverte.
(crédits : Editions La Découverte)

Gilles Favarel Garrigues et Laurent Gayer
Proud to Punish. The Global Landscape of Rough Justice

Palo Alto, Stanford University Press, 2024, 234 p. Traduis par Cynthia Schoch et Trista Selous

A magisterial comparative study, Proud to Punish recenters our understanding of modern punishment through a sweeping analysis of the global phenomenon of "rough justice": the use of force to settle accounts and enforce legal and moral norms outside the formal framework of the law. While taking many forms, including vigilantism, lynch mobs, people's courts, and death squads, all seekers of rough justice thrive on the deliberate blurring of lines between law enforcers and troublemakers. Digital networks have provided a profitable arena for vigilantes, who use social media to build a following and publicize their work, as they debase the bodies of the accused for purposes of edification and entertainment. It is this unabashed pride to punish, and the new punitive celebrations that actualize, publicize, and commercialize it, that this book brings into focus. Recounted in lively prose, Proud to Punish is both a global map of rough justice today and an insight into the deeper nature of punishment as a social and political phenomenon.


Coverture : Gayatri Jai Singh Rathore  Recycling Regime, Environment, and Exclusion of Electronic Scrap Workers in Delhi
(crédits : CERI)

Gayatri Jai Singh Rathore
Recycling Regime, Environment, and Exclusion of Electronic Scrap Workers in Delhi

Les Études du CERI, n°270, Décembre 2023.

Le secteur indien des déchets électroniques a connu un processus de formalisation ces dernières années, grâce à la mise en œuvre de règles de gestion des déchets électroniques (2016), ce qui a conduit à la création de ce que nous appelons le « régime de recyclage ». De fait, les classes moyennes et supérieures, les ONG et les acteurs de l’industrie, qui sont les premiers à avoir réfléchi aux politiques en matière de déchets électroniques en Inde, ont été poussés par une double motivation : le désir de voir émerger une ville de « classe internationale », propre et non polluée, et la saisie d’opportunités commerciales par l’accaparement de la valeur des déchets électroniques. Ne se substituant pas à l’Etat, ces acteurs l’ont toutefois coopté afin qu’il légifère en faveur de la protection de l’environnement et qu’il s’attaque aux problèmes de toxicité et de santé liés aux déchets électroniques. Le régime de recyclage repose sur des processus de formalisation intégrés dans de multiples technologies – technicité, installations couteuses, certifications, autorisations et licences – qui fonctionnent ensemble pour exclure le secteur « informel » du système de gouvernance de ces déchets électroniques. Les technologies de recyclage agissent comme des « technologies de domination » qui contribuent à mettre à l’écart le travail « informel » des ferrailleurs ou des e-kabadis, qui se trouvent déjà en marge de la société en raison de leur appartenance à la communauté musulmane. En définitive, toutefois, le régime de recyclage ne parvient pas à protéger l’environnement car les déchets électroniques finissent par retomber dans le secteur informel par l’intermédiaire d’acteurs autorisés.


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