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24.10.2025

La quantification et l'action publique sur les flux de matières au prisme d'une sociologie des limites

About this event

24 October 2025 from 10:00 until 12:00

Organized by

Centre de sociologie des organisations

Le séminaire doctoral du 24 octobre reçoit Hugo d'Assenza-David, doctorant à Sciences Po (CERI). Son intervention s'intitule : De la construction du risque métabolique à la planification des territoires habitables : la quantification et l'action publique sur les flux de matières au prisme d'une sociologie des limites.

La séance se tient de 10h à 12h à la fois en présentiel à Sciences Po, Salle K.008 et en distanciel sur zoom. Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.

Résumé

Ces dernières années, les flux de matière ont fait l’objet d’une attention croissante dans les politiques publiques : tant à travers la résurgence des stratégies d’économie circulaire dans les années 2010, que via la montée en puissance des problématiques liées à la relocalisaiton des chaînes de valeurs et à la préservation des matières critiques. Cette attention s’est faite en écho à un ensemble d’entreprises de quantification visant à mesurer et comptabiliser les flux physiques de matériaux et d’énergie. Regroupées sous le terme d’Analyses de Flux de Matières (AFM), ces diagnostics appréhendent les territoires comme des systèmes biogéochimiques, tendent à objectiver la nature et les volumes de ces flux, et constituent, ce faisant, un préalable à l’action.

Ce séminaire présentera l'état d'avancement d'une recherche en cours, réalisée dans le cadre d’un doctorat en sociologie politique consacrée à l’étude des trajectoires d'innovations des AFM dans la gouvernance, en comparant les régions métropolitaines de Paris et d'Amsterdam. À partir de monographies croisées, la recherche vise à retracer les actions collectives structurées par et pour ces instruments de quantification et à saisir comment, en retour, elles transforment les pratiques de planification territoriale. L’analyse repose sur un corpus qualitatif composé de documents d’action publique, d’entretiens et d’observations, et s’attache à saisir la « vie sociale » de ces instruments, de leur conception théorique à leur appropriation institutionnelle.

Cette thèse montre que les AFM participent à la construction territorialisée du “risque métabolique”, entendu comme l’exposition des systèmes sociotechniques à des perturbations tangibles affectant le flux de matières et d'énergie nécessaires à leur fonctionnement, qui sont rendus visibles et gouvernables par la quantification. Le suivi des AFM révèle le rôle clé d'acteurs dépositaires d'une expertise technique fondée sur des savoirs d'ingénieurs, qui joue un rôle clé dans la coproduction de ce risque et la formulation de réponses collectives. L'étude de ces cas s'inscrit dans un raisonnement abductif, qui permet de penser la planification écologique comme celle d'un territoire habitable, mobilisant la notion de Zone Critique pour conceptualiser le caractère construit, négocié, gouverné — mais aussi non-gouverné — des conditions d'habitabilité territoriales.

(credits: Nattanan Zia Shutterstock)

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