Penser au-delà du « terrain sexuel » à Dakar Éléments d’une épistémologie située

Thomas Fouquet

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11/2014

Issue d’une enquête de plusieurs années dans l’univers noctambule de Dakar, cette étude interroge les modalités et les enjeux de l’implication ethnographique face à la double extériorité qui caractérise la position du chercheur sur ce terrain : être un homme français, parmi des femmes sénégalaises qui, pour beaucoup d’entre elles, sont en quête de partenaires ou de « sponsors » masculins occidentaux. Aussi, comment faire avec cette image de « proie » ? Comment parvenir à une articulation aussi fine que possible entre l’analyse critique et réflexive de la situation ethnographique et celle des rapports sociaux, politiques, économiques mais aussi fantasmatiques complexes qui s’instaurent en situation postcoloniale ? L’enjeu est, notamment, de ne pas réduire l’analyse au décryptage d’un « terrain sexuel » conçu comme zone d’exception ethnographique. Par une écriture située, en s’appliquant à montrer que le véritable objet de la réflexivité se révèle toujours fuyant, cette épistémologie ancrée s’appuie sur un paradoxe heuristique : c’est la mise à distance progressive d’un « soi d’ethnographe » qui, in fine, permet de se tenir au plus près des individus et des pratiques étudiés. Incidemment, cette négociation de la distance à l’objet emporte par elle-même des effets d’interprétation anthropologique majeurs.

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