Trouble dans la race...

Trouble dans la race...

Soutenance de thèse, 22 mai 2019
Solène Brun
  • Images : Phovoir (via Shutterstock)Images : Phovoir (via Shutterstock)

Trouble dans la race
Construction et négociations des frontières raciales dans deux types de familles mixtes
en France

Solène Brun

Mercredi 22 mai 2019 à 14h30
98 rue de l'Université, salle Annick Percheron

Cette thèse prend pour objet les frontières raciales et leurs dynamiques en France, à partir de l’étude croisée de deux configurations familiales dans lesquelles la mixité raciale est particulièrement saillante : les familles ayant eu recours à l’adoption internationale et les familles formées par des couples mixtes.

En nous invitant à situer l’approche analytique au croisement entre sociologie de la famille, des socialisations et des relations raciales, l’étude de ces deux types de familles – transgressives de la norme d’homogénéité raciale intrafamiliale – nous permet d’investiguer les lieux intimes de la formation des identités raciales dans un contexte « trouble » qui s’avère particulièrement heuristique.

L’analyse croisée de ces deux cas permet en effet d’ajouter aux perspectives classiques de la formation des identités raciales, qui distinguent les processus d’auto-identification et d’assignation par autrui, le rôle des transmissions et des socialisations familiales. Si la famille est généralement reconnue comme étant le lieu par excellence des socialisations primaires, notamment de classe et de genre, la race comme rapport social demeure toutefois sous-explorée dans les études sur la socialisation en France. Cette thèse entend participer à l’investigation empirique d’une telle question. L’analyse empirique des deux cas d’étude interroge ainsi la pertinence de penser la question raciale à partir de celle de la socialisation et questionne plus largement les catégories et frontières raciales en France, leur production et leurs conséquences au quotidien.

Cette recherche est fondée sur un protocole multi-méthodes, où les entretiens semi-directifs avec des parents adoptifs, des personnes adoptées, des parents en couple mixte et des descendants d’unions mixtes, ainsi que les observations, viennent compléter l’exploitation de bases de données statistiques (Enquête sur l’adoption en France - Ined, 2001-2002 et Enquête Trajectoires et Origines - Ined, Insee, 2008-2009). Le protocole mis en œuvre est ainsi pluriel à plusieurs égards, dans l’articulation des terrains mais aussi des méthodes. Cette approche permet de fonder la thèse sur des données riches qui, dans la perspective analytique, nourrissent utilement le travail de comparaison.

En documentant non seulement les types de pratiques de socialisation raciale des parents mais également les différentes manières qu’ont les individus ainsi socialisés de recevoir, négocier, intérioriser ou contester ces socialisations, la thèse donne à voir les dynamiques de (re)construction des frontières raciales en France, ainsi que les manières dont la race s’apprend, en particulier au sein de la cellule familiale.

Composition du Jury
Mme Beate Collet, maîtresse de conférences HDR, Université Sorbonne-Paris IV
Mme Muriel Darmon, directrice de recherche, CNRS/CESSP (EHESS-Université Paris 1) (rapporteure)
Mme Marta Domínguez Folgueras, associate professor of sociology, Sciences Po
Mme Ann Morning, associate professor of sociology, New-York University
Mme Mirna Safi, associate professor of sociology, Sciences Po (directrice)
M. Patrick Simon, directeur de recherche, INED (rapporteur)

Soutenance publique sur invitation préalable pour les extérieurs à Sciences Po.

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