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Évaluer le coût social du carbone

Porteur du projet

Stefan Pollinger, Department of Economics - Sciences Po

Description du projet

Le réchauffement climatique causé par les émissions anthropiques de gaz à effet de serre entraîne toute une série de dommages climatiques futurs, tels que l'augmentation de la mortalité due aux vagues de chaleur extrêmes, la perturbation des écosystèmes, l'élévation du niveau de la mer et la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes. Il nécessite une réduction des émissions, qui est toutefois coûteuse. La société est donc confrontée à un choix difficile : dans quelle mesure devons-nous sacrifier les besoins matériels de la génération actuelle afin de réduire les émissions de carbone et les dommages climatiques qui en résultent pour les générations futures ? La littérature économique s'est concentrée sur un principe directeur pour répondre à cette question : le coût social du carbone. Il s'agit de la valeur actualisée des dommages futurs causés par l'émission d'une tonne de carbone. Ce concept fournit des orientations théoriques sur les efforts de réduction à poursuivre : les émissions dont les avantages actuels sont inférieurs au coût social du carbone doivent être évitées. Cependant, il est difficile de déterminer sa valeur. Le coût social du carbone ne peut être déduit du comportement observé des individus, car les incitations au parasitisme faussent généralement leur volonté de payer pour la réduction des émissions. Une autre façon de déterminer sa valeur consiste à calculer la valeur actualisée des dommages climatiques futurs, mais cette méthode présente également des inconvénients : il n'existe pas de consensus sur le taux d'actualisation intergénérationnel approprié. Pour ces raisons, il n'existe toujours pas de consensus général sur la valeur du coût social du carbone. Cependant, étant donné que les réponses efficaces à la crise climatique dépendent essentiellement du coût social du carbone et du taux d'actualisation intergénérationnel, il est essentiel de progresser vers une meilleure compréhension de leurs valeurs respectives.

Notre projet vise à fournir la première estimation du coût social du carbone et du taux d'actualisation intergénérationnel à l'aide d'une expérience de choix à grande échelle, représentative et incitative. À cette fin, nous placerons les participants dans la peau d'« architectes sociaux » qui doivent répartir les ressources entre la consommation d'un membre représentatif de la génération actuelle et la réduction des gaz à effet de serre. Leurs choix auront des conséquences dans le monde réel, car nous mettrons en œuvre une partie d'entre eux. Cette méthode, appelée « spectator design », est une méthode expérimentale très bien établie pour déterminer les préférences sociales des individus (par exemple, les préférences en matière d'équité et de redistribution). Cependant, elle n'a pas encore été appliquée pour déterminer les préférences en matière de coût social du carbone ou d'actualisation intergénérationnelle. Il est important de noter que cette conception nous permet de déterminer des préférences qui ne sont pas faussées par des motivations de parasitisme, car les décisions des sujets n'ont aucune incidence sur leur rémunération privée directe. Cet aspect est une nouveauté essentielle de notre proposition.

La détermination des préférences des individus en matière de coût social du carbone et d'actualisation intergénérationnelle répond à trois objectifs. Premièrement, notre projet apportera de nouveaux éléments au débat de longue date sur la manière d'actualiser les coûts et les avantages intergénérationnels. Le taux d'actualisation intergénérationnel est un paramètre clé des modèles d'évaluation intégrés utilisés pour déterminer les politiques climatiques optimales. Nos estimations constitueront une base nouvelle pour calibrer ces modèles. Deuxièmement, le coût social du carbone est une statistique suffisante pour déterminer l'opportunité des politiques climatiques. Nos résultats révèlent donc les préférences politiques des individus. Nos estimations contribueront à une meilleure compréhension des préférences des citoyens en matière de compromis intergénérationnel posé par la crise climatique. Elles fourniront des indications précieuses aux décideurs politiques sur les politiques socialement souhaitables et politiquement réalisables. Troisièmement, nous mettrons en lumière la répartition et les déterminants des préférences des citoyens en matière de climat. Nous examinerons en particulier comment l'information, l'idéologie et les idées fausses influencent les préférences. La mise en évidence des sources de désaccord et des facteurs qui influencent les préférences en matière de climat nous permettra d'étudier les voies menant à un consensus social plus large sur cette question politique essentielle.