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Politique de la ville, réussite scolaire et criminalit é
Responsable du projet :
- Nina GUYON, Assistant Professor à l’Université Nationale de Singapour (NUS), chercheure affiliée au LIEPP, IZA Research Fellow
Description du projet :
Entre 2004 et 2020, le Programme National pour la Rénovation Urbaine (PNRU) a visé à restructurer près de 600 quartiers parmi les plus défavorisés de France dans un objectif de mixité sociale et d’amélioration du cadre de vie dans ces quartiers. 150 000 logements sociaux ont ainsi été démolis, 320 000 autres ont été réhabilités, tandis que 140 000 nouveaux logements sociaux ont été construits, pour un montant total investi de 45 milliards d’euros. En parallèle, la loi dite « SRU » relative à la solidarité et au renouvellement urbains, votée en 2000, vise quant à elle à homogénéiser la répartition territoriale des logements sociaux entre communes. Cette politique consiste à imposer des sanctions budgétaires aux communes des grandes agglomérations françaises en-deçà d’un taux minimal de logements locatifs sociaux. Ce taux avait été initialement fixé à 20% et a été remonté à 25% en 2013 par la loi dite « Duflot I » relative à la mobilisation du foncier public en faveur du logement et au renforcement des obligations de production de logement social.
Dans le rapport « Quels effets de la rénovation urbaine sur les quartiers ciblés ? » publié par le LIEPP de Sciences Po en 2017, Nina Guyon avait montré que le PNRU avait induit, en 10 ans, une diminution du niveau de pauvreté dans les quartiers ciblés, qui était nettement plus prononcée dans les quartiers où les interventions démolitions ont été les plus intenses. Gobillon et Vignolles (2014) montraient quant à eux que la loi SRU avait induit une diminution du la ségrégation des logements sociaux au sein des villes affectées. Ce projet s’inscrit dans la continuité de ces travaux et se propose d’évaluer les effets de ces deux politiques intimement liées sur la trajectoire scolaire des enfants affectés, sur la ségrégation sociale résidentielle dans les villes concernées, et sur la délinquance et la criminalité dans ces mêmes villes.
Cette recherche est réalisée dans le cadre de partenariats avec le Commissariat général à l’égalité des territoires (CGET), l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du Ministère de l’Education Nationale, et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) du ministère de l'Intérieur.
1. Effets du programme national de rénovation urbaine sur les parcours scolaires des enfants
- Nina GUYON, Assistant Professor (NUS)
D’après les données de l’ANRU (2015), près de la moitié des familles concernées par les 150 000 démolitions et 320 000 réhabilitations de logements sociaux ont dû déménager en dehors de leur quartier d’origine. De ce fait de nombreux enfants se sont retrouvés dans un collège différent de celui dans lequel ils auraient dû aller en l’absence de rénovation urbaine. Cette étude vise à comprendre comment ces déménagements accompagnés de changements d’établissements scolaires ont affectés la trajectoire scolaire des enfants concernés. Elle s’attachera tout d’abord à montrer dans quelle mesure les collèges effectifs des enfants diffèrent de ceux dans lesquels ils auraient dû aller, et analysera ensuite les conséquences sur l’orientation scolaire des élèves après la troisième et les diplômes du secondaire obtenus.
2. Politique de la ville, ségrégation sociale et délinquance
- Camille HEMET, Professeure associée (Paris School of Economics)
- Nina GUYON, Assistant Professor (NUS)
- Arnaud PHILIPPE, Lecturer in Economics (University of Bristol)
Cette seconde étude se fera à une échelle géographique plus large qui sera celle de la ville. Elle visera tout d’abord à comprendre comment la diminution de la ségrégation spatiale des logements sociaux au sein des villes affectées par le PNRU et la loi SRU s’est traduite en terme de ségrégation résidentielle des revenus. En effet, ces effets ne sont pas automatiques car ils dépendent de la manière dont les relogements liés aux démolitions se sont faits, de la localisation des nouveaux logements sociaux construits dans le cadre du programme, et des mouvements de populations plus généraux induits par le programme. Le deuxième objectif sera ensuite d’analyser les effets de cette diminution de la ségrégation résidentielle des revenus sur la délinquance et la criminalité dans les villes concernées.
Bibliographie :
ANRU. « Les chiffres au 30 juin 2015. », 2015.
Gobillon, Laurent, et Benjamin Vignolles. « Evaluation de l'effet d'une politique spatialisée d'accès au logement : la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU). » PSE Working Papers n.22, 2014.