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17.04.2024
La vie sociale des haies. Enquête sur l'écologisation des mœurs
À propos de cet événement
Le 17 avril 2024 de 16:00 à 18:00
Campus de Paris
27 rue Saint-Guillaume, 75007, ParisLe collectif Sens écologique(s) est heureux de vous inviter à la prochaine séance de son séminaire.
Nous avons le plaisir de recevoir Léo Magnin (LISIS/CNRS) pour une présentation intitulée "La vie sociale des haies. Enquête sur l'écologisation des mœurs".
Cette séance aura lieu le mercredi 17 avril 2024 de 16h à 18h, en salle CS16 à Sciences Po au 1, place Saint-Thomas 75007 Paris.
La séance se tiendra en format hybride.
Alors qu’un consensus scientifique mondial ne cesse de documenter la dégradation du monde par les économies les plus « développées », les sciences humaines peuvent-elles rassembler les indices épars d’une écologisation des mœurs ? À l’instar de Norbert Elias qui élaborait sa théorie de la civilisation des mœurs à partir de la valse des crachats et des mouchoirs, il s’agit d’interroger le processus d’écologisation en allant contre la présomption d’insignifiance d’une chose ordinaire : la haie. Car ici aussi, dans les méandres des buissons qui bordent les parcelles agricoles, les dynamiques sociales, économiques et politiques pèsent de tout leur poids. Massivement détruites au lendemain de la Seconde guerre mondiale, les haies autrefois désuètes sont désormais réhabilitées en tant que réservoirs de biodiversité, brise-vents favorables au bien-être du bétail, formes bucoliques d’une campagne d’antan, ressources d’énergie renouvelable, puits de carbone à protéger, freins à l’érosion des sols et filtres régulant les eaux. Faite de requalifications multiples et parfois contradictoires, la vie sociale des haies éclaire les paradoxes et horizons d’une écologisation balbutiante.
L’émergence d’enjeux globaux au cours des cinquante dernières années, tels que le changement climatique ou la fragilisation de la biodiversité, s’est accompagnée du besoin de repenser les activités humaines en relation avec notre monde en mutation. Ces enjeux s’imposent peu à peu dans de nombreuses sphères de la société comme dans la sociologie contemporaine. Les notions d’environnement ou d’écologie sont néanmoins associées à un ensemble de significations plurielles et parfois contradictoires. Ces notions se retrouvent au travers de l’emploi de catégories dont le sens se sédimente au fil du temps, si bien que des pratiques, des produits, mais aussi des politiques, sont qualifiés de « verts », d’« écologiques », d’« écoresponsables », ou encore d’« environnementaux ». La réflexion qui guide notre collectif part du constat de la diffusion de ces catégories dans une multiplicité de champs de la vie sociale, en particulier économiques. L’objet de notre collectif de recherche est de s’interroger sur la pluralité des sens donnés à ces notions, par les acteur.ices comme par les sociologues qui les observent.
Pour cela, nous mettons en perspective une pluralité d’enquêtes empiriques qui prennent au sérieux les inquiétudes environnementales émises dans un ensemble de sphères (marchandes, individuelles, professionnelles). Comment les acteur.ices individuel.les ou collectif.ves donnent-iels un sens “environnemental” à leurs pratiques quotidiennes comme à leurs engagements politiques ? Quels autres registres de sens les acteur.ices utilisent-iels pour qualifier des pratiques considérées comme écologiques par les sociologues ?
L’environnement ne constitue pas un champ d’étude homogène de la sociologie française. C’est un objet abordé depuis différentes traditions épistémiques existantes qui souvent se croisent : sociologie des sciences et des techniques, de l’action publique, des mobilisations, de la consommation, sociologie pragmatique, sociologie économique, sociologie rurale… Nous mettons en perspective les travaux de chercheur.es porteur.ses de traditions différentes afin d’engager une réflexion sur les cadres théoriques et méthodes d’enquête mobilisés pour traiter de questions environnementales – des pratiques de consommation et controverses environnementales, à la redéfinition des marchés et des identités professionnelles.
Formé en janvier 2021, notre collectif de recherche compte actuellement dix doctorant.es du Centre de Sociologie des Organisations (CSO), du Centre de Recherche sur les Inégalités Sociales (CRIS) et du laboratoire COSMOS qui abordent dans leur travail la question du sens écologique que certain.es acteur.rices donnent à leurs pratiques. Nous nous réunissons chaque mois autour de nos enquêtes et de celles de chercheur.es invité.es.
Le collectif Sens écologique(s) est composé de doctorant.es et docteur.es issu.es des laboratoires COSMOS, CRESPPA-LABTOP, du CRIS et du CSO. Si vous êtes intéressé.e par les activités du collectif ou que vous souhaitez nous rejoindre, n'hésitez pas à nous écrire. Vous trouverez plus d'informations sur notre carnet Hypothèses : https://sensecolo.hypotheses.org/le-seminaire
Ce carnet Hypothèses a pour objectif de publier des billets sur des enquêtes en cours, visibiliser les séminaires mensuels que nous organisons, et de centraliser des ressources sur ces questions.
Le séminaire est ouvert à tou.te.s sur inscription (obligatoire)
(crédits : Shutterstock-enderkoff)