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12.06.2025
Que fait la police...de l'environnement?
Dans le cadre d’une collaboration entre les spécialités Sécurité et Défense et Energy, Environment and Sustainability de l'École d’affaires publiques, les étudiants ont eu l’opportunité d’échanger avec Charles Fourmaux, directeur de la police et du permis de chasser à l’Office français de la biodiversité (OFB) et de son adjoint Michel Lambrech, autour du rôle ambivalent – et souvent méconnu – de la police de l’environnement.
Les échanges ont d’abord retracé l’histoire pluriséculaire de cette police singulière, depuis les "Eaux et Forêts" médiévaux jusqu’à l’OFB moderne, né en 2020. En effet, la prise en compte des enjeux environnementaux par l’État est aussi ancienne que fluctuante – révélatrice des priorités changeantes de l’action publique. Aujourd’hui, la police de l’environnement est une police d’avant-garde car elle participe à la constitution d’un ordre environnemental nouveau, et donc contesté.
L’échange s’est ensuite orienté vers les missions actuelles de l’OFB : de la lutte contre le braconnage au contrôle des pollutions agricoles, en passant par la sauvegarde des espèces protégées ou la régulation de la chasse. Les tâches sont nombreuses et souvent exercées dans des zones rurales marquées par les tensions, où l’agent de l’OFB n’est pas toujours perçu comme un allié. À ce titre, les discussions sur la judiciarisation du droit de l’environnement, les relations avec les agriculteurs ou encore le port d’armes des agents ont mis en lumière la difficulté d’exercer une mission régalienne dans un contexte social fragmenté.
L’un des apports centraux de cette masterclass a été de montrer à quel point la police de l’environnement illustre la tension entre conciliation administrative et fermeté judiciaire. Le témoignage de Charles Fourmaux et Michel Lambrech résonne de manière particulière auprès d’étudiants engagés dans les affaires publiques : il a mis en évidence une police prise dans des logiques de pouvoir différentes, nécessitant une certaine maîtrise des équilibres institutionnels afin de la diriger.
En somme, cette rencontre a contribué à enrichir notre compréhension de ce que peut être aujourd’hui une action publique efficace dans le champ environnemental. À l’heure où la protection de la biodiversité devient un impératif politique, elle nous a rappelé que sa mise en œuvre repose aussi sur des femmes et des hommes de terrain, souvent méconnus mais essentiels.
Article rédigé par Eva Binoist, Olivia Trinh et Jérémy Chaboche, étudiants de la spécialité Sécurité et défense et par Pablo Gangles et Quentin Merour, étudiants de la spécialité Energy, Environment & Sustainability.
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