Ces deux années passées à Sciences Po ont été avant tout une extraordinaire aventure humaine. Un voyage vers la connaissance, celle qui me permet d’appréhender d’autres voies aux maux du monde, aux crises politiques et morales qui traversent notre époque. La chance d’avoir pu étudier avec des chercheurs comme Dominique Boullier, Dominique Cardon, Antonio Casilli, d’être passée par le MIT à Boston, aux États-Unis, de mesurer les avancées technologiques et les idéologies, qui façonnent les géants du numériques outre-atlantique et disruptent l’Europe. Ainsi, en me consacrant à ses études pendant deux années, à mes sujets de recherche imposés afin d’être diplômée, j’ai pu cultiver une dynamique réflexive qui me semble indispensable pour mener à bien et en toute responsabilité un projet de développement technologique et numérique que ce soit au sein d’une entreprise, dans le cadre de sujets de recherche, ou encore pour favoriser l’émergence d’une information libre, critique et indépendante, pilier de nos démocraties désormais fragilisées. En analysant aussi les nouveaux usages, les effets socio-techniques, je suis bien plus “armée” pour développer des projets de haute valeur ajoutée pour les entreprises.
L’innovation n’est pas seulement le fruit d’avancées technologiques, elle est aussi sociale et les deux ne peuvent plus fonctionner l’une sans l’autre. Le monde du numérique dans les années à venir va être confronté à des questions saillantes de confiance, de souveraineté économique et politique, de concentration par un petit nombre d’acteurs qui font bouger les lignes de nos fondements démocratiques, notamment par l’exploitation abusive des données personnelles, mais aussi des matières premières, comme les métaux rares. L’entreprise, le marché, sera à terme challengé sur ces questions. Un bon dirigeant à mon sens se doit de les anticiper et d’être en connexion avec le monde. Sans une connaissance accrue des sciences sociales, cela semble périlleux.