La région MENA ne constitue pas un bloc monolithique. Les mutations que nous venons d’évoquer concernent bien l’ensemble de la région mais varient en fonction des pays et de leurs ressources. On peut en effet regrouper les pays de la région en plusieurs sous-ensembles :
• les pays du Golfe, peu peuplés, relativement riches grâce à l’exportation de leurs hydrocarbures, exploitant leur position stratégique entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie sur laquelle se développe leur diversification,
• un second groupe de pays incluant les pays du Maghreb, l’Egypte, l’Iran aux larges populations nationales, des économies plus vulnérables, avec de fortes disparités sociales et dont la transition économique constitue une priorité,
• et enfin un troisième sous-ensemble faisant face à des vulnérabilités structurelles profondes, à une forte instabilité comprenant l’Irak, le Liban, la Libye ou le Yémen et où la question de la reconstruction pourrait se poser.
Le cas de la Turquie est plus complexe. Membre du G20, ce n’est pas un pays exportateur de pétrole et son économie est très diversifiée et très axée sur les exportations. Les enjeux se portent davantage sur la résilience de son économie face aux chocs pétroliers et monétaires.
Le cas des pays du Golfe, qui sont engagés dans une course contre la montre pour diversifier leur économie et réussir l'après-pétrole, est emblématique. De nouveaux secteurs de croissance émergent dans les secteurs aussi divers que la pétrochimie, le tourisme, le divertissement ou la logistique. La région est aujourd’hui un pôle d’attraction majeur en accueillant des événements internationaux culturels et sportifs comme l’Exposition universelle de 2020 à Dubaï et ambitionne de devenir un pôle d’innovation.
Les pays du Maghreb entendent également profiter de leur position de carrefour, entre l'Europe et l'Afrique. Chaque pays y porte aujourd'hui ses propres ambitions :
• le Maroc ambitionne de devenir un hub industriel régional pour de nouvelles activités (aéronautique, automobile...
• la Tunisie souhaite se positionner sur le digital, l’industrie pharmaceutique et le tourisme médical
• l'Algérie cherche, quant à elle, à s'imposer comme un géant énergétique et minier.
Il faut bien comprendre, dans ce contexte, la nature des enjeux présents dans chaque pays pour les transformer en opportunités d’affaires. L’industrie française dispose de tous les atouts pour se positionner dans cette région. Mais elle doit également prendre conscience des retards qu’elle a pu accumuler face à d’autres concurrents, les anglo-saxons et les asiatiques notamment, dans son approche des marchés de la région.