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01.07.2021
Témoignage de Fabienne Chiche, alumna de l’Executive Master Digital Humanities.
Motivée par l’essor des nouvelles technologies et de la data, Fabienne Chiche souhaitait développer ses connaissances et ses compétences. Elle a suivi l’Executive Master Digital Humanities pour être actrice des nouveaux enjeux stratégiques des organisations. Témoignage.
Pourquoi avez-vous eu envie de repenser votre carrière ou d’évoluer professionnellement ?
Fabienne Chiche - Avant l’Executive Master, j’avais une spécialisation universitaire en communication et information. Journaliste depuis les années 2000, j’ai travaillé pour plusieurs grandes entreprises de médias, où j’ai été manager sur plusieurs projets de création éditoriale et la mise en place des premières rédactions bi-média. A partir de 2012, j’ai rejoint une ONG française de lutte contre la pauvreté en France et à l’international. Durant 7 ans, j’ai eu sous ma responsabilité de nombreux projets d’innovation éditoriale et le développement des activités digitales. Tout au long de ces années avant d’intégrer Sciences Po Executive Education, j’ai été un témoin privilégié de cette révolution numérique, la vivant de l’intérieur. Une révolution qui a chamboulé l'économie, à commencer par le secteur des médias. Une culture numérique mouvante s’imposait avec toujours plus de nouvelles fonctionnalités, d'applications, mais aussi de dérives. Sous les lois du marché, de l’immédiateté, parfois du “buzz”, les règles de l’information changeaient, mon métier de journaliste aussi, les stratégies de communication et de marketing, l’information prenaient de nouveaux visages. En 2017, j’ai été nommé chef de projet de la transformation digitale. Cette année-là, j’ai été confrontée à la problématique du traitement des données personnelles, avec la mise en place du Règlement général sur la protection des données, RGPD. Le sujet des données est passé très vite des juristes à la direction générale. J’ai dû travailler main dans la main avec la DSI (Direction des Systèmes d’Information). J’ai pris conscience que la question des nouvelles technologies et des datas allaient être dans les années à venir au cœur des enjeux stratégiques pour les organisations. J’ai dû m’adapter à mes interlocuteurs qui étaient des développeurs, des informaticiens ou des cabinets de conseil spécialisés. Il m’a alors semblé évident que pour la poursuite de ma vie professionnelle, il était temps de prendre de la hauteur par rapport à des discours que je trouvais souvent superficiels sur les enjeux du numérique. Très vite s’est imposé à moi un pari ambitieux : reprendre le chemin de l’Université pour développer mes compétences et accroître mes connaissances.
Qu’êtes-vous venu chercher à Sciences Po Executive Education et pourquoi ?
Fabienne Chiche - Durant toute ma carrière, la stimulation intellectuelle, la volonté de changer les choses m’ont toujours animée. Mon parcours de journaliste en économie sociale, comme manager des médias et du digital avait déjà développé en moi la conscience que la “révolution numérique” impactait massivement les organisations et leur business modèles, mais aussi les travailleurs. La société politique, la “cité”, était chamboulée par ces enjeux, notamment en matière de droits fondamentaux. Il me fallait pouvoir analyser, prendre de la hauteur. Venant des sciences humaines et sociales, j’avais déjà une appétence toute particulière pour intégrer une formation qui n’offrait pas qu’une seule vision “technique” ou “business”. La transdisciplinarité du projet éducatif de Sciences Po est à mon sens une véritable valeur ajoutée pour un dirigeant “responsable”. Le parcours universitaire de l’Executive Master Digital Humanities proposait cette approche inédite dans les enseignements du numérique ; la compréhension à travers différents prismes : politiques, éthiques, philosophiques, juridiques, sociologiques, économiques… Les sciences sociales à mon sens sont une nécessité à la mise en œuvre d’un numérique meilleur. C’est ce que j’ai trouvé à Sciences Po Executive Education : être en capacité d’innover, de redéfinir les rapports entre les organisations et leurs acteurs, mais aussi de pouvoir anticiper les changements à venir, positifs comme négatifs, induits par le développement des nouvelles technologies. Le numérique est profondément politique, et cette question est cruciale tant pour l’action publique, qu’entrepreneuriale.
« Le parcours universitaire de l’Executive Master Digital Humanities proposait cette approche inédite dans les enseignements du numérique ; la compréhension à travers différents prismes : politiques, éthiques, philosophiques, juridiques, sociologiques, économiques… »
Fabienne Chiche
Alumna de l'Executive Master Digital Humanities
Qu’avez-vous trouvé à Sciences Po Executive Education ?
Fabienne Chiche - Ces deux années passées à Sciences Po ont été avant tout une extraordinaire aventure humaine. Un voyage vers la connaissance, celle qui me permet d’appréhender d’autres voies aux maux du monde, aux crises politiques et morales qui traversent notre époque. La chance d’avoir pu étudier avec des chercheurs comme Dominique Boullier, Dominique Cardon, Antonio Casilli, d’être passée par le MIT à Boston, aux États-Unis, de mesurer les avancées technologiques et les idéologies, qui façonnent les géants du numériques outre-atlantique et disruptent l’Europe. Ainsi, en me consacrant à ses études pendant deux années, à mes sujets de recherche imposés afin d’être diplômée, j’ai pu cultiver une dynamique réflexive qui me semble indispensable pour mener à bien et en toute responsabilité un projet de développement technologique et numérique que ce soit au sein d’une entreprise, dans le cadre de sujets de recherche, ou encore pour favoriser l’émergence d’une information libre, critique et indépendante, pilier de nos démocraties désormais fragilisées. En analysant aussi les nouveaux usages, les effets socio-techniques, je suis bien plus “armée” pour développer des projets de haute valeur ajoutée pour les entreprises. L’innovation n’est pas seulement le fruit d’avancées technologiques, elle est aussi sociale et les deux ne peuvent plus fonctionner l’une sans l’autre. Le monde du numérique dans les années à venir va être confronté à des questions saillantes de confiance, de souveraineté économique et politique, de concentration par un petit nombre d’acteurs qui font bouger les lignes de nos fondements démocratiques, notamment par l’exploitation abusive des données personnelles, mais aussi des matières premières, comme les métaux rares. L’entreprise, le marché, sera à terme challengé sur ces questions. Un bon dirigeant à mon sens se doit de les anticiper et d’être en connexion avec le monde. Sans une connaissance accrue des sciences sociales, cela semble périlleux.
« Ainsi, en me consacrant à ses études pendant deux années, à mes sujets de recherche imposés afin d’être diplômée, j’ai pu cultiver une dynamique réflexive qui me semble indispensable pour mener à bien et en toute responsabilité un projet de développement technologique et numérique »
Fabienne Chiche
Alumna de l'Executive Master Digital Humanities
Et depuis…?
Fabienne Chiche - J’ai soutenu mon dernier mémoire de recherche, “Le Numérique responsable, un défi organisationnel complexe”, fin octobre 2020. Depuis, j’accompagne les dirigeants plus particulièrement en ce moment dans le secteur des métiers du droit. A l’ère de la transformation numérique et des évolutions technologiques, ce secteur se trouve plus que jamais disrupté. Le numérique est devenu incontournable, je travaille actuellement sur la protection des données personnelles et le développement de la communication et du marketing digital. Mon cursus à Sciences Po Executive Education me permet de justifier de compétences transversales, de prendre le relais notamment sur les questions du RGPD, mais aussi sur des missions plus larges à savoir maîtriser les aspects juridiques mais également relatives à l’informatique et à la cybersécurité tout en ayant une excellente connaissance de l’entreprise et une capacité à anticiper et à communiquer. Par ailleurs, je continue comme chercheur indépendant mes travaux commencés et soutenus au sein de l’Executive Master, portant essentiellement sur l’impact des systèmes automatisés et algorithmiques sur le travail et sur la question éthique de la captation des données. J’ai d’ailleurs rejoint à la demande d’un sénateur un groupe de travail sur la question de la transparence des algorithmes et d’une éthique des données.
Un conseil pour celles et ceux qui hésiteraient à se lancer ?
Fabienne Chiche - Incontestablement il est nécessaire de s’investir et d’être motivé. Mais avec la passion et la détermination tout est possible : j’élève seule deux enfants, et j’ai rédigé mes deux mémoires en faisant l’école à la maison de part la situation de crise sanitaire. Et si cela était à refaire, bien sûr que je ferais le même choix, sans la moindre hésitation. Ce cursus m’a non seulement permis de gagner en confiance, mais il m’a aussi permis d’envisager désormais de nouveaux défis professionnels auxquels je n’aurais jamais pensé.