Richard Balme : « Nous formons des cadres engagés dans le développement de l’Afrique »

Richard Balme - Ils sont très nombreux : consolidation institutionnelle, questions relatives à la sécurité, liens entre les secteurs publics et privés… Plus généralement, les professionnels présents en Afrique doivent s’adapter à une économie en dents de scie, avec des variations d’une grande intensité. La croissance peut y être plus forte qu’ailleurs, les crises également - et notamment celle qui concerne actuellement les matières premières et la sécurité alimentaire. De fait, le développement du continent africain est très dépendant du commerce extérieur et des relations avec les autres pays. Toute évolution de la conjoncture internationale peut donc avoir des conséquences et exposer l’Afrique à d’importantes fluctuations. L’enjeu pour le continent est donc aujourd’hui de se concentrer sur les relations entre pays africains. C’est dans la capacité à agir ensemble que les Etats trouveront des solutions. Cette réalité est d’ailleurs au cœur de la réflexion des participants de notre Executive Master. Et la formation est là pour apporter des réponses à leurs questionnements sur ces différents sujets.

Richard Balme - Nous leur apportons tout d’abord un ensemble de connaissances reposant notamment sur les sciences sociales. Celles-ci nous permettent d’aborder les grands enjeux du développement, les spécificités africaines, la situation géopolitique et son impact sur l’activité professionnelle… L’enseignement porte également sur les stratégies et instruments du développement, mais aussi sur les méthodes pour concevoir des politiques publiques, les évaluer ou encore travailler sur un projet de développement. Les participants suivront par ailleurs des enseignements plus techniques sur le leadership, le management, la communication, la gestion ou la sociologie des organisations. Dans le même temps, nous leur proposons de prendre de la hauteur par rapport à leur métier et leur quotidien professionnel. Ils manquent souvent de recul sur leur activité, peinent à identifier leurs alter-ego professionnels dans d’autres secteurs d’activité ou dans des pays voisins. La formation leur donne ainsi la possibilité de se positionner dans un espace social et politique plus large.

Richard Balme - Nous leur proposons en effet des exercices très concrets de mise en situation. C’est le cas du mémoire professionnel à travers lequel chaque participant va formaliser et défendre un projet contribuant au développement africain. Les thématiques abordées sont des plus diverses : création d’une entreprise, conception d’une réforme administrative, création d’une maternité ou encore d’une application mobile favorisant la sécurité alimentaire. Un exercice similaire va également être réalisé en groupe sur un sujet qui sera, cette fois-ci, imposé. Nous leur demandons alors de mener une réflexion pour construire un projet, en s’intéressant à sa forme institutionnelle, les leviers de financement, le type de gouvernance associée… Cela permet aux participants d’acquérir des compétences en ingénierie institutionnelle.

Richard Balme - L’Executive Master se donne pour mission de former des cadres engagés dans l’action publique, économique et dans le développement de l’Afrique. Il réunit dans cet objectif des participants venant d’horizons divers. Sur le plan géographique tout d’abord : la moitié de nos étudiants résident en Afrique, l’autre moitié en Europe. Au total, 80 % sont Africains. Ils sont aussi issus de milieux professionnels variés : cadres du secteur public en Afrique (une importante proportion d’entre eux travaille pour des gouvernements africains), mais aussi du secteur privé, dans de grandes entreprises souhaitant développer leur activité sur le continent.  Nous avons également quelques représentants de la société civile. Enfin, certains participants travaillent à leur reconversion professionnelle et envisagent de mener des projets en Afrique. Cette diversité est évidemment une grande source d’enrichissement mutuel. Ils ont besoin de se rencontrer pour croiser leurs perspectives et leurs expériences des secteurs public, privé et de la société civile, sur un plan économique mais aussi culturel. Et le fait que les promotions regroupent, en moyenne, une quinzaine de nationalités, est bien sûr également un atout pour partager les expériences et les regards, et développer une vraie connaissance du continent africain et de sa diversité.