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09.11.2020

Emmanuelle Quilès : « Être dirigeant, c’est anticiper les mutations pour faire progresser son entreprise »

Son rôle de leader ? Une mission « passionnante » pour Emmanuelle Quilès, présidente du laboratoire pharmaceutique Janssen France et présidente d’honneur de l’Executive Mastère Spécialisé® Trajectoires Dirigeants 2020 de Sciences Po Executive Education. Un rôle qui l’amène à adapter en permanence son organisation aux mutations de son secteur d’activité, tout en faisant face aux nombreuses incertitudes du temps présent, à l’image de la crise sanitaire actuelle.

Quelles sont vos convictions de dirigeante, les lignes de force qui guident vos actions ?

Emmanuelle Quilès - Ma conviction principale est qu’un dirigeant est là pour anticiper les mutations de son secteur d’activité et, au regard de ces évolutions, prendre les bonnes décisions pour son organisation. Ce qui implique d’accompagner les équipes pour qu’elles s’adaptent en permanence aux changements qui nous entourent. Je dois donc regarder loin et pousser mes collaborateurs à faire de même et être le plus ouvert possible sur le monde. Cette stratégie a d’autant plus de sens au sein d’une entreprise comme Janssen. Nous sommes un acteur responsable du système de santé, nous nous devons donc d’avoir une longueur d’avance. Cette nécessaire anticipation concerne les nouveaux médicaments que nous mettons à disposition, mais pas seulement : elle doit aussi influer notre approche des relations avec l’ensemble des acteurs de notre secteur (médecins, associations de patients…).

Pour un dirigeant français, quelles compétences deviennent aujourd’hui obsolètes ? Lesquelles doivent, au contraire, être absolument développées ?

Emmanuelle Quilès - Le rôle du dirigeant a considérablement changé. Dans un monde numérique où tout est relié, interconnecté, le leader n’est plus celui qui détient la vérité, qui sait tout. De même, il ne peut pas relever seul tous les défis qui lui font face. Il ne doit donc pas être celui qui contrôle tout. Il a davantage vocation à jouer le rôle d’une tour de contrôle, à amener les collaborateurs à développer leur propre leadership, à insister sur l’importance qu’il y a à continuellement apprendre. Si je crois en la force d’inspiration que peut insuffler un dirigeant, je pense que les décisions doivent aujourd’hui passer par beaucoup de niveaux de l’entreprise. Le leader, quant à lui, doit rester ouvert, curieux, et montrer sa capacité à comprendre les challenges qui lui font face.

Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur votre rôle de dirigeante ?

Emmanuelle Quilès - J’ai appelé les équipes à se concentrer sur l’essentiel. Dans cette période complexe où de nombreux protocoles sanitaires se succèdent, je leur ai demandé de « faire simple » autant que possible. Je leur ai également rappelé que nous ne pouvions tout contrôler, qu’il fallait l’accepter et faire au mieux face à cette situation. Les dirigeants ont l’habitude d’évoluer dans un univers incertain. La difficulté, c’est que nous sommes en situation de crise depuis mars. Les équipes fatiguent. Il faut donc être là pour insuffler de l’énergie. C’est le lot commun de beaucoup d’entreprises. Mais nous avons, dans le secteur de la pharmacie, un atout sur ce point : nous savons pourquoi nous travaillons chaque jour. Notre mission est en effet très claire et trouve une résonnance particulière dans la crise sanitaire que nous vivons : fournir des services de santé. Nous n’avons donc pas eu à nous interroger sur notre raison d’être comme cela a pu être le cas dans d’autres organisations. Cela ne peut que favoriser l’engagement au sein des équipes.

Cette crise a-t-elle interrogé les pratiques qui avaient cours au sein de votre entreprise ?

Emmanuelle Quilès - La crise sanitaire m’a en effet amenée à revoir ma position sur le télétravail. Je n’en étais pas, jusqu’alors, une grande adepte, j’avais des réserves sur son efficacité. Force est de constater que son déploiement s’est bien passé. Il a des atouts : il garantit une meilleure concentration lorsque les conditions sont réunies au domicile des collaborateurs, il réduit les temps de transports… Reste toutefois des points faibles : un rythme de téléconférences élevé, le manque de lien social et la perte de ces discussions informelles qui avaient toute leur importance au sein de l’entreprise. 


Pourquoi avoir accepté de vous engager auprès de Sciences Po Executive Education en devenant la présidente d’honneur de l’Executive Mastère Spécialisé® Trajectoires Dirigeants 2020 ?

Emmanuelle Quilès - C’est un honneur pour moi qu’on me l’ait proposé. Cette présidence d’honneur me donne l’opportunité de partager ma passion pour mon métier. J’ai à cœur d’expliquer que, si la fonction de dirigeant implique de l’investissement et des responsabilités, elle permet, en retour, de relever de grands challenges, de rendre l’impossible possible, et, in fine, de faire progresser son organisation. Cette présidence d’honneur me donne par ailleurs l’occasion de confronter mes pratiques avec d’autres horizons. Ce sont des temps de partage très enrichissants pour un dirigeant. 

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