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06.05.2025

Antoine DA COL, master Histoire (promotion 2022)

Antoine Da Col diplômé du master Histoire

 

POUVEZ-VOUS NOUS PARLER DE VOTRE PARCOURS UNIVERSITAIRE ? COMMENT EST NÉ VOTRE INTÉRÊT POUR L'HISTOIRE ?

Mon intérêt pour l’histoire remonte à mes cours de 5e. Je me souviens de ma professeure d’histoire, une femme rigoureuse, charismatique et exigeante, dont les contrôles difficiles m’ont poussé à étudier. Puis, d’un devoir, c’est devenu une passion. Moi qui rechignais à apprendre par cœur la moindre date l’année d’avant, je dévorais le manuel de 5e et commençais à écumer les pages Wikipédia sur tous les sujets possibles et imaginables (des Byzantins aux Mongols en passant par l’histoire des techniques) ; je venais de pénétrer dans un monde dont la vastitude stimulait sans cesse ma curiosité, en plus de m’ouvrir sur la diversité des cultures humaines. Depuis, je n’ai jamais cessé de m’intéresser à l’histoire, que ce soit par mes études, les endroits dans lesquels je me suis rendu, les échanges que j’ai pu avoir avec toutes les personnes que j’ai rencontrées.

Du point de vue du cursus, après un baccalauréat scientifique, j’ai passé trois années en khâgne A/L spécialité histoire où j’ai aussi étudié cette matière passionnante qu’est la géographie puis j’ai rejoint le master de recherche en histoire de Sciences Po. En parallèle, je me suis inscrit à l’INALCO où j’ai étudié l’estonien. Je suis parti vivre en Estonie pendant 6 mois pour réaliser mon travail de terrain dans les archives estoniennes et ai soutenu mon mémoire sur le retour à l’indépendance de l’Estonie soviétique il y a maintenant 3 ans.

QUE VOUS ONT APPORTÉ VOS ANNÉES D’ÉTUDES À L’ÉCOLE DE LA RECHERCHE ? QUELS SOUVENIRS GARDEZ-VOUS DE VOTRE ÉCOLE, DE VOTRE PROMOTION, DE VOS ENSEIGNANT·E·S ?

À l’École de la recherche, j’ai rencontré d’autres passionnés d’histoire comme moi, des camarades d’une grande culture et aux intérêts aussi variés qu’intéressants avec lesquels il était toujours très stimulant d’échanger. L’École de la recherche m’a donné les outils pour conduire un projet extrêmement complexe et auquel je tenais beaucoup. Mais si je retiens surtout une chose de l’École de la recherche, c’est l’accueil qui a été fait à mon projet et mon intérêt pour l’Estonie que d’aucuns qualifieraient sans mal d’excentrique. À l’École de la recherche, nous étions tous un peu comme ça : chacun avec son sujet de recherche si spécifique et c’était tout à fait normal. Il y avait vraiment une grande bienveillance envers les projets originaux et beaucoup de soutien entre les élèves. Suivre ce qui m’intéressait vraiment et étudier un sujet en profondeur ont été des expériences déterminantes pour la suite.

QUELLE FONCTION OCCUPEZ-VOUS AUJOURD’HUI ?

Aujourd’hui, je travaille comme contrôleur financier chez Faurecia à Yokohama au Japon.

QUELLES ONT ÉTÉ LES PRINCIPALES ÉTAPES DE LA CONSTRUCTION DE VOTRE PROJET PROFESSIONNEL ?

Passionné d’histoire, j’ai intégré après le bac une classe préparatoire. J’y ai développé des réflexes et des modes de réflexion qui m’ont permis de naviguer les différents défis qui se sont présentés à moi. En parallèle de mes études à Sciences Po, j’ai également intégré l’ESSEC puis, au sein de l’ESSEC, j’ai suivi le cursus du double-diplôme avec la Bocconi en Italie et suis donc diplômé de ces trois universités. La deuxième partie de mon cursus, en gestion des entreprises et en finance, m’a permis de décrocher le poste que j’occupe actuellement au Japon.

Personnellement, je ne pense pas réellement avoir un « projet professionnel ». J’ai dû en créer plusieurs pour intégrer diverses organisations mais il est faux de croire que j’avais tout planifié à l’avance. Quand je suis entré à Sciences Po, je pensais vraiment que je deviendrais enseignant-chercheur puis serais candidat à l’agrégation. Puis ensuite, j’ai pensé que je devrais commencer une carrière en entreprise pour devenir directeur financier. Puis j’ai carrément rêvé d’être PDG. Puis diplomate. Puis entrepreneur. Puis j’ai voulu être professeur d’histoire à nouveau. Puis j’ai arrêté de faire des projets professionnels pour plutôt faire ce qui m’intéresse dans l’instant présent en abandonnant l'idée de donner une "cohérence" à un parcours qui doit par nature être individuel et unique.

À mon sens, s’il y a un projet à suivre pour sa carrière professionnelle, je pense que c’est celui de se découvrir soi-même au travers des expériences qui viennent à soi ou que l’on va chercher. Mon projet à moi était d’avoir une vie passionnante faite de défis et de rencontres, où je pourrais sans cesse apprendre de nouvelles choses et enrichir mon regard sur le monde. Mais je n’étais pas du tout conscient de ce projet quand je suis rentré à Sciences Po. Il s’est construit à mesure que je vivais des expériences très diverses : conduire une enquête sur les pédagogies Montessori dans les écoles maternelles publiques, écrire un mémoire sur l’histoire estonienne, travailler comme éboueur, donner de mon temps à des jeunes pour les aider à trouver leur voie, faire du soutien scolaire, travailler comme stagiaire en contrôle de gestion puis comme responsable financier dans une start-up de la mobilité durable, faire un stage dans le corps diplomatique de l’Union européenne, être officier dans l’armée de terre puis maintenant travailler au Japon pour un groupe automobile français. C’est en testant toutes ces choses que j’ai avancé et j’espère que je continuerai d’avoir de nouvelles opportunités à saisir pour « construire ce projet ».

QUELLES ONT ÉTÉ LES CONTRIBUTIONS DE VOTRE FORMATION À LA FONCTION QUE VOUS OCCUPEZ AUJOURD'HUI ? 

D’un point de vue technique, la recherche en histoire et le contrôle financier présentent autant de similitudes qu’un éléphant et une pelle. En revanche, l’expérience de la recherche, et notamment la rédaction du mémoire, m’a conduit à gagner en rigueur et en ténacité. Jamais plus par la suite, je n’ai eu un projet aussi long et complexe à mener seul sans aucun autre objectif que celui de créer de la connaissance. Finir son mémoire d’histoire, c’est une sensation d’accomplissement exceptionnelle à mon sens. Enfin, le souci du mot juste et la maîtrise d’une langue précise et évocatrice, ainsi que les capacités de déduction, d’analyse, de réflexion avec un haut niveau d’abstraction sont clairement des contributions de ma formation à ma fonction actuelle. De même, toute la connaissance emmagasinée à la lecture des articles universitaires donne une culture générale d’une grande utilité dans les contextes interculturels.

AURIEZ-VOUS UN CONSEIL À DONNER À UN-E ÉTUDIANT-E QUI SOUHAITE S'ORIENTER VERS LE SECTEUR D’ACTIVITÉ DANS LEQUEL VOUS TRAVAILLEZ AUJOURD'HUI ?

Si je peux donner un conseil que j’essaie de m’appliquer à moi-même, c’est de ne pas trop vous laisser enfermer dans des voies toutes tracées. Passez plutôt du temps à vous demander ce qui vous intéresse à l’instant et dans les prochains mois qu’à faire des masterplans sur 10 ans. Bien sûr, c’est toujours rassurant d’avoir un objectif sur le long terme mais s’il commence à guider tous vos choix, ça n’est peut-être pas toujours très opportun. Nous sommes tous des individus différents et il est improbable que ce qui a marché pour les autres marche de la même façon pour vous.

En même temps, cherchez l’inspiration, en discutant avec les autres, en regardant des reportages, en lisant des livres ou en faisant de l’histoire (l’histoire est pleine d‘idées géniales et inspirantes) ! Parce qu’il y a forcément un moment où vous vous direz : « ça, j’ai envie d’essayer ! » Et à ce moment-là, il ne faut pas hésiter. Peut-être que je me trompe ou que je suis un peu naïf mais je pense que tant qu’on a la tête bien faite et qu’on est de bonne volonté, même quand on se plante, il y a toujours une rocade pour revenir sur la route principale. Raison de plus pour tester les chemins noirs !

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