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24.04.2022

Colombe SAILLARD, Promotion 2021

Pouvez-vous nous retracer votre parcours universitaire ?

Après l’obtention d’un baccalauréat scientifique à Nantes, je suis rentrée à l’université de Rennes 1 pour y effectuer parallèlement une licence de mathématiques et une licence de philosophie. Ayant confirmé pendant cette première année mon goût pour les mathématiques, j’ai choisi d’intégrer l’université Paris 6 (aujourd’hui Sorbonne Université) pour y terminer ma licence de mathématiques. 

A l’issue de cette licence, j’ai intégré l’ENSAE (Ecole Nationale des Statistiques et de l’Administration Economique), qui me paraissait être le lieu idéal pour continuer à recevoir une formation stimulante et exigeante en mathématiques, tout en retrouvant des disciplines de sciences humaines et sociales comme l’économie et la sociologie.

Ayant beaucoup apprécié les cours de sociologie dispensés à l’ENSAE, j’ai souhaité m’orienter en troisième année vers la voie « Data Science et Sciences Sociales » et rejoindre le master Sociologie de l'École de la Recherche dans le cadre de la convention de double diplôme existant entre l’ENSAE et Sciences Po.

La formation dispensée par Sciences Po me paraissait pouvoir compléter utilement celle que je recevais à l’ENSAE du point de vue des méthodes d’enquête, des thématiques et des approches conceptuelles abordées. J’étais en particulier très intéressée par la sociologie des sciences, intérêt qui s’est confirmé à Sciences Po puisque j’ai réalisé en deuxième année, sous la direction de Jérôme Aust, un mémoire de recherche portant sur la fabrique d’une représentation des mathématiques à destination du grand public dans un grand institut de recherche parisien. Je poursuis cette année en thèse, sur un sujet toujours en lien avec les mathématiques mais que j’interroge davantage avec une perspective de sociologie de l’éducation,  sous la direction de Pierre-Michel Menger.

Comment est né votre intérêt pour la Sociologie ?

Mon premier contact avec la sociologie date de mon année de licence de philosophie, où, dans le cadre d’un cours d’épistémologie des sciences humaines et sociales que j’avais beaucoup apprécié, j’ai pu me familiariser avec les grands auteurs fondateurs de la discipline (Durkheim, Marx, Weber,…).

Par la suite, je n’ai pas eu l’occasion de lire ni de faire de la sociologie avant mon entrée à l’ENSAE, où un cours d’initiation à cette discipline était dispensé dès la première année. J’ai beaucoup aimé l’approche très empirique qui était le parti pris de ce cours, ce qui m’a notamment permis d’avoir une idée très concrète du type de résultats qu’une pratique de recherche en sociologie pouvait produire. J’ai donc commencé à lire des articles et des ouvrages de sociologie en lien avec ce cours, et j’ai également commencé à être attentive dans ma vie de tous les jours aux effets que l’approche sociologique, en tant qu’effort d’objectivation des réalités sociales via des méthodes d’enquête spécifiques, pouvait ou pourrait avoir sur un certain nombre de questions occupant le débat public.

J’ai alors choisi de réaliser, à la fin de ma première année à l’ENSAE, un stage au sein de l’Observatoire Sociologique du Changement (OSC) après de Louis-André Vallet, stage qui m’a énormément plu notamment en ce qu’il m’a permis de mettre en pratique des outils techniques que j’avais déjà acquis dans le but de produire un savoir sur des questions de mobilité sociale intergénérationnelle absolument passionnantes.

Il me semble que ce stage a constitué un second moment important de la naissance de mon intérêt pour la sociologie ; au-delà de ce que cette discipline me semblait apporter sur le plan théorique et pratique, j’ai découvert apprécier le travail quotidien du chercheur ou de la chercheuse en sociologie, lequel me semble tout particulièrement varié et stimulant.

Que vous ont apporté vos années d’études à L’École de la recherche (Ex École doctorale) ?

Les apports principaux de ma formation à l’Ecole de la Recherche sont au nombre de trois. En premier lieu, la formation m’a semblé extrêmement complète du point de vue des méthodes d’enquête auxquelles elle nous a introduits ; étant déjà familière avec l’enquête quantitative du fait de mon cursus antérieur, j’ai apprécié la découverte de méthodes d’enquête qualitatives comme les entretiens biographiques ou organisationnels, l’observation ethnographique non-participante ou l’analyse de sources écrites.

Plus généralement, j’ai l’impression que mon passage dans ce master m’aura fourni des clés pour construire un questionnement sociologique et pour élaborer une démarche de recherche et une méthodologie d’enquête permettant d’y répondre. Cet aspect est d’après moi vraiment crucial dans la pratique de la recherche en sociologie, et il me semble indispensable de s’y essayer (notamment au travers de la rédaction du mémoire) avant de s’engager en thèse.

D’autre part, il semble avoir découvert dans ce master nombre de thématiques de recherche en sociologie auxquelles je ne me serais pas intéressée spontanément mais qui me permettent d’avoir une meilleure représentation de ce qui constitue aujourd’hui l’actualité de la recherche, et d’avoir quelques références importantes sur un certain nombre de sujets.

Enfin, le troisième apport de cette formation concerne davantage des aspects de socialisation à la recherche ; il me semble que nous avons commencé, en échangeant entre nous, avec nos professeurs et nos encadrant.es de mémoire, à nous faire une idée des enjeux et des difficultés principales du métier de chercheur ou de chercheuse en sociologie.

Quel est l’enseignant-e ou l’enseignement qui vous a le plus marqué ?

Un cours qui m’a énormément marquée est le cours de Sociologie de l’action publique dispensé par Christine Musselin et Philippe Bézès. Il s’agissait d’un cours extrêmement dense, portant sur des questions auxquelles je n’étais pas particulièrement sensible à l’origine, mais dont les deux professeurs ont su me faire sentir l’intérêt. Ce cours me semble a posteriori très important dans le cadre de notre formation dans la mesure où des aspects de politiques publiques sont susceptibles de se retrouver dans la plupart des sujets sur lesquels nous choisirons de travailler par la suite. J’ai eu l’impression de ressortir de ce cours en ayant acquis un certain nombre d’outils d’analyse de l’action publique que je serai en mesure de mobiliser sur des sujets divers tout en sachant les contextualiser conceptuellement, en me référant notamment aux bibliographies extrêmement fournies qui nous ont été données à chaque cours. Nous avons d’ailleurs eu l’occasion de mettre directement en pratique ces outils dans le cadre de l’exercice de validation du cours, qui consistait en l’analyse d’une politique publique de notre choix ou proposée par les enseignants.

Quels souvenirs gardez-vous de votre école, de votre promotion, de vos enseignant-e-s ?

Malheureusement, il me semble que mon expérience à Sciences Po n’a pas réellement été ce qu’elle aurait dû être du fait de l’épidémie de COVID qui nous a obligé.e.s à suivre la formation à distance pendant plus d’un an. Je garde néanmoins le souvenir d’une grande entraide entre la plupart des élèves à cette période, sans laquelle il aurait été difficile de tenir. Je retiens également la bienveillance de certaines et certains professeur.e.s et membres de l’administration, et plus globalement l’impression d’avoir été intellectuellement stimulée et humainement accompagnée tout au long de mes deux années de master.

Quelle fonction occupez-vous aujourd’hui ?

Je suis actuellement en première année de doctorat au Collège de France et à l’EHESS. Je travaille sur les trajectoires scolaires et périscolaires en mathématiques. L’objectif de mon travail est de décrire et de comprendre les parcours en mathématiques (du point de vue des performances, de l’orientation et du vécu subjectif) des élèves français du premier et second degré à l’intérieur et autour de l’école. Un des enjeux principaux du travail est de tâcher de saisir comment des facteurs sociaux mais aussi le contexte scolaire permettent de rendre compte de l’échec et de la réussite en mathématiques (tels qu’ils sont caractérisés par l’institution scolaire) et surtout de leurs concentrations respectives dans différents espaces sociaux. Je cherche à répondre à ces questions en mobilisant à la fois l’exploitation quantitative de grandes enquêtes nationales et internationales, et un travail de terrain (observations et entretiens).

Auriez-vous un conseil à donner à un-e  étudiant-e qui souhaite s'orienter vers le secteur d’activité dans lequel vous travaillez aujourd'hui ?

Mes premières expériences dans le secteur de la recherche en sociologie m’incitent à penser qu’il est avant tout important pour les étudiant.e.s qui souhaiteraient s’orienter dans cette voie de se confronter à la pratique de l’enquête sociologique à travers des stages ou des cours de méthode. En effet, il me semble qu’au-delà d’un intérêt porté à la discipline et aux questions qu’elle permet de poser, il faut s’assurer du fait que l’on aime faire le travail qui constitue le quotidien du chercheur ou de la chercheuse en sociologie.

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[ Avril 2022 ]