ENDLESS : Enjeux de l’essor du salariat aux portes de l’Europe. Le prisme de Tanger

ANR, Agence nationale de la rechercheCette recherche, d'une durée de 3 ans, aborde les mutations contemporaines du travail et de l’emploi considérée à l’échelle mondiale, en s’appuyant sur une région : celle de Tanger au Maroc.

Le projet, financé par l'ANR, est dirigé par Alexandra Bidet, du Centre Maurice Halbwachs, CNRS.

Il est également mené par :

  • Salma Krimi, doctorante financée dans le cadre du projet, Centre Maurice Halbwachs, CNRS ;
  • Jean-Bernard Ouédraogo, Directeur de recherche au CNRS, Directeur d’études à l’EHESS, IIAC-LAIOS ;
  • Antoine Perrier, agrégé d'histoire, ATER à Paris IV, Centre d’Histoire sociale de Sciences Po ;
  • Gwenaële Rot, Professeur de sociologie à l’IEP de Paris, CSO ;
  • Bouchra Sidi Hida, Chargée de recherche au CERSS, Rabat ;
  • François Vatin, Professeur de sociologie à l’Université de Nanterre, IDHES CNRS.

Résumé

Ce projet aborde les mutations contemporaines du travail et de l’emploi considérée à l’échelle mondiale.
Pour ce faire, il s’appuie sur un cas particulièrement suggestif : celui de la région de Tanger située aux portes de l’Europe, en face de Gibraltar. Cette région connaît depuis une vingtaine d’année, un essor exponentiel du salariat industriel, associé à de forts mouvements de migration, internes et externes au Maroc et à l’implantation de « zones franches » où se sont installées de nombreuses grandes entreprises internationales, notamment dans le secteur de l’automobile : équipementiers, ainsi que le constructeur Renault. Ce développement fait actuellement école, avec notamment le constructeur Peugeot qui s’installe à Kénitra, plus au sud du pays.

Ce projet s’appuie sur de premiers séjours d’enquête, qui ont permis d'en dresser le cadre général, en cernant les contraintes économiques et sociales qui pèsent sur ce développement et en identifiant le modèle salarial et industriel propre aux zones franches de la région de Tanger. Il entend maintenant développer un second volet, plus anthropologique de la recherche, afin d'apprécier plus finement la portée et les limites de ce mouvement de salarisation, vécu par les salariés que nous avons interrogés comme l’accès à un « nouveau monde ».
Il s’agit de comprendre les retombées de cette expérience sur la vie des salarié(e)s, leurs apprentissages individuels et collectifs et les horizons sociaux qu’ils envisagent. Il pourra ainsi interpréter ce « nouveau monde » et interroger la pérennité de cette installation salariale, et la façon dont elle redessine éventuellement les perspectives entretenues vis-à-vis du travail, de la famille, du couple, de la citoyenneté, mais aussi vis-à-vis de l’Europe et de la migration.

Qu’invente cette nouvelle forme de mondialisation du travail aux portes de l’Europe ? Ces emplois sont-ils perçus, évalués et investis comme des positions d’attente, faute de mieux, des tremplins provisoires, des succédanés d'Europe, ou bien leurs formes (salariales, temporelles, civiles, interactionnelles, etc.) sont-elles investies plus durablement ? Il s’agira notamment d’étudier jusqu’à quel point les nouveaux « habitus » industriels transforment les représentations sociales des populations concernées dans d’autres sphères de leur vie que l’usine proprement dite. A cet égard, il faudra considérer de façon différenciée les destins masculins et féminins, mais aussi leur croisement et leur combinaison à travers les choix matrimoniaux des uns et des autres. Des enquêtes complémentaires dans des zones d’émigration vers Tanger comme celle d’Oujda ou dans des zones où le modèle de Tanger s’imite comme celle de Kénitra permettront de cerner plus globalement la dynamique générale à l’œuvre au Maroc, qui semble aujourd’hui un des lieux où s’invente un nouveau salariat, qu’il faut saisir à l’échelle du globe.

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