Parution : La valeur du service public
- La valeur du service public de Julie GERVAIS, Claire LEMERCIER, Willy PELLETIER
Bienvenue aux nouveaux doctorants - 2021
- Doctorants 2021
Le CSO a le plaisir d'accueillir de nouveaux doctorants à qui nous souhaitons la bienvenue.
Une sociologie de l’acné à travers ses médicaments : prescription, régulation et controverses.
Co-directions : Patrick Castel et Emmanuel Langlois (Centre Emile Durkheim - Université de Bordeaux)
Les intermédiaires de la cause environnementale. La structuration d’une offre juridique dans le champ du droit de l’environnement de 1970 à nos jours en France
Directeurs : Jean-Noël Jouzel et Jérôme Pélisse
Concevoir et organiser la prise en charge ambulatoire des pathologies cardiaques : une comparaison de politique publique entre la France et l’Allemagne
Directeur : Patrick Castel
Comprendre la politique d'extension de la couverture maladie : le cas des soins dentaires
Directeurs : Daniel Benamouzig et Patrick Hassenteufel (Laboratoire Printemps)
Faire une thèse Cifre en sciences humaines et sociales : la socialisation des doctorants en jeu
Co-directrices : Christine Musselin et Françoise Thibault, docteure et chercheure en sciences de l’information et de la communication
La mondialisation des politiques de diversité des entreprises françaises : le cas des identités LGBT+
Directrice : Emilie Biland-Curinier
Et
Amandine Michelon* (dossier en cours de validation)
Les effets des ordonnances du 22 septembre 2017 sur le traitement des questions de santé et sécurité au travail par le dialogue social en entreprise
Directeur : Jérôme Pélisse
Séminaire doctoral du 8 octobre 2021
- ©shutterstock-Dusan Petkovic
Au séminaire doctoral du 8 octobre, Clémentine Comer, Université Paris Dauphine / IRISSO fera une communication intitulée :
« La professionnalisation par les marges ». Lutte pour la captation de clientèle sur le marché du service vétérinaire.
Résumé :
A partir d’une enquête menée auprès des cabinets vétérinaires spécialisés en production industrielle de porc et volaille, nous retracerons les modalités de développement et de structuration du marché du service vétérinaire. En faisant le constat de processus de segmentations organiques et agonistiques internes à la profession, nous analyserons la capacité d’une élite vétérinaire à imposer une spécialisation des compétences (techniques, puis entrepreneuriales, au détriment de la compétence clinique « historique »), mais également une forme légitime d’organisation économique qu’incarne la holding vétérinaire.
Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé à la fois en présentiel dans les respect des mesures sanitaires actuelles et en distanciel via zoom.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Un salariat à bas coût. Le travail dans la distribution low-cost
- Rayon de bricolage ©shutterstock- tanialerro.art
L'axe Travail, emploi et profession organise la séance du 1er octobre en invitant Cyrine Gardes, postdoctorante au CSO, sur le projet INJUVID : Injustices, conflictualités et expériences du droit en urgence sanitaire sous la direction d'Émilie Biland-Curinier avec Jérôme Pélisse et Fabien Jobard.
Cyrine Gardes présentera une communication intitulée :
Un salariat à bas coût. Le travail dans la distribution low-cost.
Résumé :
La crise du pouvoir d'achat a contribué à l'émergence et au succès d'enseignes rassemblées sous le vocable de "low-cost", dont la caractéristique principale est de proposer aux consommatrices et consommateurs des biens et des services à prix très bas. Elles s'appuient pour cela sur des stratégies de réduction des coûts volontiers présentées comme étant exclusivement centrées sur l'offre et ses aspects commerciaux. Qu'en est-il toutefois du travail dans ces organisations ? La recherche que nous présentons - basée sur des enquêtes ethnographiques dans les magasins low-cost de bricolage - explore la manière dont l'activité se transforme sous l'effet du modèle économique, dans une optique de sociologie du travail attentive aux rapports sociaux. aux dominations, aux résistances et aux dynamiques de structuration des collectifs.
Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé à la fois en présentiel dans les respect des mesures sanitaires actuelles et en distanciel via zoom.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Podcast : Pensions alimentaires et inégalités économiques
- PRESAGE Sciences Po
Incorporer le droit. Les ruses de la discipline pénitentiaire
- ©shutterstock-josefkubes
L'axe Droit, normes et régulation organise la séance du 24 septembre en invitant Corentin Durand, postdoctorant au CSO sur le projet TAXLAW.
Corentin Durand présentera une communication intitulée :
"Incorporer le droit. Les ruses de la discipline pénitentiaire".
Résumé :
Reconnu à la plupart des organisations, le pouvoir disciplinaire occupe en prison une place centrale dans les relations entre agents pénitentiaires et personnes détenues. Répression au sein d’une institution répressive, ce pouvoir de punir a tôt fait l’objet d’un encadrement normatif, lequel s’est considérablement développé à partir des années 1990.
Comment cette densification normative a-t-elle été incorporée au quotidien des prisons ? Dans quelle mesure a-t-elle reconfiguré les pratiques professionnelles et les relations de pouvoir avec les personnes détenues ? Sur la base notamment d’enquêtes ethnographiques dans deux établissements pénitentiaires français, cette présentation s’attachera à revisiter les travaux de Lauren Edelman sur l’endogénéisation du droit par les organisations en se situant au plus près des recompositions matérielles du dispositif disciplinaire et des mutations du travail des agents.
Ce séminaire qui se tient les vendredis de 10h à 12h est organisé à la fois en présentiel dans les respect des mesures sanitaires actuelles et en distanciel via zoom.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Séminaire doctoral du 17 septembre
- Thibaut Rioufreyt et archives ©shutterstock- Chinnapong
- ©shutterstock- Chinnapong
Le séminaire doctoral reprend et la première séance est assurée par Thibaut Rioufreyt, Maître de conférences en science politique Université Lyon 2 / Triangle avec une communication intitulée :
La réanalyse de matériaux qualitatifs. Retour d'enquête sur deux revues partisanes.
Résumé de l'intervention :
Cette communication vise à revenir une enquête menée sur deux revues partisanes, La Nouvelle Critique et La Revue socialiste, respectivement liées au Parti communiste français et au Parti socialiste. Il s’agira plus précisément de montrer les apports de la réutilisation de matériaux collectifs issus d’enquêtes antérieures menées par deux chercheur.se.s premier.e.s. en revenant à la fois sur quelques-uns des principaux résultats obtenus grâce à cette méthode et sur les enjeux et manières de faire autour de la réanalyse d’enquêtes qualitatives.
La finalité du séminaire doctoral est de favoriser les échanges entre les chercheurs et les doctorants du laboratoire autour des différents axes de recherche du CSO.
Ce séminaire a lieu les vendredis de 10h à 12h, en visioconférence actuellement.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Assurance : quelle dynamique entre marché et régulation ?
- ©shutterstock/Giulio Benzi
Assurance : quelle dynamique entre marché et régulation ?
Débat organisé en partenariat avec Chaire PARI
Jeudi 23 septembre 2021, de 19h00 à 21h15, sur zoom.
Autour de l'ouvrage Financiariser l'assurance. Enquête sur solvabilité II de Pierre François et avec la collaboration de Sylvestre Frezal.
Après des décennies dominées par des logiques industrielles et commerciales, ce sont désormais les raisonnements de la théorie financière qui priment. Ce mouvement de financiarisation de la finance est décrit dans cet ouvrage à partir du cas d'école que constitue le secteur assurantiel.
Nos invités :
- Pierre ARNAL,
Executive Vice-Président d'ADDACTIS GROUP - Thierry DEREZ,
PDG de Covéa - Sandrine LEMERY,
Professeure du CNAM et vice-présidente de l’Institut des actuaires.
En présence des auteurs :
- Pierre FRANÇOIS,
Sociologue, directeur de recherche CNRS au Centre de sociologie des organisations de Sciences Po et co-porteur de la chaire PARI - Sylvestre FREZAL,
Ancien co-porteur de la chaire PARI et ancien commissaire contrôleur des assurances, directeur de cabinet du Président de Covéa.
Modérateur : Benoit Martin, Rédacteur en chef de La Lettre de l'assurance.
A lire : Restitution du projet "la consommation de l'ice à Tahiti. Politiques publiques, usages et trafics"
- ©shutterstock-kunanon
Depuis septembre 2019, Alice Simon et Alice Valiergue, post-doctorantes à la Maison des Sciences de l’Homme du Pacifique ont travaillé sur un projet consacré à "la consommation de l'ice à Tahiti. Politiques publiques, usages et trafics" sous la direction scientifique de Henri Bergeron (Sciences-Po - CSO) et Michel Kokoreff (Paris 8-CRESPPA). Cette étude intitulée "ICEDRUG" est co-financée par le Ministère de la Santé et la Maison des Sciences de l’Homme du Pacifique (CNRS-UPF).
Présentation de la recherche :
L’ice est désormais la drogue la plus consommée en Polynésie française après le cannabis. Connue pour être très addictive, l'ice suscite une vive inquiétude au sein de la population et des pouvoirs publics depuis quelques années. Dans ce contexte, la Maison des Sciences de l’Homme du Pacifique (Université de la Polynésie française et CNRS) et le ministère de la Santé de la Polynésie française ont signé une convention pour réaliser une recherche sociologique sur le sujet. Une enquête de terrain a été menée auprès de consommateurs, de trafiquants et de leurs proches, mais aussi auprès des multiples institutions et associations concernées par cette problématique. La recherche analyse les ressorts du trafic et de la consommation d'ice ainsi que les politiques publiques qui y font face. Ce travail explore ainsi les causes et les conséquences de la croissance de la consommation d’ice en Polynésie française.
En savoir plus :
- Restitution du programme
- Lien vers la vidéo de la conférence de la restitution
- Synthèse du rapport
- Rapport final
Présence dans les médias :
Les invités de la rentrée 2021 :
- ©shutterstock- Lemau Studio
Le CSO a le plaisir d'accueillir plusieurs invités :
- Søren Lund Frandsen, doctorant au département d'organisation (IOA) de la Copenhagen Business School
Søren Lund Frandsen étudie l'évolution des réseaux d'experts utilisés par les organisations publics dans leur réponse au développement de défis mondiaux tels que le changement climatique et et les maladies infectieuses émergentes.
Il est au CSO du 1er septembre au 31 décembre 2021. Sophie Dubuisson-Quellier et Emmanuel Lazega l'accueilleront.
- Marte Mangset, chercheuse invitée et Associate Professor à OSLOMET
Marte Mangset travaille actuellement sur une étude comparative des connaissances et des compétences qui légitiment le pouvoir des élites bureaucratiques en Grande-Bretagne, en France et en Norvège.
Elle gère le projet TAXLAW auquel participent Jérôme Pélisse et Corentin Durand.
Elle est au CSO de septembre 2021 à août 2022.
- Paige Pendarvis, doctorante invitée de l'Université de Pennsylvanie
Paige Pendarvis étudie l'histoire de l'Europe moderne, en particulier la France des XIXe et XXe siècles. Ses recherches portent sur l'émergence du "droit au logement" dans le Paris de la Troisième République afin de comprendre le développement historique des "besoins" et des "droits", la relation entre eux et leur impact sur la formation des États-providence modernes.
Elle est au CSO du 13 septembre au 30 août 2022 et est accueillie par Marie-Emmanuelle Chessel.
- Samantha Sales Dias, doctorante invitée de l'Université fédérale de Rio de Janeiro
Samantha Sales Dias étudie le travail des influenceurs numériques spécialisés dans la finance et les investissements et leur performance dans l'espace social de l'éducation financière au Brésil. Elle cherche à comprendre comment ces agents opèrent dans les médias sociaux dans le but déclaré d'éduquer les gens sur la finance et de leur enseigner comment gérer leur argent en temps de crise économique.
Elle est au CSO du 1er septembre 2021 au 28 février 2022 et est accueillie par Jeanne Lazarus.
- Elliot Stoller, doctorant à Harvard University
Ses recherches visent à apporter des idées pratiques et théoriques pour mieux aligner les institutions gouvernementales et économiques sur une distribution plus juste du pouvoir. Elliot Stoller examine de manière critique la façon dont les exercices du pouvoir sont vécus, justifiés et limités de manière normative et structurelle au sein des organisations et entre elles.
Son séjour est fixé du 1er septembre 2021 au 30 juin 2022 et il est accueilli par Sophie Dubuisson-Quellier.
Recrutement d’un ou d’une doctorant.e
- ©Shutterstock-GERARD BOTTINO
Le Centre de sociologie des organisations recrute un.e doctorant.e pour la réalisation d’une thèse sur l’histoire de la direction de la Sécurité sociale. La thèse sera financée, via une convention Cifre, par le Comité d’histoire de la Sécurité sociale. La candidate ou le candidat devra disposer d’un master 2 recherche en histoire, en sociologie ou en science politique. Il ou elle devra être familier.e avec le travail sur archives et sur entretiens. La thèse sera dirigée par Marie-Emmanuelle Chessel et Jérôme Aust.
Les dossiers de candidature seront envoyés par mail aux deux adresses ci-dessous entre le 1er et le 17 septembre 2021. Ils contiendront dans un premier temps un cv et une lettre de candidature. D’autres pièces complémentaires (comme le mémoire de master) seront le cas échéant demandées en septembre.
Contact :
Jérôme AUST (jerome.aust@sciencespo.fr)
Marie-Emmanuelle CHESSEL (marieemmanuelle.chessel@sciencespo.fr)
Descriptif du projet de thèse
Appel à candidature – Sociologie historique de la direction de la Sécurité sociale
Le Comité d’histoire de la Sécurité sociale et le Centre de sociologie des organisations proposent de lancer à Sciences Po une thèse, financée par le biais d’une convention Cifre, sur l’histoire de la direction de la Sécurité sociale.
La thèse proposée porte sur la direction de la Sécurité sociale. Cette direction, qui succède à la direction des assurances sociales en 1945, est rattachée initialement au ministère du Travail, puis au fil du temps à différents ministères et parfois simultanément à deux ou même trois ministères. Si elle connaît, de l’après Seconde Guerre mondiale à aujourd’hui, de multiples rattachements institutionnels, elle dispose d’une stabilité au sein des services de l’État qui en font l’un des acteurs administratifs essentiels de la définition et de la mise en œuvre des politiques de protection sociale.
La thèse aura pour but d’étudier l’exercice des missions assignées à la direction, leurs changements dans le temps, l’influence qui est la sienne.
La direction de la Sécurité sociale participe à la définition et à la mise en œuvre des politiques de protection sociale par les propositions de réformes qu’elle élabore et ensuite par la mise en œuvre juridique des décisions politiques. Son champ de compétences s’étend à l’ensemble des branches de la protection sociale (assurance maladie, accidents du travail et maladies professionnelles, retraite, famille). Elle prépare également les textes relatifs à l’organisation et au contrôle des protections complémentaires (mutualité, régimes complémentaires de retraite et de prévoyance). Elle a en outre la charge d’assurer le financement de la protection sociale de base par la préparation des lois de financement de la Sécurité sociale et d’en fixer les règles de gouvernance au moyen des conventions d’objectifs et de gestion. Elle est également en charge des négociations des conventions internationales de Sécurité sociale et du suivi à Bruxelles des règlements européens de Sécurité sociale.
L’ampleur et l’évolution de ses missions ont conduit à une diversification des profils de ses agents qu’il conviendra également d’analyser.
Pour l’accomplissement de ses missions, elle travaille avec la direction du Budget, mais aussi avec les autres directions du ministère de la santé et avec les organismes de protection sociale, nationaux ou locaux, de base ou complémentaires. L’évolution des services déconcentrés de l’Etat en charge du contrôle des caisses locales de Sécurité sociale en relation avec la direction de la Sécurité sociale et des relations pourra également être traitée, de même que les relations entre la direction de la Sécurité sociale et la Cour des comptes.
Les temporalités explorées restent à préciser, mais des réformes propres à la Sécurité sociale et certains évènements de contexte qui impactent la Sécurité sociale sans lui être spécifiques pourront faire l’objet d’investigations approfondies.
Cette thèse s’appuiera sur un ensemble de sources écrites et orales, en partie déjà identifiées, qu’il conviendra d’articuler. Le projet définitif de thèse sera préparé par le ou la candidate qui sera inscrit-e en sociologie à Sciences Po et préparera le dossier de convention Cifre, avec l’aide scientifique et administrative de l’équipe du CSO.
Cette thèse sera menée à bien par un ou une doctorant.e avec un profil d’historien.ne ayant aussi une formation de sciences sociales, ou bien un profil de sociologue ou de politiste ayant déjà travaillé sur archives. Il ou elle sera dirigé.e, au CSO, par Marie-Emmanuelle Chessel et Jérôme Aust.
Le Comité d’histoire de la Sécurité sociale, mis en place en 1973, a notamment pour objet d’encourager l’étude et la recherche sur l’histoire de la protection sociale avant et après 1945 et de promouvoir la diffusion des travaux historiques. Il est assisté par un conseil scientifique. Ses moyens d’action sont la publication d’ouvrages, l’organisation de colloques, l’attribution d’aides financières, de prix de thèses et de rapports de masters. Il publie chaque année une revue scientifique, la Revue d’histoire de la protection sociale. En 1974 a été créée une Association pour l’étude de l’histoire de la Sécurité sociale qui apporte au comité les moyens financiers de son action. Cette organisation bicéphale très originale permettra la prise en charge financière, par le biais d’une convention Cifre, d’une thèse.
Unité mixte de recherche de Sciences Po et du CNRS, le Centre de sociologie des organisations (CSO) est un laboratoire qui, après avoir bâti sa réputation dans l’étude des organisations, a progressivement étendu ses domaines d’investigation et ses questions de recherche. Il est aujourd’hui un laboratoire en sciences sociales qui rassemble des sociologues mais aussi des politistes et des historiens. Les approches théoriques et les méthodes mobilisées au CSO reflètent aujourd’hui cette diversité, propice au développement d’approches multidisciplinaires. Dans le cadre de son programme doctoral, le CSO offre aux doctorants un encadrement académique de haut niveau reposant sur leur forte intégration dans le laboratoire et de multiples dispositifs de formation scientifique. Ce programme doctoral est par ailleurs articulé avec la politique de l’École de la recherche de Sciences Po qui offre de nombreuses opportunités aux doctorants, notamment en matière d'internationalisation.
Jeanne Lazarus :
- Jeanne Lazarus
Rejoignez l'Association des sociologues des organisations
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Cette association, créée en 2016 à l'issue du colloque des 50 ans du CSO, a pour objectif d’entretenir les liens et le dialogue entre la recherche académique et d’autres milieux professionnels intéressés par la sociologie des organisations, et de valoriser cette dernière dans des milieux non académiques. Elle constitue également une aide à la professionnalisation et à l’insertion professionnelle pour les doctorantes et doctorants du CSO.
Vous êtes intéressé.e par ces thématiques et vous êtes ou avez été en contact avec le CSO, le Cycle supérieur de sociologie de Sciences Po ou le Master de sociologie de Sciences Po, rejoignez l’Association des sociologues des organisations (ASO).
Les membres se réunissent pour débattre de sujets tels que la place de la sociologie des organisations dans les activités de conseil, les liens entre innovation et organisation, le nudge management… Des doctorantes et doctorants du CSO ont pu également présenter leur travail de thèse dans des entreprises intéressées.
Pour en savoir plus
Contacts : aso.association-at-gmail.com
Un argent omniprésent par Jeanne Lazarus
- ©flickr-Dani Lütolf
29 juin 2021 par Jeanne Lazarus, CSO
L’argent est présent dans toutes les sphères de la vie moderne. La crise financière de 2008 a affecté la situation économique et sociale de nombreux pays, analysée entre autres par les économistes. Mais ils ne sont pas les seuls : les sociologues se sont aussi emparés de cette question, sous son angle financier, mais en l’étendant à d’autres dimensions. À la lumière de cette crise, Damien de Blic, poliste à Paris 8 et Jeanne Lazarus, sociologue, chargée de recherche CNRS au Centre de sociologie des organisations de Sciences Po, ont éprouvé le besoin de rééditer Sociologie de l’argent (La Découverte) paru en 2007, en le réécrivant profondément.
Jeanne Lazarus répond sans tabou à nos questions.
En 2021, vous publiez une nouvelle édition de votre ouvrage, que vous révisez en profondeur. Vous indiquez que la crise des subprimes en 2008 a marqué un tournant, notamment dans le champ académique. Quels sont les changements que vous avez pu observer ?
Jeanne Lazarus : La crise des subprimes a évidemment eu des effets économiques et sociaux majeurs, mais elle s’est aussi répercutée dans le monde académique. Si les travaux analysant la finance et l’argent ont commencé bien avant 2008 — la première version de notre ouvrage est parue en 2007 — les subprimes ont attiré une attention massive sur ces questions. Les recherches sur la finance se sont multipliées, tout comme l’intérêt sociologique sur des sujets tels que le crédit ou les dépenses des ménages. Pour expliquer les choix de crédit des familles américaines, il a fallu faire entrer dans l’équation le marché du crédit, la régulation étatique, mais aussi le marché du travail, les relations familiales, les modèles d’investissement, la place de l’endettement dans le cycle de vie, etc. De même, cette crise ne peut être comprise sans tenir compte des rapports de domination de classe, de genre ou de race.
Qu’est-ce que la sociologie de l’argent ? Comment embrasser un champ aussi large et multidimensionnel ? Au-delà de l’économie et du social, l’argent touche aussi à des questions morales ou religieuses…
Queue à un guichet de la Sberbank (caisse d’épargne russe), 2013 © Pavel L Shutterstock
J.L. : Oui, la sociologie de l’argent est un domaine potentiellement infini, tant l’argent est présent partout. Nous tentons de prendre en compte toutes les dimensions de la vie sociale(1) qui participent à créer le paysage dans lequel les pratiques monétaires évoluent. Notre ambition est d’attirer l’attention du plus grand nombre, y compris des sociologues, quels que soient leurs domaines d’études, sur les questions d’argent. Que l’on s’intéresse à la famille, au travail, à l’école ou encore au genre, à l’enfance, à l’État, l’argent est présent d’une façon ou d’une autre. Nous allons même jusqu’à avancer qu’il est une institution sociale, c’est-à-dire qu’il transporte avec lui des normes et des valeurs, qui s’imposent à ceux et celles qui l’utilisent. Même si elles sont parfois transgressées, ces normes forment un cadre connu par les individus, qui interagissent. Cette sociologie a des difficultés particulières car elle aborde un objet lourdement chargé moralement.
Comment résoudre ces difficultés ?
J.L. : L’exigence de « neutralité axiologique » — cette règle qui veut que l’on suspende son propre jugement lors de l’exercice sociologique — est particulièrement difficile à tenir ici. La solution que nous avons trouvée est d’exposer les morales de l’argent, d’en faire la généalogie et d’essayer de comprendre dans quels cadres nos jugements sur l’argent se constituent.
L’autre grande difficulté est celle de l’enquête : l’argent étant présent dans toutes les sphères de la vie sociale, par où l’aborder ? Où et quoi regarder ? Les sociologues ont déployé tous leurs talents pour s’intéresser à toutes les formes de l’argent, mais surtout aux relations sociales qu’il engendre ou qu’il transforme. Dans l’ouvrage, nous présentons ces différentes pistes d’un domaine de recherche qui a démarré avec les premiers sociologues, mais ne cesse de s’enrichir.
Pour ce qui est de l’attitude des Français envers l’argent, vous préférez le terme « d’embarras » à celui de « tabou ». Quelle est notre position en comparaison avec d’autres pays européens et les États-Unis où le sujet de l’argent est librement abordé ?
J.L. : Nous pensons qu’il y a deux idées reçues : d’une part que l’on ne parlerait pas d’argent en France, d’autre part que l’on en parlerait sans la moindre pudeur ailleurs, notamment aux États-Unis. Ces idées préconçues ne résistent pas aux enquêtes. Travaillant sur l’argent, je peux vous assurer que le sujet est omniprésent ! Il suffit d’allumer la radio ou la télévision, d’ouvrir journaux et magazines, et l’on trouve en France sans cesse des questions d’argent, de rémunérations, de patrimoine, etc. La question des riches et des pauvres est très présente dans le débat politique : de François Hollande disant qu’il n’aimait pas les riches en 2006, à Emmanuel Macron qualifié de « président des riches » comme Nicolas Sarkozy avant lui, etc. De même, les mouvements sociaux placent de plus en plus les enjeux d’argent au premier plan.
À l’inverse, l’argent n’est pas sans tabou ailleurs. De nombreuses enquêtes sur l’argent aux États-Unis le prouvent, par exemple le travail de Caitlin Zaloom (2), professeur à New York University, sur le financement des études montre que les parents ne disent pas tout à leurs enfants, ou le livre Uneasy Street de la journaliste Rachel Sherman(3) sur les super-riches à New York qui tentent de dissimuler leur fortune (4)Pour la France, voir Anne Brunner
Première de couverture d’une brochure de la BNCI destinée à la clientèle féminine mariée – Vers 1960 – Archives historiques BNP Paribas
Parler d’embarras plutôt que de tabou signale que l’argent est un sujet que l’on aborde, mais avec précaution. Dans toutes sociétés, il y a des façons de parler d’argent, on n’en parle pas de la même façon à tout le monde, ni à propos de toutes ses dimensions. Partout, il existe des frontières qui révèlent la place de l’argent dans la conception de la société. En France, longtemps seules les inégalités sociales fondées sur la réussite scolaire et professionnelle semblaient légitimes. Or, l’augmentation des inégalités monétaires, l’instabilité du travail, l’effritement de certaines protections sociales ont conduit à ce que la société se perçoive différemment et que les frontières économiques prennent une place qu’elles n’avaient pas il y a quelques décennies. La preuve : la sociologie française a longtemps négligé les inégalités de capital économique pour centrer ses enquêtes sur les inégalités de capital culturel. Sans abandonner les apports de ces recherches, le capital économique devient un sujet d’intérêt croissant pour les chercheurs et les chercheuses.
L’usage grandissant des paiements électroniques et l’apparition de nouvelles monnaies (cryptomonnaie, bitcoin) présagent-ils la fin de l’argent liquide ?
Shutterstock
J.L. : La disparition de l’argent liquide est annoncée depuis quelques années : de nombreuses innovations accélèrent les paiements électroniques, les sécurisent davantage et en diminuent le coût. La crise du Covid en a amplifié l’usage et a fait diminuer les paiements en espèces. Pourtant, l’argent liquide continue à circuler de façon massive et les pays qui pensaient le supprimer sont revenus sur leurs pas. L’exemple le plus célèbre est celui de la Suède. Il y a quelques années, son gouvernement réfléchissait à supprimer le cash, mais une loi a pourtant été promulguée en janvier 2020 pour s’assurer qu’il soit encore possible d’utiliser de l’argent liquide et éviter l’exclusion sociale des plus âgés, des enfants ou encore des personnes porteuses de handicap. Globalement, dans la zone Euro(5), le cash n’a pas disparu, il était encore utilisé pour 73 % des paiements en magasin en 2019 et la quantité de billets de banque en circulation ne cesse de croître — souvent pour utiliser comme réserve de valeur (c’est-à-dire pour le garder chez soi ou dans un coffre) que comme moyen de paiement.
Vous montrez combien les inégalités se creusent entre d’un côté les « ultra-riches » qui bénéficient de la financiarisation de l’économie et du recul des protections apportées par l’État-providence et de l’autre une population pauvre plus nombreuse et en grande difficulté. Comment définit-on un seuil de richesse ?
J.L. : La possibilité même de définir un seuil de richesse est l’objet de débats passionnés, car il ne s’agit bien sûr pas seulement d’une question technique, mais de la façon dont on se représente la société et sa structure. L’une des options est de calquer le seuil de richesse sur le seuil de pauvreté (6). Celui-ci est défini comme la moitié (parfois 60 %) du revenu médian et le seuil de richesse pourrait correspondre au double du revenu médian. L’Observatoire des inégalités propose ainsi le chiffre de 3470 euros mensuels en France en 2020, et considère que 5 millions de personnes sont riches.
Ce calcul est toutefois insatisfaisant pour plusieurs raisons : comme pour la pauvreté, la richesse est multidimensionnelle, et le seuil monétaire est une mesure qui manque d’épaisseur. En outre, ne mesurer que le revenu sans tenir compte du capital fait perdre un élément essentiel de ce qu’est la richesse. Mais surtout, la richesse s’étend de façon exponentielle, en termes statistiques on dit qu’il existe une forte dispersion de la richesse : elle peut ne jamais s’arrêter. Une famille qui vit confortablement et un milliardaire à la tête d’un empire industriel peuvent être qualifiés de riches avec de tels seuils, mais leur expérience sociale comme leur rôle dans les inégalités ne sont pas équivalents. La richesse est un enjeu « nouveau » pour la sociologie, qu’elle soit qualitative ou quantitative. De nombreux travaux se développent actuellement pour la mesurer, la définir, réfléchir à ses origines, à sa reproduction, à son inégale répartition en termes de classes sociales, de géographie, de genre ou encore d’âge. Le groupe des « super-riches » a fait son entrée dans le langage commun, dans les livres de sociologie et dans les mouvements sociaux. Le retour d’une très grande richesse qui rappelle la fin du 19e siècle est l’un des sujets politiques majeurs de notre époque.
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Remise du rapport du Haut Conseil pour le Climat à Matignon
- ©shutterstock-Harsanyi Andras
Le 30 juin, le Haut conseil pour le climat (HCC) a remis son rapport annuel à M. Jean Castex, Premier Ministre en présence de Mme Barbara Pompili, Ministre de la Transition écologique.
Le rapport "Neutralité carbone 2021" constate une amélioration mitigée du rythme de baisse des émissions de gaz à effet de serre. Celui-ci s’est accentué en 2019, mais doit encore pratiquement doubler d’ici 2021 pour s’aligner avec les objectifs climatiques. L’importante baisse des émissions observée en 2020 est temporaire et non structurelle.
Le HCC estime que les politiques publiques sont encore insuffisamment alignées sur la trajectoire de réduction des émissions prévue par la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), alors que les objectifs européens à -55% d'ici 2030 vont demander un rehaussement des efforts au niveau national. Le pilotage et le suivi des politiques publiques reste partiel, malgré les efforts récents. L’évaluation des lois au regard du climat a peu évolué, et le suivi du plan de relance doit encore mieux prendre en compte les enjeux de la transition bas-carbone.
Pour la première fois, le rapport annuel du HCC se penche aussi sur les enjeux de l'adaptation au changement climatique. Les impacts du réchauffement climatique se faisant déjà ressentir sur l’ensemble des régions françaises, il indique que les politiques d’adaptation doivent devenir plus opérationnelles. Les deux-tiers de la population française sont déjà fortement ou très fortement exposés au risque climatique. Après une année de pandémie, le changement climatique reste au cœur des préoccupations des Français, dont plus de 80% pensent que le territoire sera obligé de prendre des mesures importantes pour s’adapter aux nouvelles conditions climatiques. Les politiques d’adaptation doivent être rapidement développées, en complément des stratégies d’atténuation. Il s’agit de se préparer en identifiant les impacts du changement climatique à l’échelle locale et les secteurs prioritaires à l’aide d’outils robustes et fiables et permettre le développement de services climatiques coordonnés. Une stratégie nationale d’adaptation doit être élaborée au même titre que la SNBC, dotée d’objectifs quantifiés et de délais précis, en identifiant les secteurs prioritaires avec l’ensemble des parties prenantes.
Le HCC fait plusieurs recommandations afin d'accélérer la transition bas carbone parmi lesquelles la nécessité d'une clarification des politiques publiques en matière de climat.
Afin d’accélérer la transition bas-carbone, le Haut conseil pour le climat recommande de :
- Clarifier des politiques publiques encore peu lisibles. Les mesures en place et les calendriers de décarbonation actuels orientent insuffisamment les investissements, faute de perspectives claires et stables à moyen et long termes, et d’horizons temporels trop éloignés.
- Finaliser au plus vite les stratégies locales et les faire converger vers les objectifs nationaux, car ces documents permettent à l’ensemble des acteurs publics et privés de s’approprier les enjeux de décarbonation.
- Pérenniser les aides et investissements inscrits au sein des plans de relance qui contribuent aux changements structurels bas-carbone.
- Améliorer les processus d’évaluation et de suivi des politiques publiques, qui permettent de disposer de retours d’expériences rapides et d’accélérer les progrès.
- Intégrer systématiquement l’adaptation au changement climatique dans les politiques aux échelons nationaux et territoriaux car les impacts d’un climat qui change se font déjà sentir.
A propos du Haut conseil pour le climat
Le Haut conseil pour le climat a été installé le 27 novembre 2018 et inscrit dans la loi n°2019-1147 du 8 novembre 2019 relative à l’énergie et au climat. C’est un organisme indépendant, chargé d’évaluer la stratégie du gouvernement en matière de climat, d’émettre des avis et recommandations indépendants et objectifs sur l’action climatique du gouvernement, et d’éclairer les débats de manière neutre, dans une perspective de long-terme en tenant compte du contexte global. Il est actuellement présidé par la climatologue franco-canadienne Corinne Le Quéré et composé de treize membres, désignés pour cinq ans et choisis pour leur expertise scientifique, technique et économique dans le domaine du climat. Sophie Dubuisson-Quellier est l’un de ses membres.
Offre de Post-Doc au CSO :
- Good In Tech
Recrutement pour un contrat post-doctoral (12 mois)
Les Data Protection Officers (DPO) – La formation d’un groupe professionnel
Durée : 12 mois, à compter du 1er octobre 2021
Financement : Chaire Good in Tech
Institutions de tutelle : Sciences Po Paris et IMT Business School
Accueil : Centre de Sociologie des Organisations (Sciences Po, Paris 7e)
Date limite de candidature : Les candidatures sont à adresser (CV et lettre de motivation) à Kevin Mellet (kevin.mellet@sciencespo.fr) au plus tard le 2 juillet 2021
Mission
Dans le cadre de ses activités de recherche sur la gouvernance de l’innovation numérique, la Chaire Good in Tech recrute un.e post-doctorant.e dont la mission sera de réaliser une enquête sur les Délégués à la Protection des Données, ou Data Protections Officers (DPO). La fonction de DPO est instaurée par le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), voté en avril 2016 et entré en application en mai 2018. Sa désignation est obligatoire dans les entreprises privées et dans les organismes publics amenés à constituer des fichiers et traiter des données à caractère personnel. Chargé de nombreuses tâches, en lien avec sa mission principale consistant à veiller au respect des règles relatives à la protection des données, le DPO est assurément le visage de la régulation des données personnelles dans les organisations.
Qui sont les DPO ? Quelles sont leurs trajectoires ? Comment construisent-ils leurs compétences, leur expertise et leur ethos professionnel ? Dans quelles conditions exercent-ils leurs missions au sein des organisations ? Comment, concrètement, exercent-ils ces missions au quotidien ? Leurs compétences sontelles ajustées à ces missions, doivent-elles évoluer ? Comment et par qui sont-ils évalués ? Dans quelle mesure sont-ils susceptibles d’infléchir et de déterminer la manière dont se structure l’économie des données personnelles ? Les questions soulevées par l’émergence de la figure du DPO sont nombreuses.
La perspective privilégiée dans cette recherche est celle de la sociologie du travail et des groupes professionnels (Demazière et Gadéa, 2009) ainsi que les approches en Gestion des Ressources Humaines sur les aspects compétences et développement des compétences. Elle invite à explorer la dynamique de formation du groupe des DPO sous l’angle de la professionnalisation : construction des expertises et codification des compétences, rôle des formations et des associations professionnelles, sociabilités, normes déontologiques, autonomie et légitimité, définition juridique du statut et négociation de celui-ci au sein des organisations, etc. Une enquête menée en 2019 par la Délégation Générale à l’Emploi et à la Formation Professionnelle auprès de 1265 DPO révèle la diversité des profils mesurée par le domaine d’expertise d’origine : 31 % sont juristes, 34 % informaticiens, 34 % appartiennent à d’autres domaines d’expertise. Dispersés et potentiellement isolés dans leurs organisations, adossés à des expertises très hétérogènes, comment les DPO construisent-ils leur identité professionnelle ?
Cette perspective de sociologie des professions pourra être complétée et articulée à deux autres approches sociologiques. D’abord, du côté de la sociologie du droit, l’émergence de nouveaux « intermédiaires du droit » dotés de prérogatives et de moyens élargis invite à poursuivre les analyses sur l’« endogénéité » du droit et des activités économiques (Edelman et Suchman, 1997 ; Bessy, Delpeuch et Pélisse, 2011). Compte tenu de l’ambiguïté de la règle de droit, son application est nécessairement guidée par l’interprétation qu’en donnent les acteurs, et en particulier ceux d’entre eux occupant une position particulière, à l’interface de l’économie, de la technique et du droit. Lenglet (2012) s’est intéressé par exemple aux déontologues de marché, dont le rôle est d’autoriser ou d’interdire certaines transactions aux opérateurs de marché, sur les marchés financiers. Les DPO s’imposent-ils dans les organisations comme des déontologues de la gestion des données, voire de l’informatique ? Ensuite, dans une perspective de sociologie économique du numérique, les DPO sont chargés de veiller, au sein de leur organisation, à la protection des données personnelles, et donc à l’encadrement des activités d’enrichissement et de valorisation dont elles sont susceptibles de faire l’objet. Les « data » sont ainsi constituées en actifs économiques dotés de certaines propriétés – durée de vie, capacité à circuler dans et à l’extérieur des organisations, capacité à être combinés (Beauvisage, Mellet, 2020). Quel rôle jouent les DPO dans ces opérations ? Dans quelle mesure leurs décisions, leurs outils, le contrôle qu’ils exercent participent-il de la valorisation économique des données personnelles ?
Ces questionnements appellent la réalisation d’enquêtes empiriques, qualitatives et/ou quantitatives. L’entrée sur le terrain se fera par le biais des formations (accès au terrain facilité auprès des formations partenaires : le Master spécialisé « Data Protection Management » d’IMT Business School et le certificat « Data Protection Officer » de Sciences Po Paris), d’associations professionnelles, de plateformes de networking professionnel. Elle pourra être centrée sur un domaine particulier ou ouverte à une palette large de secteurs et de types d’organisations. Elle se concrétisera par la rédaction d’un rapport de recherche, de publications scientifiques et par des échanges et valorisations, en particulier auprès des formations associées.
Références bibliographiques
Beauvisage, T., & Mellet, K. (2020). Datassets: assetizing and marketizing personal data. In Birch K. & F. Muniesa (eds), Assetization: turning things into assets in technoscientific capitalism, MIT Press
Bessy, C., Delpeuch, T., & Pélisse, J. (2011). Droit et régulations des activités économiques : perspectives sociologiques et institutionnalistes. LGDJ.
Demazière D. et C. Gadéa (dir.), Sociologie des groupes professionnels. Acquis récents et nouveaux défis, La Découverte, Paris, 2009
Edelman, L. B., & Suchman, M. C. (1997). The legal environments of organizations. Annual review of sociology, 23(1), 479-515.
Lenglet, M. (2012). Ambivalence and ambiguity: The interpretive role of compliance officers. In Finance: The Discreet Regulator, Palgrave Macmillan, London.
Votre profil
Le poste est ouvert aux docteurs ayant soutenu leur thèse en sociologie, en gestion (particulièrement GRH) ou dans une discipline voisine depuis moins de trois ans, ou ayant acquis depuis la soutenance une compétence complémentaire et utile à la réalisation de cette recherche. Spécialités pressenties : sociologie du travail et des professions ou gestion des ressources humaines. Un intérêt pour la sociologie du droit, la sociologie économique ou la socio-économie d’Internet serait un plus. La maîtrise des méthodes qualitatives (conduite d’entretiens) est nécessaire. La connaissance de méthodes quantitatives (questionnaire, statistiques descriptives) et de techniques d’extractions de données du web permettrait de constituer et analyser des jeux de données originaux, sans être un point bloquant du recrutement.
La personne recrutée sera intégrée à une équipe de trois chercheurs confirmés (un en sociologie, un en droit et un en GRH). Nous recherchons une personne curieuse, travailleuse et n’hésitant pas à poser des questions lorsqu’elle ne sait pas. Nous prenons de notre côté l’engagement de vous aider à monter en compétences et pouvoir publier afin de consolider votre CV.
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Arabie Saoudite : vers un système universitaire normalisé par Elsa Bedos
- Riyadh – King Saud University – University Grand Mosque. © Stephen Downes; CC BY
Arabie Saoudite : vers un système universitaire normalisé
Votre recherche doctorale a visé à comprendre pourquoi et comment l’Arabie Saoudite a mis en place une politique d’évaluation de son enseignement supérieur. Pourquoi ce sujet ?
Elsa Bedos : Mon objectif était tout d’abord que ce travail de recherche me permette de progresser professionnellement dans ma spécialité, l’administration de l’enseignement supérieur et de la recherche. J’avais travaillé à l’Agence pour l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur sur l’évaluation d’universités en France(1). Ensuite, j’ai une formation liée à la langue et au monde arabes où j’ai séjourné plusieurs fois, parfois longuement notamment dans le cadre de mon master de recherche en sociologie comparée en Arabie saoudite. Enfin, j’avais particulièrement apprécié l’une de mes enseignantes de Master – Christine Musselin, sociologue de l’enseignement supérieur – pour ses cours de méthodologie d’enquête. J’avais aimé son mélange d’exigence et de bienveillance et savais que pour l’aventure de la thèse, j’aurais besoin d’être guidée tout au long du chemin. En dialoguant avec elle, j’ai mis le doigt sur l’existence de la commission saoudienne d’évaluation et d’accréditation de l’enseignement supérieur (National Commission for Academic Assessment and Accreditation – NCAAA). Voilà comment est né mon projet de thèse sur l’analyse de la mise en place de cette agence et la politique qui y présidait.
Cette politique s’inscrivait dans un mouvement mondial et se nourrissait de nombreux outils et modèles étrangers. Y-avait-t-il eu une réflexion nationale – et/ou au niveau des établissements – relative à ces sources d’inspiration ? Ces modèles avaient-ils été adaptés à la culture saoudienne ?
Riyadh – King Saud University – University Grand Mosque. © Stephen Downes; CC BY-NC 2.0, via Flickr
E.B. : Les universités saoudiennes sont internationalisées depuis longtemps, à travers les enseignants qui, pour une grande part sont des non-Saoudiens venant d’autres pays où ils ont été formés et pour l’autre part, sont des Saoudiens formés à l’étranger, le plus souvent dans des pays anglophones (États-Unis, Royaume-Uni, Australie, Nouvelle-Zélande…). Les universitaires qui dirigent l’agence saoudienne d’évaluation et d’accréditation de l’enseignement supérieur, au moment d’inventer la politique publique saoudienne d’évaluation et d’accréditation au début des années 2010, ont fait appel à des consultants extérieurs, australiens, états-uniens, britanniques pour étudier et comparer les systèmes étrangers. Ce recours à une expertise internationale et à la comparaison internationale n’est pas propre à l’enseignement supérieur saoudien. C’est même fréquent dans les administrations publiques saoudiennes. La planification et l’élaboration de grandes politiques publiques se construit souvent avec l’appui de cabinets de conseil internationaux ou d’administrations étrangères. J’ai d’ailleurs observé – et participé – à l’élaboration du plan pour la recherche et la technologie (maarifah). Dans les universités évaluées, les personnes que j’ai interviewées étaient conscientes d’être soumises à un processus inspiré de modèles extérieurs. Certains regrettaient une importation en bloc sans adaptation à la situation saoudienne, sans démarche progressive et incrémentale permettant aux universités de s’adapter à ces nouvelles pratiques et modalités de travail induites par l’évaluation. De fait, à cette époque la NCAAA, était prise au piège de son propre processus d’accréditation trop complexe, trop éloigné de la réalité des universités saoudiennes, qu’il lui était impossible d’en délivrer. Cet ensemble a été importé par des “passeurs” saoudiens habitués à participer à des colloques internationaux, à évoluer dans des réseaux de techniciens de l’assurance qualité dont ils partagent le vocabulaire et les convictions sur la capacité de certains outils d’actions publiques à résoudre des problèmes.
© 2021 British Council
Parmi ces outils, celui des learning outcomes a fait l’objet d’un travail d’appropriation particulièrement approfondi parce qu’il est censé valoriser le diplôme délivré et rendre employable les étudiants et donc résorber le chômage des jeunes Saoudiens. Cette importation repose sur l’implication de quelques acteurs centraux comme le British Council en Arabie saoudite et l’agence d’assurance qualité de l’enseignement supérieur du Royaume-Uni avec lesquels les responsables de la NCAAA sont en interaction régulière. Pour se sortir de l’impasse de l’échec de la plupart des universités saoudiennes à être accréditées, la NCAAA a fait preuve d’inventivité pour ne jamais atteindre l’étape où elle doit délivrer l’accréditation: ses dirigeants ont choisi d’allonger le processus en amont, notamment par des conditions d’éligibilité de plus en plus élaborées et par une réorientation de son activité vers l’offre de formations aux universités pour les acclimater à sa technique d’évaluation-accréditation.
Un de ses enjeux était d’améliorer l’employabilité des jeunes saoudiens : A-t-elle atteint son but ?
E.B. : C’est bien l’un des paradoxes de cette politique. Ceux qui l’ont mise au point affichent partout, à l’écrit et à l’oral, l’objectif d’améliorer leur enseignement supérieur pour rendre les diplômés saoudiens plus employables. Mais à aucun moment, ils ne s’adressent aux entreprises ou autres administrations publiques dont la mission est de former à des professions en vue d’une insertion professionnelle, comme, par exemple, celle chargée de développer des formations non-académiques et professionnalisantes. Cette césure rend compte de conflits de périmètres entre ministères et entre administrations. L’agence d’évaluation et d’accréditation de l’enseignement supérieur souhaitait étendre sa compétence à l’ensemble des formations délivrées qu’elles soient académiques ou professionnalisantes, mais n’y est pas parvenue.
Lancée deux ans après les attentats contre les Twin Towers, cette réforme s’était aussi donné des objectifs moraux. Quels étaient-ils et à quoi cela a-t-il abouti ?
E.B. : Je ne parlerais pas d’objectifs moraux, même s’il est juste de situer le début de la réflexion autour de la réforme de l’enseignement supérieur saoudien sur ce plan. Très vite, cette dimension a été évacuée et je parlerais plutôt d’une volonté de répondre à ce qui est perçu par les dirigeants saoudiens comme un risque politique de déstabilisation voire de renversement du régime, découlant des accusations, venues essentiellement des États-Unis et d’Europe puis dans un second temps d’Arabie saoudite, qui construisent l’éducation saoudienne en “problème public”, suite aux attentats perpétrés aux États-Unis en septembre 2001 (quasiment tous ceux qui étaient impliqués dans ces attentats étaient de nationalité saoudienne): elle serait responsable de fabriquer des terroristes.
Al-Mahala | King Khalid University. © Abdulaziz Asiri, own work, CC BY-SA 3.0
La réussite du gouvernement saoudien est de parvenir, à travers ce qui s’est appelé le sixième “Dialogue national”, à techniciser le problème de l’éducation saoudienne, à le faire glisser du registre des valeurs morales (lutter contre l’extrémisme, développer l’esprit de tolérance) à celui de la technique moins chargée symboliquement : les curricula, le développement des technologies au service de l’enseignement, les qualifications et la mesure de la performance des enseignants, l’évaluation de la qualité. Le « Dialogue national » constitue une scène publique qui travaille à « réétiqueter » le problème éducatif saoudien : d’un problème de qualité exprimé en termes de déviance idéologique (le « wahhabisme »), il devient un problème technique . Cette technicisation s’accompagne d’un recours à des savoirs experts et à un appareillage linguistique : performance, évaluation, indicateurs, « bonnes pratiques », learning outcomes, assurance qualité, benchmark… En opérant ce déplacement, cette opération a dépassionné le débat et permis de réorienter l’incertitude – que la crise internationale consécutive aux attentats du 11 septembre 2001 avait mise sur le devant de la scène – en la fixant sur la qualité de l’enseignement supérieur. La rencontre avec la NCAAA s’opère autour de la notion de qualité, l’évaluation et l’accréditation constituant les deux piliers de cette dernière. La NCAAA s’installe comme « spécialiste » de la qualité, en proposant une méthode au service de l’assurance qualité.
Si d’une manière générale, ce type de réformes en multipliant les outils de contrôle limite les libertés académiques, vous montrez qu’en l’occurrence les contraintes « idéologiques » pesant sur les enseignants ont été réduites. Comment expliquez-vous cela ?
E.B. : Dans l’université où j’ai observé la mise en œuvre de ce dispositif, j’ai montré comment ce dernier avait transformé sa structure administrative par la création d’une nouvelle chaîne hiérarchique dédiée à la qualité, les agents de la qualité, et la mise en procédures d’enseignement. J’ai notamment pu constater l’imbrication de plusieurs formes de bureaucratisation simultanées : rationnelle-légale (wébérienne(2)), managériale (New Public Management – NPM(3)) et rationalisée.
© Shutterstock
L’introduction d’outils d’évaluation et d’accréditation, inspirés du NPM, était présentée par les agents de qualité comme en rupture avec le système bureaucratique antérieur. En réalité, ces outils, comme les pratiques de travail qui les accompagnent, prolongeaient le processus bureaucratique, caractérisé par une inflation de l’écrit et des procédures. Les agents de la qualité imposaient un travail formel d’écriture de dossiers et de rapports. Ces processus étaient censés transformer la pédagogie des enseignants et de l’enseignement à l’université. À partir de ces pratiques, j’ai proposé de saisir et de qualifier le régime saoudien, en prenant le contrôle comme objet d’étude. J’ai analysé la qualité comme révélant la manière dont des pratiques et des discours peuvent combiner, simultanément, des éléments de gouvernements démocratique et autoritaire. Le NPM est d’abord une doctrine nord-américaine et européenne, dont divers travaux ont montré, en contexte démocratique, que la diffusion du contrôle formel réduit les marges de liberté, notamment académique. L’apport de mon travail est de montrer à l’inverse que, en contexte autoritaire, dans un gouvernement où sont mises en œuvre des formes de contrôle politique et moral, focalisées sur les individus et leurs pensées, la diffusion du NPM a contribué à desserrer le contrôle politique et moral. En définitive, ce cas donne un aperçu éclairant sur l’action publique, l’intrication entre réforme instrumentale, bureaucratisation et modalités de gouvernement.
En revanche, côté administration, ces réformes ont eu des effets bien différents…
E.B. : En effet, en m’intéressant aux transformations organisationnelles, j’ai observé que les agents de la qualité se saisissaient de la réforme, à des fins de promotion professionnelle et j’ai montré comment ils constituaient une « magistrature technique ».
Entrée principale de l’université Mohamed bin Saoud. Source : Facebook de l’université
En identifiant plusieurs profils et des stratégies multiples, j’ai révélé l’hétérogénéité qui caractérise la chaîne de la qualité. Ainsi, les universitaires d’origine saoudienne déploient des logiques d’action similaires, empruntant des trajectoires professionnelles semblables et jouant de leurs interconnaissances. Les universitaires non saoudiens développent, eux, des stratégies de survie professionnelle. Tous cependant mêlent compétences académiques, administratives et managériales. Cette hybridation est la ressource centrale des agents de qualité dans leur conquête du pouvoir au sein.
Vos interlocuteurs se sont-ils montrés ouverts et impliqués ?
E.B. : Dans l’ensemble, j’ai été bien accueillie. Je suis arrivée sans prise de contact préalable. Même si cette situation est plutôt inconfortable, mais d’expérience je savais que j’allais en trouver sur la place. Au départ, il faut rencontrer 2 ou 3 personnes qui vont jouer un rôle d’intermédiaire et de médiateur auprès d’acteurs que je souhaite interviewer. Et de fait, j’ai été mise en relation avec des interlocuteurs à la commission d’évaluation et d’accréditation saoudienne et aussi dans plusieurs universités, de tailles et de statuts différents, dont certains ont joué un rôle central pour ma mise en relations. J’ai quand même vécu un instant de solitude quand le président de la commission nationale d’évaluation et d’accréditation m’a demandé de cesser de conduire des entretiens et d’observer les gens qui y travaillaient. La relation de confiance s’était rompue après un entretien avec l’une des salariées. L’entretien s’était pourtant bien passé, de mon point de vue. Elle m’avait donné beaucoup de matériaux intéressants. Cet incident s’est produit alors que j’avais réalisé suffisamment d’entretiens heureusement. Finalement, cette déconvenue a été une chance parce qu’elle m’a obligée à embrasser l’ensemble du processus, depuis la genèse de la politique publique jusqu’à sa mise en œuvre.
En tant que femme, avez-vous eu le sentiment d’être accueillie avec tout le sérieux que requièrent des entretiens de recherche ?
E.B. : Au sein des universités où j’ai réalisé mon enquête, la ségrégation entre hommes et femmes y est institutionnalisée, conduisant à la délimitation d’espaces réservés à l’un ou l’autre genre (campus féminin et campus masculin). En ce qui me concerne, les règles de ségrégation ont été appliquées avec plus ou moins de rigueur. Bien souvent, ce n’était qu’une fois arrivée sur le lieu des entretiens que je comprenais si j’allais rencontrer des hommes, des femmes ou les deux. Si la ségrégation de genre est institutionnalisée dans les espaces publics, une fois ce cadre posé, rien n’était figé. Des intermédiaires saoudiens m’ont permis d’accéder à des espaces totalement réservés à des hommes, des universitaires hommes ont accepté -de transgresser la règle de ségrégation de genres en me rencontrant dans des espaces où les acteurs estimaient pouvaient se départir de cette norme : les lobby de grands hôtels internationaux ainsi que le collège de médecine de l’université où j’ai passé le plus de temps. L’incertitude dans laquelle je me trouvais a aussi constitué une opportunité car elle matérialisait la possibilité d’un contournement de la règle. Ces expériences, après analyse, ont révélé des mécanismes sociologiques : la composition de hiérarchies appliquées aux nationalités, grades universitaires et professions.
A group of women Saudi returnees wait for their turn to disembark, ©UNICEF Ethiopia/2013/Ayene
Ainsi, les universitaires occidentaux rencontrés se sont comportés comme s’ils n’étaient pas totalement soumis aux mêmes règles que celles qui s’imposent aux nationaux et aux autres étrangers. Ils estimaient possible de s’en affranchir comme une normalité, pour eux et pour moi. Les hommes de nationalités étrangères non occidentales (arabes ou asiatiques) ont répondu à mes sollicitations avec une plus grande variété de comportements face à la règle de ségrégation et à sa transgression. Cette variété ne renvoie pas seulement à la hiérarchie des nationalités mais aussi au statut professionnel et au capital politique de la personne qui m’avait orienté vers eux. Elle révèle aussi l’étendue de la zone d’interprétation de la règle et de son contournement, ce qui explique les situations de rebondissements auxquelles j’ai pu être confrontée. Les Saoudiens, universitaires ou fonctionnaires, ont tous accepté de me rencontrer, y compris sur des lieux de travail où aucune femme n’était présente. Mon statut d’Occidentale et de chercheuse, implicite visait à la construction d’une image positive de l’Arabie saoudite, capable de transgresser la règle de ségrégation, de permettre à une femme de faire son travail. Il s’agissait aussi d’essayer d’influencer mon analyse de la société saoudienne en prenant à rebours mes préjugés supposés. Ils tentaient par-là de convaincre l’« Occident » de l’existence d’une Arabie saoudite ouverte à la discussion et dans sa manière de traiter avec les femmes. Ces expériences montrent l’étendue des situations possibles et des interprétations de cette règle, pourtant présentée de manière si monolithique, en Arabie saoudite ou à l’étranger. Elles rappellent le principe, déjà mis en évidence par Durkheim , qu’une infraction à la règle n’entraîne pas mécaniquement une sanction et que la dérogation à une règle est un phénomène normal. De surcroît, elles montrent que la respecter ou la transgresser exprime des stratégies individuelles, enchâssées dans des mécanismes socio-politiques qui dépassent la question de la règle.
Propos recueillis par Hélène Naudet, direction scientifique
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Replay du débat : Faut-il légaliser le cannabis ?
- Les invités du débat
DÉBAT DU VENDREDI 18 JUIN 2021 DE 12H30 À 14H SUR ZOOM
Discussion autour de l'ouvrage " Faut-il légaliser le cannabis ? " de Renaud Colson et Henri Bergeron.
Le consensus qui a longtemps prévalu sur la prohibition du cannabis a disparu. L’usage de ce produit est désormais toléré dans de nombreux pays et plusieurs Etats en ont légalisé la production et la distribution à des fins récréatives. Ce n’est pas le cas de la France où la consommation et les trafics de cannabis font l’objet, depuis une vingtaine d’années, d’une réponse pénale de plus en plus vigoureuse. Le niveau d’usage demeure pourtant très élevé, notamment chez les jeunes, et l’interdit légal s’accompagne de nombreux effets pervers, en particulier la création d’un vaste marché criminel et sa violence associée, la circulation de produits frelatés et les conséquences sanitaires qui lui sont liées, et la marginalisation des consommateurs.
Faute de distinguer entre les effets délétères du cannabis et les conséquences négatives de son interdiction, le risque est que la prohibition se renforce de ses propres échecs à la manière d’une prophétie autoréalisatrice. Le débat est d’autant plus difficile à mener qu’il est techniquement complexe et ne se résume pas à l’alternative simpliste entre interdiction absolue et liberté sans limite dans laquelle on veut trop souvent l’enfermer. Il convient de prendre la mesure des connaissances scientifiques acquises sur le sujet afin d’évaluer le droit en vigueur de la manière la plus neutre possible, et de réfléchir aux conditions de sa réforme.
Les invités :
Renaud Colson, maître de conférences à la faculté de Droit à l'Université de Nantes,
Voir la vidéo [1:30]
Evènement organisé en partenariat avec le laboratoire Droit et Changement Social - UMR CNRS
Séminaire Enseignement supérieur et recherche du 21 juin 2021
- ©shutterstock-ADragan
La prochaine séance du séminaire "Enseignement supérieur et recherche" est programmée le lundi 21 juin de 12h30 à 14h.
Kathia Serrano Velarde, Professeur de sociologie politique à l'université de Heidelberg, présentera une communication intitulée :
How do academic organizations select candidates?
Le séminaire "Enseignement supérieur et recherche" de Sciences Po est co-organisé par le CSO (sous la co-responsabilité de Jérôme Aust et Clémentine Gozlan) et par le RESUP (Réseau d’étude sur l’Enseignement Supérieur).
Contacts : Jérôme Aust et Clémentine Gozlan
Replay du débat : Argent, que peut apporter la sociologie ? du 20 mai 2021
- Intervenants du débat "Argent, que peut apporter la sociologie ?"
Débat DU jeudi 20 mai 2021 de 12h30 à 14h
Discussion autour de l'ouvrage "Sociologie de l'argent" de Damien de Blic et Jeanne Lazarus.
L’argent est présent dans toutes les sphères de la vie moderne. Il conditionne l’accès aux biens matériels les plus essentiels et définit en grande partie les hiérarchies sociales. Cette nouvelle édition, largement remaniée, montre la place nouvelle qu’a prise l’argent dans les enjeux politiques et sociaux. La crise des subprimes de 2008 ainsi que l’accumulation massive d’argent par ceux que l’on nomme désormais les « ultrariches » ont récemment transformé notre regard sur l’argent. Sa centralité est plus que jamais l’objet d’interrogations collectives et de revendications.
Comment l’argent est-il devenu une source tout à la fois d’aliénation et de libération ? Pourquoi fait-il l’objet de condamnations morales récurrentes ? Les comportements face à l’argent diffèrent-ils selon les groupes sociaux ? selon le genre ? Comment circule-t-il au sein de la famille ? Quelles sont les conséquences de sa dématérialisation ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles propose de répondre une approche sociologique de l’argent.
Pour en débattre :
Damien de Blic, Maître de conférences en science politique à l’Université Paris 8 et co-auteur de l'ouvrage
Nicolas Duvoux, Professeur à l’Université Paris 8
Bernard Horenbeek, Président du directoire de la Nef, finance éthique
Jeanne Lazarus, Chargée de recherche CNRS, sociologue au CSO et co-auteure de l'ouvrage
Hélène Périvier, Directrice du Programme de recherche et d’enseignement des savoirs sur le genre (PRESAGE) de Sciences Po
Modérateur : Xavier Molénat, Rédacteur en chef adjoint d'Alternatives Economiques
Replay du débat : Les luttes, moteur du capitalisme ? État, capital, travail du 12 avril 2021
- Débat sur zoom
How Romanian Roma obtain social support in France? Beyond representation of homophily and network closure
- Gypsy family ©shutterstock-Tomas Vynikal
La séance du Département de sociologie de Sciences Po, organisée par le CEE, accueille Tommaso Vitale, Associate Professor de sociologie à Sciences Po et directeur scientifique du master Governing the Large Metropolis.
Son intervention s'intitule :
How Romanian Roma obtain social support in France? Beyond representation of homophily and network closure. Preliminary results of a mixed-method research.
Abstract :
In this seminar, we will discuss some preliminary results of research on the sociology of Roma migrations, and issues related to sociability, Roma immigrants inclusion in the local urban setting, forms of social support. Whether presented as 'ethnic solidarity' or 'ethnic segregation' the idea that migrants' social world is dominated by tightly-knit, homogeneous, and supportive networks of kin and co-ethnics is common in scholarly and public discourse around migration, particularly for minorities with a history of marginalization, segregation, and stigmatization. We discuss this idea mobilising using data from the first survey of personal networks and social support of Romanian Roma migrants in France. Analyzing egocentric network data on Romanian Roma migrants in France, we will discuss "structures" of "personal communities", and then analyse issues and dimensions of social support, so to say who is contacted to ask for help and support. We will distinguish and discuss individual, relational, and contextual factors associated with the provision of support.
The main scope of the class is to see to have analytical and conceptual tools to discuss the relationship between contexts of strong marginalization and stigmatization and ties that bind. The hypotheses of ethnic solidarity, sociodemographic homophily, and network closure are inadequate to explain the way migrants obtain social support. We will introduce and discuss some of the main findings in the sociology of ethnic minorities, and notably, the concept of "networked individualism" in which autonomous individuals strategically maintain diverse and far-flung networks, combine bonding and bridging social capital, and mobilize different social ties for different, specialized types of support.
Le 4 juin 2021, de 12h30 à 14h30
Inscription obligatoire/compulsory registration
Informations : contact.cee@sciencespo.fr
Nouveau contrat ANR : INJUVID - Injustices, conflictualités et expériences du droit en urgence sanitaire
- Agence Nationale de la Recherche
- ANR
Dans le cadre de l’appel Résilience Covid-19, le projet de recherche "INJUVID : Injustices, conflictualités et expériences du droit en urgence sanitaire" est retenu pour une durée d'un an, à compter du 1er juillet 2021.
Emilie Biland-Curinier, professeure des universités en sociologie à Sciences Po et membre du CSO, est la coordinatrice du projet, accompagnée de Jérôme Pélisse, professeur de sociologie à Sciences Po et membre du CSO et de Fabien Jobard, directeur de recherches au CNRS et affecté au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip).
INJUVID propose d’étudier dans trois domaines majeurs de la vie quotidienne – l’espace public, la
famille et le travail – les manières dont les individus et les groupes font face aux injustices, tensions
et conflits nourris ou exacerbés par la crise sanitaire et les mesures prises pour tenter de la gérer.
EN SAVOIR PLUS
Aux frontières de l’Etat : labels et trophées territoriaux
- ©Wikemedia-Moonik
Le 28 mai, l'axe de recherche "Action publique et transformations de l'Etat" organise une séance en invitant Renaud Epstein, maitre de conférences en science politique dont le titre de son intervention est :
Aux frontières de l’Etat : labels et trophées territoriaux
Résumé :
Instruments honorifiques par lesquels l’Etat distingue des villes jugées exceptionnelles ou exemplaires, les trophées, labels et autres titres de « capitale de… » se multiplient dans les politiques territoriales. En accordant ces distinctions, l’Etat délimite des frontières qui ne sont pas que symboliques. Car les distinctions territoriales –et plus encore leur accumulation– donnent aux villes lauréates accès à des clubs au sein desquels circulent diverses ressources. L’examen de ces instruments fournit donc un éclairage sur les transformations de l’Etat, sous le double angle des rapports centre/périphérie et des frontières.
Ce séminaire a lieu le vendredi de 10h à 12h en distanciel.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Journée d’étude : Chantiers au travail. Activités et temporalités
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Le travail en chantier renvoie à un cas emblématique d’activités de prototype où domine l’importance de l’imprévisibilité et le poids des ajustements au cas par cas élaborés dans le cours de l’action. Pour cette raison, les chantiers donnent lieu à un double travail d’organisation mis en œuvre lors de la planification des travaux et tout au long de l’activité elle-même.
La forme chantier se déploie dans de nombreux domaines qui méritent d’être explorés. Les finalités du chantier sont en effet variées : extraction, fouille, production, démolition, restauration, maintenance etc. Il s’agira au cours de cette journée de caractériser de manière comparative les contours d’une telle activité en réfléchissant plus particulièrement aux modalités d’articulation des temps et des espaces de travail dans des secteurs aussi divers que les travaux publics, l’exploitation forestière, l’industrie de flux, l’archéologie, le cinéma, l’art contemporain, les mines, le transport.
Les chantiers prennent place souvent au sein d’autres activités professionnelles et d’autres organisations lorsqu’il s’agit par exemple de procéder à des interventions de maintenance qui entravent la continuité de la production ou lorsque, déployés dans la ville, ils menacent l’ordre du quotidien des habitants. Il faut alors composer avec un environnement récalcitrant susceptible de freiner la progression de l’activité. Comment est négociée et s’articule une activité encastrée dans un espace parfois approprié par d’autres ou dont on ne maîtrise pas toujours les contours ? Parce que le chantier est à la fois un espace de travail et un matériau de travail, l’agencement des gestes et des corps est souvent un enjeu pour celles et ceux qui y interviennent. A quels types de risques sont confrontés les intervenants sur un chantier ? Dans quelle mesure les contraintes et les enjeux de cohabitation spatiale sont-ils négociés ? Que peut-on dire des manières d’agir, de voir, de se déplacer, de s’organiser mobilisées pour assurer l’ajustement nécessaire à la coordination de l’action dans l’espace et le temps ?
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Consulter le programme
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Inscription gratuite et obligatoire : https://forms.gle/z12oaeHkMX5MSg6EA
Cette journée d’étude se tiendra en visioconférence, via zoom. - Organisatrice : Gwenaële Rot, Professeur des universités à Sciences Po-CSO
Cette journée d’étude est organisée en partenariat avec le RT23 de l’Association française de sociologie (Travail, activités technique).
Parution : Faut-il légaliser le cannabis ?
- Parution
Les données peuvent-elles réconcilier journalisme et sciences sociales ? Circulation des savoirs et tensions épistémiques dans le journalisme de données
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Le 21 mai, le séminaire doctoral laisse place à une séance organisée par l'axe de recherche "Savoirs, science et expertise".
Intervention de Sylvain Parasie, professeur de sociologie à Sciences Po :
Les données peuvent-elles réconcilier journalisme et sciences sociales ? Circulation des savoirs et tensions épistémiques dans le journalisme de données.
Ce séminaire a lieu le vendredi de 10h à 12h. En raison des conditions sanitaires actuelles, il se tient en distanciel.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Parution : Financiariser l'assurance
- Financiariser l'assurance
Points de vue croisés : L'assurance chômage
- Didier Demazière @Thomas Arrivé- Sciences Po et Pierre Cahuc@Sciences Po
Pierre Cahuc, chercheur au Département d'économie de Sciences Po et Didier Demazière, chercheur au Centre de Sociologie des Organisations (CSO), ont accepté de répondre à nos questions et de confronter leurs points de vue sur les mesures qui entourent l'assurance chômage. Une interview à deux voix qui, forte des divergences constructives de ces deux visions, offre une meilleure perspective sur ces mesures controversées.
L’assurance chômage a toujours visé à apporter un soutien financier aux chômeurs mais aussi à les aider à retrouver un emploi. Les conditions pour bénéficier des allocations ont peu à peu été réduites afin d'accélérer la reprise rapide d'emploi. Cette stratégie a-t-elle donné des résultats ?
Pierre Cahuc : Comme l’indique son nom, l’assurance chômage est en principe une assurance : un prélèvement sur le revenu des salariés lorsqu’ils travaillent qui leur permet de limiter leurs pertes de revenu en cas de perte d’emploi. Le montant des allocations perçues et les conditions pour en bénéficier dépendent donc du montant cotisé de façon à assurer un équilibre financier du système. En France, il faut avoir travaillé 4 mois pendant les 24 derniers mois et chaque jour travaillé donne droit à 1 jour d’indemnisation. En réalité, cette durée est passée de 6 à 4 mois en 2014, puis de 4 à 6 mois en 2019 pour repasser à 4 mois en 2020. Il n’y a donc pas de tendance à un durcissement des conditions d’accès. En outre, au regard des comparaisons internationales, ces conditions sont favorables. Ainsi, en Suède, il faut avoir travaillé au moins 6 mois pendant les 12 derniers mois. Au Danemark, il faut avoir travaillé au moins 12 mois pendant les 3 dernières années.
Les travaux empiriques montrent que les conditions d’accès à l’indemnisation ont un impact sur les flux d’entrée au chômage. Ils montrent aussi que la durée et le montant de l’indemnisation augmentent la durée moyenne du chômage.
Didier Demazière : Il n’est pas démontré que priver les chômeurs de revenus, ou réduire ces derniers, accélère le retour à l’emploi. Depuis les débuts de l’indemnisation il y a un débat sur sa portée incitative (elle permet de se consacrer à la recherche d’emploi) ou désincitative (elle favorise un relâchement des efforts). Pour moi ce débat est normatif.
Certes, les chômeurs font des arbitrages et évaluent les emplois disponibles, et pas seulement sur le salaire, mais aussi sur le métier, le contrat, les horaires, la distance domicile-travail, etc. Bref ils cherchent, comme tout le monde, un emploi qui leur disconvienne le moins possible. Mais les enquêtes qui comparent l’emploi retrouvé avec l’emploi antérieur au chômage ou avec l’emploi recherché montrent deux tendances fortes : une révision à la baisse des aspirations et un déclassement professionnel.
Les facteurs décisifs accélérant la reprise d’emploi ne sont pas les montants ou durées d’indemnisation. Ce sont plutôt le volume des offres d’emploi rapporté au nombre de chômeurs ; les situations économiques des territoires locaux où les chômeurs recherchent un emploi ; les profils de ces derniers qui génèrent de fortes inégalités face à l’emploi, etc.
En comparaison avec d'autres systèmes d'assurance chômage dans le monde, le modèle français est-il plus efficace ?
P.C: Le modèle français ne brille pas par son efficacité. Tout d’abord, la coordination entre l’accompagnement des demandeurs d’emploi et l’indemnisation est insuffisante. Un système efficace repose sur un équilibre entre droits et devoirs. Du côté des droits, outre l’indemnisation, il propose des offres d’emploi à haute fréquence et oriente les demandeurs d’emploi vers des formations adaptées lorsque c’est nécessaire. Du côté des obligations, il exerce un contrôle sur l’activité de recherche d’emploi et conditionne l’indemnisation à une recherche d’emploi effective, ou à l’acceptation de formations. En France, le manque de moyens en matière d’accompagnement ne permet pas de réaliser le bon équilibre entre droits et devoirs.
Ensuite, le calcul de l’indemnisation aboutit à une multitude de situations où le revenu mensuel augmente du seul fait de s’inscrire au chômage, en allant jusqu’à plus que doubler en s’arrêtant de travailler. Prenons l'exemple d'une personne qui a travaillé en CDD à temps plein en moyenne une semaine par mois pendant deux ans. Comme son salaire journalier de référence n’est calculé que pour les jours sous contrat de travail, son indemnité mensuelle, proportionnelle à ce salaire multiplié par le nombre de jours dans le mois, est près de trois fois plus élevée que son revenu mensuel passé.
D.D. : L’efficacité doit se concevoir par rapport aux objectifs majeurs : indemniser et accompagner vers l’emploi. Dans les deux cas, la comparaison internationale est délicate, parce que chaque système d’indemnisation résulte d’une histoire nationale propre et prend sens dans son contexte.
Sur l’indemnisation, les critères sont multiples : part des chômeurs indemnisés, durée maximale d’indemnisation, taux de remplacement (rapport allocation / salaire de référence), montant minimal et maximal, prise en compte de paramètres familiaux ou d’âge, etc. A titre d’exemple, en France, parmi les chômeurs obligés de rechercher un emploi, 48% sont couverts par l’assurance chômage. Et 25% des allocataires (soit 12% des chômeurs) perçoivent une allocation de 1290 euros net ou plus.
Sur l’objectif emploi, les indicateurs ne manquent pas : taux, et vitesse, de sortie vers l’emploi, part du chômage de longue, et de très longue, durée, etc. Mais la comparaison achoppe sur la notion d’emploi, de plus en plus diffractée : contrats courts, quotité faible de travail faible, salaires bas, contrat zéro heure, auto-entrepreneuriat. Selon la définition retenue de l’emploi, l’efficacité mesurée sera différente.
Quels seraient les avantages ou les défauts de la réforme envisagée ?
P.C. : Pour l’essentiel, la réforme envisagée vise à modifier le calcul de l’indemnisation pour qu’elle dépende du revenu mensuel moyen passé et non des revenus gagnés uniquement les jours sous contrat de travail, ce qui aboutit à des situations aberrantes où le revenu mensuel peut augmenter considérablement en arrêtant de travailler. Elle cherche à limiter l’utilisation des contrats de travail de courte durée en introduisant un bonus-malus pour les cotisations des employeurs. Elle introduit une dégressivité consistant à réduire l’indemnisation à partir du 7ème mois pour les demandeurs d’emploi dont l’allocation est supérieure à environ 2500 euros. Enfin, elle fait repasser à 6 mois la durée de travail nécessaire pour bénéficier de l’indemnisation chômage.
La modification du calcul de l’indemnisation et l’introduction du bonus-malus sont des mesures structurelles qui devraient améliorer l’efficacité de l’assurance chômage. Les deux autres mesures ont pour but de réaliser des économies dans un contexte de fort endettement de l’assurance chômage. Elles présentent l’inconvénient de réduire les revenus des demandeurs d’emploi, ce qui peut avoir des conséquences néfastes en période de fort ralentissement économique.
D.D. : L’objectif de la réforme décidée par le gouvernement en 2019 et qui sera appliquée par paliers à partir de juillet 2021, est financier : réaliser plus d’un milliard d’économies par an.
Le moyen principal est de durcir les règles d’indemnisation par différents leviers. Plus de 800.000 chômeurs devraient subir une baisse de leur allocation, surtout ceux qui alternent chômage et petits emplois. C’est une dégradation de la première mission (indemniser) sans gain sur la seconde (l’accès à l’emploi). C’est donc une mauvaise réforme.
Elle illustre le poids des questions budgétaires, alourdi encore par l’ampleur inédite du déficit de l’Unedic en 2020 : 19 milliards pour une dette approchant 60 milliards. Les économies visées sont dérisoires à l’aune de ces chiffres. Ceux-ci montrent aussi l’impasse financière d’un système que chaque cycle économique déséquilibre : la croissance du chômage gonfle les dépenses et réduit les recettes, et les reprises allègent les dépenses mais sont souvent l’occasion de baisser les cotisations. L’asphyxie est inévitable, et précipitée par le recours massif au chômage partiel (financé en partie par l’Unedic) et la croissance probable du chômage dans la prochaine période.
Si vous aviez une proposition pour l'améliorer, quelle serait-elle ?
P.C. : L’assurance chômage est confrontée à des problèmes structurels liés à une gouvernance inadaptée. En effet, la France est le seul pays où les règles de l’assurance chômage sont en principe déterminées par les partenaires sociaux, au sein de l’Unedic. Partout ailleurs, c’est l’Etat qui les détermine, avec un contrôle du pouvoir législatif. Et il y a de très bonnes raisons à cela. Tout d’abord, l’Etat est garant des dettes de l’assurance chômage. Ensuite, les règles d’indemnisation chômage affectent les dépenses publiques du fait de leurs interactions avec les transferts sociaux. En outre, les politiques d’emploi, et en particulier le chômage partiel qui joue aujourd’hui un rôle de premier plan, ont un impact sur les recettes et les dépenses de l’assurance chômage. Il est donc nécessaire de coordonner l’assurance chômage avec le système socio-fiscal et les politiques d’emploi qui sont en dernier ressort de la compétence du parlement, représentant l’ensemble des citoyens. Ces problèmes de coordination étaient quasi-inexistants en 1958 année de la création de l’Unedic, lorsqu’il y avait 200 000 chômeurs contre plus de 3,5 millions aujourd’hui ; lorsque l’ANPE, l’ancêtre de Pôle Emploi, n’existait pas et lorsqu’il n’y avait pas de revenu minimum. Mais le monde a changé. Il est temps de s’y adapter.
D.D. : Une refonte complète de l’assise financière du système s’impose. L’enjeu est de supprimer une source majeure de déficit : l’effet ciseaux entre recettes et dépenses en période de croissance du chômage. Les options techniques ne manquent pas : rehausser le niveau de cotisation dans les périodes fastes ; recourir partiellement à un financement par l’État (par l’impôt ou la CSG) ; élargir la base des cotisants (en supprimant l’option d’auto-assurance pour les emplois publics, en faisant contribuer la fonction publique), etc.
Une autre piste, dépendante de la première car elle accroît les dépenses, est de réformer un système qui est le produit de la norme salariale et couvre mal, ou pas, les risques importants de chômage liés aux formes nouvelles d’emploi. Les situations à prendre en compte sont multiples : bas revenus du travail (intermittent, à faible horaire), actifs non-salariés (indépendants classiques, auto-entrepreneurs), chômeurs venant de l’inactivité (études, interruptions de carrière), etc. L’hétérogénéité des statuts d’emploi et des parcours professionnels est croissante, et elle appelle des réponses en termes d’indemnisation, fût-ce selon des règles différenciées.
En savoir plus :
Séminaire doctoral du 7 mai 2021
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Intervention de Vincent Himmer, doctorant au CSO
Faire valoir le social en y mettant les formes. L’économie sociale face à la formalisation.
La finalité du séminaire doctoral est de favoriser les échanges entre les chercheurs et les doctorants du laboratoire autour des différents axes de recherche du CSO.
Ce séminaire a lieu les vendredis de 10h à 12h, en visioconférence actuellement.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Séminaire "Domesticités dans le temps et dans l'espace"
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Cet atelier de recherche propose d’interroger les domesticités contemporaines – définies en tant qu’activités qui consistent à être rémunéré en faisant des tâches domestiques pour des ménages autres que le sien – en portant l’attention sur les formes qu’elle prend dans différents espaces nationaux (l’Argentine, la Jordanie, l’Égypte, la France, les États-Unis, le Japon…) et en situant ces variations nationales dans l’histoire de chacun des pays concernés. En fonction des aires géographiques, les domestiques sont salarié.e.s ou non ; ils/elles vivent ou non chez leurs employeurs/ses ; certain.e.s ont un.e seul.e employeur/se, d’autres plusieurs ; ils/elles ont des profils sociaux variés ; certain.e.s sont migrant.e.s, d’autres quittent des zones rurales pour travailler dans les grandes métropoles de leur pays....
Lundi 3 mai 2021, 10h-13h : Théoriser les domesticités
Intervention d’Elsa Dorlin (CEFEG, Université Paris 8)
Lien d'inscription :
Afin d’être au courant de l'actualité du séminaire, n’hésitez pas à vous abonner à la mailing list: https://framalistes.org/sympa/subscribe/domesticites
FacSem of Sciences Po
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FacSem - 22 avril de 12h30 à 14h00
La direction scientifique de Sciences Po vous invite au FacSem de Philipp BRANDT, Assistant Professor au CSO.
Il y présentera ses travaux autour du thème "Data science’s beginnings: an epistemological hole, the digital age, and some reflexive creativity".
Son exposé sera discuté par Jen SCHRADIE, Assistant Professor à l'OSC, Sciences Po.
Ce FacSem est organisé à distance de 12h30 à 14h00.
Pour y assister, veuillez vous inscrire auprès de marina.abelskaiagraziani@sciencespo.fr
Séminaire doctoral du 16 avril 2021
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Intervention de Noé Kabouche, doctorant au CSO
L’implantation d’une nouvelle pratique de la finance durable : l’impact investing à Genève.
La finalité du séminaire doctoral est de favoriser les échanges entre les chercheurs et les doctorants du laboratoire autour des différents axes de recherche du CSO.
Ce séminaire a lieu les vendredis de 10h à 12h.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Séminaire Enseignement Supérieur du 6 avril 2021 :
- ©flickr/Rafael Lopez
La prochaine séance du séminaire "Enseignement supérieur et recherche" est programmée le mardi 6 avril de 12h30 à 14h.
Clémentine Gozlan, Maîtresse de conférences à l'Université Versailles St Quentin, membre du laboratoire Printemps et chercheure associée au CSO, présentera une communication intitulée :
Le séminaire "Enseignement supérieur et recherche" de Sciences Po est co-organisé par le CSO (sous la co-responsabilité de Jérôme Aust et Clémentine Gozlan) et par le RESUP (Réseau d’étude sur l’Enseignement Supérieur).
Lien pour se connecter au séminaire :
https://sciencespo.zoom.us/j/4755867036
Contacts : Jérôme Aust et Clémentine Gozlan
Journées d’étude « Droit et temporalités »
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Journées d’étude « Droit et temporalités »
Les 14 et 15 avril 2021 en visioconférence et sur inscription
Organisateur.ices : Charles Reveillere (CSO), Lus Prauthois (IRISSO, CSO), Jérôme Pélisse (CSO)
Ces deux journées d’étude partent de la conviction que les recherches sur le droit gagneraient à accorder une place plus importante à sa dimension temporelle, pour saisir la manière dont il se construit dans les pratiques des acteur·ices et, réciproquement, comment il oriente les pratiques et contribue à constituer la réalité sociale.
A l’articulation entre sociologie du droit et sociologie des temporalités, ces deux journées visent à contribuer aux débats contemporains qui constatent d’un côté des phénomènes d’accélération et d’urgence dans les sociétés de la modernité tardive et dans la construction contemporaine de l’action publique, de l’autre la persistance des phénomènes de lenteur et d’attente comme mode de gouvernement des populations pauvres. Particulièrement attentif aux relations entre temps et domination et temps et pouvoir, ce projet se fonde sur la conviction qu’une approche attentive aux temporalités du droit et de ses usages constitue une entrée privilégiée pour contribuer théoriquement et empiriquement à ces questionnements, qui animent les sciences sociales depuis leurs gestes fondateurs et qui ont été plus que jamais remis au cœur des préoccupations de nos disciplines par les recherches contemporaines qui promeuvent une approche processuelle des phénomènes sociaux.
Journée d’étude : Coopérer en contexte patrimonial. Retour sur deux chantiers du musée du Louvre
- Deux chantiers du musée du Louvre
La journée d’étude « Coopérer en contexte patrimonial » propose de faire retour sur deux chantiers du musée du Louvre ayant fait l’objet d’une recherche en sociologie filmée. Le premier, engagé en 2016, est un projet d’échange de compétences : il s’agissait pour une petite équipe du musée du Louvre de se rendre à Sarajevo afin de transmettre aux professionnels du musée national de Bosnie-Herzégovine leur expertise concernant l’inventaire, le récolement et la conservation préventive. Le second est le chantier d’entretien du grand salon des appartements Napoléon III qui a requis la fermeture des lieux au public pendant quatre mois en 2017.
Ces deux opérations très singulières mettent au jour des questions qui intéressent les professionnels du patrimoine et les chercheurs : Comment naît un projet et comment évoluent ses contours ? A quelles conditions la coopération entre personnes de mondes professionnels, de statuts d’emploi et éventuellement de pays différents est-elle possible ? Quels sont les effets de la singularité de l’établissement « musée du Louvre » dans le paysage patrimonial sur la conduite de projets et sur les parcours des participants ?
En partant des images captées sur les lieux même de la coopération, et en offrant des mises en perspective par le biais d’autres travaux sociologiques, cette journée d’étude sera l’occasion de réfléchir à la spécificité du travail en contexte patrimonial et aux dynamiques professionnelles et organisationnelles inhérentes à la réalisation de projets engageant des coopérations nombreuses et complexes.
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Consulter le programme
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Inscription gratuite et obligatoire : https://forms.gle/HGqsFrBcsGhTpAYB6
Cette journée d’étude se tiendra en visioconférence, via zoom. - Organisatrices :
Léonie Hénaut, chargée de recherche au CNRS, Sciences Po-CSO
Anne Krebs, cheffe de service adjointe, direction de la recherche et des collections, musée du Louvre
Jasmina Stevanovic, chargée d’études au DEPS-Doc, Ministère de la culture.
Dossier à lire : INSPECTER, POUR QUOI FAIRE ?
- La règle et le rapporteur. Une sociologie de l'inspection
Ce dossier s'organise autour de l'ouvrage "La règle et le rapporteur. Une sociologie de l'inspection", publié en avril 2020 et dirigé par Sylvain Brunier et Olivier Pilmis.
Aujourd'hui, nous donnons la parole à des inspecteurs, universitaires, hauts fonctionnaires qui éclairent l’organisation des services d’inspection, les modalités de saisine, le déroulement des missions et la production des rapports jusqu’à leur diffusion et circulation. Ils discutent des évolutions récentes des pratiques d'inspection, notamment dans le contexte de la pandémie, à l'aune des principaux résultats récapitulées dans l'introduction générale de l'ouvrage.
Lire le dossier
Les usages profanes de la biologie par les acteurs du monde judiciaire
- ©shutterstock-Cristal Eye Studio
Le 2 avril, le séminaire doctoral laisse place à une séance organisée par l'axe de recherche "Droit, normes et régulations".
Intervention de Julien Larregue, Université de Copenhague :
Les usages profanes de la biologie par les acteurs du monde judiciaire
La finalité de cette séance est de favoriser les échanges entre les chercheurs et les doctorants du laboratoire autour des différents axes de recherche du CSO.
Ce séminaire a lieu le vendredi, au CSO (19 rue Amélie, 75007 Paris), de 10h à 12h. En raison des conditions sanitaires actuelles, il se tient en distanciel.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Séminaire "Domesticités dans le temps et dans l'espace"
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- Hélène Malarmey (doctorante à l’IRISSO)
- Alizée Delpierre (post-doctorante au CSO)
Servane Gueben-Veniere et Anne Moyal
- Servane Gueben-Veniere et Anne Moyal
Servane Gueben-Veniere et Anne Moyal rejoignent le projet ANR intitulé Organisations en crises (CrisOrg) dirigé par Olivier Borraz accompagné par un consortium de sept autres chercheurs, dont Henri Bergeron, Patrick Castel, Renaud Crespin, Etienne Nouguez pour le CSO.
Cette recherche entend étudier à l’échelon national, local et au sein du système de soins la réaction de différentes organisations à la pandémie de Covid-19.
Diplomée d'un doctorat de géographie obtenu à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Servane Gueben-Veniere a mené au LATTS (LAboratoire Techniques Territoires et Sociétés) des recherches en post-doctorat sur l'anticipation en situation de crise et sur la gestion des crises de grande ampleur.
Doctorante au CSO et au LIEPP, Anne Moyal vient de soutenir une thèse de sociologie sur les professionnels libéraux de soins primaires en Maisons de Santé Pluriprofessionnelles en France sous la direction d'Henri Bergeron.
En savoir plus
Voir la fiche descriptive du projet Organisations en crises (CrisOrg)
Séminaire doctoral du 19 mars 2021
- ©shutterstock-Swenden
Intervention de Charlotte Glinel, doctorante au CSO :
Verdir ou dépérir ? L’intensification de la gestion forestière à l’heure du réchauffement climatique
Les forêts françaises sont affectées par le réchauffement climatique autant qu'elles apparaissent comme une solution pour l'atténuer. Dans ce cadre, l'action publique forestière tend à se climatiser, mais les voies à suivre font débat dans un contexte de forte incertitude. Des controverses sociotechniques opposent les partisans d'une gestion intensive, rationalisée, et centralisée des forêts aux promoteurs d’une sylviculture extensive et localisée qui dénoncent une « malforestation » industrielle.
La finalité de ce séminaire est de favoriser les échanges entre les chercheurs et les doctorants du laboratoire autour des différents axes de recherche du CSO.
Le séminaire doctoral a lieu les vendredis de 10h à 12h.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Séminaire doctoral du 26 mars 2021
- ©shutterstock-Vasilyev Alexandr
Intervention de Mallory Hope, doctorante de Yale University invitée au CSO :
La “Grande Peur” des marchés financiers au 18e siècle. La guerre et son impact sur le marché d’assurances maritimes à Marseille, 1755-1756.
Après la parution de Priceless Markets (2001)et Dark Matter Credit (2019), écrits par les co-auteurs Hoffman, Postel-Vinay, et Rosenthal, les historiens ont commencé à apprécier que les notaires français de l’Ancien Régime jouaient le rôle essentiel du courtier dans le marché de crédit immobilier. En l’absence des banques, ce marché irrigué par l'intermédiation des notaires était capable de mobiliser d'énormes capitaux.
À Marseille du 17e jusqu’aux premières décennies du 19e siècle, les notaires avaient un rôle charnière dans le marché d’assurances maritimes également. Ils ont laissé une archive énorme d’un estimé 200.000 à 250.000 polices d’assurance sur les navires envoyés des ports d’Europe au Levant, aux colonies antillaises, et aux autres comptoirs fréquentés par les marchands qui ont choisi de s’assurer à Marseille. Cette archive, presque ignorée par les historiens, forme la base de mes recherches doctorales. Je mène une étude quantitative de ces polices d’assurances, cherchant surtout à comprendre comment les acteurs du marché (notaires, négociants, et assureurs) évaluaient les risques du transport maritime et du négoce, et par quelles logiques ils quantifiaient ces risques dans un seul chiffre : la prime d’assurance.
La finalité de ce séminaire est de favoriser les échanges entre les chercheurs et les doctorants du laboratoire autour des différents axes de recherche du CSO.
Ce séminaire a lieu les vendredis de 10h à 12h.
Si vous souhaitez y assister, merci de contacter Samia Ben.
Séminaire du département de sociologie de Sciences Po le 12 mars 2021
- ©shutterstock/metamorworks
Pour sa prochaine séance de séminaire, vendredi 12 mars 2021 (12h-14h), le département de sociologie accueille le médialab.
Manon Berriche, Dominique Cardon, Jean-Phillipe Cointet et Pedro Ramaciotti présenteront leurs travaux sur "une approche structurelle des circuits de l'information numérique".
Résumé de la séance
Les circuits de l’information ont été profondément transformés par l’émergence de l’espace public numérique qui occupe désormais une place centrale dans la formation de l’opinion publique. Un des projets mené au médialab, qui sera présenté lors de cette séance du séminaire du département de sociologie, conduit une analyse structurelle de ces transformations afin de mettre en contexte les questions relatives à la désinformation, la polarisation politique ou à l'émergence de mouvements sociaux comme les Gilets Jaunes. Les quatre présentations proposées permettront de mettre en lumière différentes dimensions des conclusions du projet Espace public numérique.
Parution : L'esthétique des Trente Glorieuses
- L'esthétique des Trente Glorieuses
Gwenaële Rot, Professeure des universités de Sciences Po au CSO et François Vatin, Professeur de sociologie à l'Université Paris-Nanterre publient un ouvrage collectif L'esthétique des 30 glorieuses aux éditions Illustria.
Cet ouvrage d'art fait suite au colloque de Cerisy qui s'est tenu en juin 2019.
Présentation
On considère avec nostalgie les Trente Glorieuses comme si, dans les années 1945-1975, avait régné l'abondance économique, alors qu'il fallait d'abord reconstruire un pays en ruine, mais on dénigre son bilan idéologique et culturel, dominé par une croyance illusoire au progrès. Pollution, urbanisme sans âme, matières plastiques imputrescibles, tels seraient les seuls legs de ce temps d'inconscience. Aussi, l'architecture et l'art monumental des Trente Glorieuses, encore mal-aimés, ont subi beaucoup de destructions et commencent à peine à être patrimonialisés.
Or, comme le montrent les études réunies ici, en dépit de l'urgence de la reconstruction, on a accordé à cette époque une grande importance aux questions esthétiques. On faisait confiance aux nouveaux moyens techniques pour faire du beau moins cher à destination du plus grand nombre.
Esthétique fonctionnelle et démocratisation artistique sont étroitement liées. On comprend dès lors le rôle central de l'industrie dans les représentations de cette époque. Contre l'opposition romantique du beau et de l'utile, il fallait réinstaller le monde industriel dans les valeurs humaines. Les usines, aussi, devaient être belles comme fonctionnelles et constituer un objet d'intérêt pour l'art. La démocratisation du beau exigeait qu'il s'impose dans les lieux de travail.
Inversement, l'expérience industrielle de la simplicité, de la cohérence, pouvait nourrir l'inspiration artistique.
Réunissant vingt-quatre spécialistes qui croisent leurs multiples terrains, cet ouvrage vise, non à défendre l'esthétique des Trente Glorieuses, mais à la restituer dans sa complexité. Il invite le lecteur à regarder un peu différemment un passé trop proche pour qu'on puisse encore pleinement l'estimer.
En savoir plus
Parution : Sociologie de l'argent
- Sociologie de l'argent
Damien de Blic et Jeanne Lazarus publient "Sociologie de l'argent" aux éditions La Découverte.
Damien de Blic est sociologue et Maître de conférences en science politique à l'Université Paris 8. Jeanne Lazarus est sociologue, diplomée d'une HDR et directrice du département de sociologie de Sciences Po.
L’argent est présent dans toutes les sphères de la vie moderne. Il conditionne l’accès aux biens matériels les plus essentiels et définit en grande partie les hiérarchies sociales. Cette nouvelle édition, largement remaniée, montre la place nouvelle qu’a prise l’argent dans les enjeux politiques et sociaux. La crise des subprimes de 2008 ainsi que l’accumulation massive d’argent par ceux que l’on nomme désormais les « ultrariches » ont récemment transformé notre regard sur l’argent. Sa centralité est plus que jamais l’objet d’interrogations collectives et de revendications.
Comment l’argent est-il devenu une source tout à la fois d’aliénation et de libération ? Pourquoi fait-il l’objet de condamnations morales récurrentes ? Les comportements face à l’argent diffèrent-ils selon les groupes sociaux ? selon le genre ? Comment circule-t-il au sein de la famille ? Quelles sont les conséquences de sa dématérialisation ? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles propose de répondre une approche sociologique de l’argent.
Un débat autour de cet ouvrage est programmé prochainement.
FacSem de Sciences Po
- ©shutterstock/Daniel Jedzura
La direction scientifique de Sciences Po vous invite au FacSem d’Émilie Biland-Curinier, professeure des universités, chercheuse au CSO.
Elle y présentera ses travaux autour du thème "Families Encounter the Law. How Judicial Policies Shape Intersectional Inequalities after Divorce".
Son exposé sera discuté par Angela Greulich, professeure des universités, chercheuse à l'Observatoire sociologique du changement.
Sociologue et politiste, Émilie Biland-Curinier analyse la contribution des organisations et des groupes professionnels aux dynamiques inégalitaires qui recomposent les sociétés contemporaines. Elle s'intéresse aux dispositifs qui cadrent les individus dans leur vie privée (en particulier à l'occasion des séparations conjugales) et dans leur vie professionnelle (à l'instar des concours administratifs).
En savoir plus
Ce FacSem est organisé à distance le 11 mars de 12h30 à 14h00.
Pour y assister, veuillez vous inscrire auprès de marina.abelskaiagraziani@sciencespo.fr
Anne Moyal, docteur en sociologie
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Le 5 mars 2021, Anne Moyal a soutenu une thèse de sociologie dont le sujet est :
Une liberté sous contraintes ? Rationalisation des pratiques des professionnels libéraux de soins primaires en Maisons de Santé Pluriprofessionnelles en France.
Jury :
Henri Bergeron, Directeur de recherche CNRS, Sciences Po, Centre de Sociologie des Organisations (directeur de thèse)
Lawrence D. Brown, Professor in Health Policy and Management, Columbia University, Mailman School of Public Health
Patrick Hassenteufel, Professeur des universités en science politique, Université Paris-Saclay (UVSQ), laboratoire PRINTEMPS (rapporteur)
Christine Musselin, Directrice de recherche CNRS, Sciences Po, Centre de Sociologie des Organisations (présidente du jury)
Magali Robelet, Maîtresse de conférences en sociologie, Université Lumière Lyon 2, Centre Max Weber
François-Xavier Schweyer, Professeur en sociologie de l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique, Centre Maurice Halbwachs
Nadège Vezinat, Maîtresse de conférences HDR en sociologie, Université de Reims Champagne-Ardenne, laboratoire REGARDS (rapporteure)
Résumé :
Cette thèse s’intéresse aux Maisons de Santé Pluriprofessionnelles (MSP), en tant qu’instrument d’action publique participant d’un processus de rationalisation du secteur ambulatoire en France. Introduites à la fin des années 2000 et regroupant des professionnels libéraux de soins primaires (principalement médecins généralistes et professionnels paramédicaux), ces nouvelles organisations sont présentées par l’État et une part croissante de professionnels de santé comme l’une des principales réponses au problème d’accès aux soins, permettant d’attirer des médecins généralistes sur certains territoires et de faciliter le transfert de tâches vers d'autres professionnels, pour compenser la baisse de la démographie médicale.
Dans un secteur à dominante libérale, le gouvernement a choisi une politique incitative et contractuelle pour encourager – et non contraindre – les professionnels à se regrouper en MSP. Celle-ci passe par une labellisation des structures par l’administration sanitaire ainsi que l’attribution de nouvelles rémunérations par l’assurance maladie, qui s’ajoutent aux rémunérations individuelles et à l’acte des professionnels libéraux. Sans remettre en cause leur statut libéral, cette nouvelle relation contractuelle avec les autorités sanitaires s’accompagne de règles et procédures, inédites dans le secteur libéral, qui touchent à la fois à l’accès aux soins, aux types de soins et à la coordination entre professionnels.
Comment expliquer que des professionnels libéraux acceptent de s’engager dans une relation contractuelle avec les autorités sanitaires qui vient encadrer leur traditionnelle liberté d’exercice ? Quels sont les effets des nouvelles procédures de rationalisation sur leurs pratiques ? À travers une analyse sociologique qualitative aux niveaux national et surtout local dans 6 MSP, nous montrons que les professionnels de santé libéraux parviennent à maintenir leur autonomie professionnelle en s’appropriant les nouvelles procédures de rationalisation pour en limiter la contrainte, voire en faire une nouvelle ressource pour faire évoluer leurs pratiques dans un sens qui leur convient. Nous montrons, par ailleurs, que le contexte organisationnel crée de nouvelles situations de coopération entre médecins généralistes et autres professionnels du secteur ambulatoire, qui mènent à une reconfiguration des territoires professionnels à l’échelle des organisations.
Replay du débat :
- Cent ans de sous-reconnaissance des maladies professionnelles
Retour sur le Débat : Cent ans de sous-reconnaissance des maladies professionnelles du 8 février 2021
Autour de l'ouvrage "Cent ans de sous-reconnaissance des maladies professionnelles" sous la direction de Catherine Cavalin, Emmanuel Henry, Jean-Noël Jouzel et Jérôme Pélisse (Presses des Mines)
Accès à la retransmission (durée : 1h44)
Cet ouvrage est consacré aux effets du travail sur la santé et de leurs prises en charge insuffisantes par les pouvoirs publics, rendant en grande partie invisibles les origines professionnelles de nombreuses maladies et décès.
S. Topaloff, J. Pélisse, S. Foulon, J-D. Combrexelle, A. Carre, B. Fervers, C. Cavalin, J-N. Jouzel et E. Henry.
- Alain Carre
Responsable d’une consultation de suivi post-professionnel et ancien représentant CGT à la commission des Maladies Professionnelles du Conseil d’Orientation des Conditions de Travail - Jean-Denis Combrexelle
Ancien Président de la section sociale et de la Section du contentieux au Conseil d'État, et ancien directeur général du travail au ministère du Travail et de l'Emploi - Béatrice Fervers
Coordinatrice du Département Prévention Cancer Environnement et Directrice adjointe du Centre Léon Bérard - Université Lyon 1 - Sandrine Foulon,
Rédactrice en chef du site Alternatives Economiques et modératrice - Jérôme Pélisse,
Sociologue au CSO et Professeur des universités à Sciences Po et l'un des co-auteurs de l'ouvrage, - Sylvie Topaloff,
Avocate du cabinet TEISSONNIERE TOPALOFF LAFFORGUE ANDREU & associés -
Les autres co-auteurs sont intervenus au moment des questions :
Catherine Cavalin, Sociologue chargée de recherche CNRS à l'Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales (IRISSO), Emmanuel Henry, Professeur de sociologie à l’Université Paris Dauphine et Jean-Noël Jouzel, sociologue au CSO et directeur de recherche CNRS.
Parution : Sociologie historique du capitalisme
- Sociologie historique du capitalisme
Pierre François et Claire Lemercier publient Sociologie historique du capitalisme, aux éditions La Découverte, dans la collection "Grands Repères".
Au cours de la dernière décennie, le mot « capitalisme » a fait un retour remarqué dans le débat politique et dans la recherche. Ce livre s’appuie sur les travaux les plus récents en histoire et en sociologie économiques pour raconter les trois âges du capitalisme, de la fin du XVIIe siècle à nos jours.
Ce récit permet de répondre à des questions concrètes et variées : comment la satisfaction des actionnaires est-elle devenue une valeur dominante ? L’ubérisation est-elle un retour au XIXe siècle ? En quoi le commerce d’esclaves a-t-il contribué à la naissance du capitalisme ? Une finance chrétienne ou musulmane est-elle possible ? Qui a conquis les droits associés au salariat, et comment ? On apprend aussi qu’il n’y a pas vraiment eu de « révolution industrielle », que les dilemmes des mouvements de consommation engagée vers 1900 ressemblaient à ceux d’aujourd’hui, ou encore en quoi la crise financière de 2008 diffère de celle de 1929.
Cet ouvrage fera l'objet prochainement d'un débat au CSO.
Contrat ANR : CrisOrg - Organisations en crises
- Agence Nationale de la Recherche
Dans la continuité de l’appel Flash lancé en mars 2020 et des projets Recherche-Action sur COVID-19 (coronavirus disease 2019), le projet intitulé Organisations en crises (CRISORG) est retenu pour une durée de 12 mois.
Olivier Borraz est le responsable du projet accompagné par un consortium de sept autres chercheurs dont quatre sont au CSO : Henri Bergeron, Patrick Castel, Renaud Crespin, Etienne Nouguez.
Cécile Fournier, maître de recherche à l’IRDES (Institut de Recherche et de Documentation en Economie de la Santé), Valérie November directrice de recherche CNRS au LATTS (Laboratoire Techniques, Territoires et Sociétés) et Audrey Vezian chargée de recherche CNRS à l’UMR Triangle s'associent également au projet.
RÉSUMÉ :
Cette recherche entend étudier à l’échelon national, local et au sein du système de soins la réaction de différentes organisations à la pandémie de Covid-19. Elle distinguera trois entrées : la prévention et la protection ; l’organisation du dépistage ; la prise en charge. Elle mettra au jour les capacités desdites organisations à se transformer ou non dans une période d’incertitude, en privilégiant une approche centrée sur l’action collective (pour analyser les formes de coopération ou de conflit qui naissent durant la gestion de la crise) et une approche cognitive (qui s’intéresse à la manière dont les acteurs font sens de la crise et légitiment leurs actions). L’enjeu étant de produire, outre des connaissances sur le fonctionnement des organisations en situation de crise, une analyse partagée avec les acteurs de la crise dans ces organisations, dans un souci de retour d’expérience et d’apprentissage collectif.