LOGICADU (Logiques de consommation autour de l’alimentation durable)

Un projet de recherche intitulé "LOGICADU : Logiques de consommation autour de l’alimentation

durable" du programme MOVIDA du Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie (MEDDE) a démarré fin 2013 et durera 3 ans.

Il sera conduit par Sophie Dubuisson-Quellier pour le CSO, en partenariat avec l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et notamment Séverine Gojard qui coordonne ce projet.

Résumé

Le projet Logicadu (financé par le Ministère de l’Écologie) s’inscrit dans la continuité des recherches qui sont conduites dans le projet Dimdamdom (financé par l’Ademe) coordonné par Sophie Dubuisson-Quellier et s’appuie sur les matériaux d’enquête recueillis à cette occasion par Ana Perrin-Heredia (CURAPP) alors en post-doctorat au CSO.

À l’occasion de cette enquête conduite en 2011 et 2012, une vingtaine de ménages, à Paris et dans une ville de province, ont été interviewés sur des séquences longues et répétées (2 à 5h au total) sur leurs pratiques de consommation alimentaire (planification, approvisionnement, organisation, coordination, préparation, conservation, gestion des restes). Ce nouveau projet, coordonné par Séverine Gojard (INRA), cherche plus particulièrement à reconstituer des logiques de consommation, c'est-à-dire la cohérence interne des comportements de consommation des individus. En considérant que la consommation s’inscrit, tout comme l’économie, dans un "système de croyance" (Bourdieu, 2003), il s’agit de montrer que ces logiques de consommation peuvent se définir comme un ensemble de pratiques et de représentations qui font système. Pierre Bourdieu a en effet cherché à construire une définition réaliste de la raison économique comme rencontre « entre des dispositions socialement constituées (dans la relation à un champ) et les structures, elles-mêmes socialement constituées, de ce champ » (Bourdieu P., Les structures sociales de l’économie, op. cit., p. 235). L’objectif consiste alors à mettre au jour la manière dont les individus font au quotidien pour administrer, organiser, gérer leur consommation et la manière dont ils la conçoivent, dont ils pensent que cela doit être fait, doit se faire, ce qu’ils considèrent comme normal, acceptable, nécessaire, etc.

En ce sens, on considérera les pratiques alimentaires, et par conséquent les pratiques de consommation durable, comme guidées par des valeurs, des normes, des représentations et, inversement, que les représentations ne peuvent être saisies sans s’arrêter sur les pratiques qui les matérialisent.

En outre, on a postulé que, pour comprendre comment était abordée la consommation, il fallait prendre en considération la multiplicité des dimensions de la vie quotidienne, individuelle et/ou familiale. Ce postulat implique que les pratiques de consommation ne soient pas étudiées stricto sensu mais qu’elles soient réinsérées dans les conditions économiques et sociales de leur production et de leur réalisation. C’est à cette condition que pourront être mises en évidence des « logiques » de consommation, ce que l’on pourrait appeler plus communément des « rationalités » de consommateurs, en considérant que ce terme ne renvoie pas à une vision mécaniste du comportement individuel mais traduit plus spécifiquement l’existence d’orientations que se donnent les individus pour organiser leurs pratiques.

Directrice de recherche et sociologue au CSO, Sophie Dubuisson-Quellier consacre ses recherches à la construction sociale des consommateurs et des marchés. Elle a récemment publié un ouvrage Ethical Consumption (Protest Series, Fernwood Publishing), et un article “A market mediation strategy”, (Organization Studies, 34, n° 5-6).

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